jeudi 2 février 2017

Notre-Dame-des-Landes : lettre ouverte du CéDpa à Philippe Grosvalet, président du Conseil Départemental 44

Notre Dame des Landes, le 31 janvier 2017 

Objet : Notre Dame des Landes : nos réactions à votre lettre ouverte à B Hamon 

Monsieur le Président, 

Quelle rapidité pour écrire à Benoît Hamon ! Nous aurions aimé que vous répondiez à nos différents courriers avec la même célérité, puisque l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes occupe visiblement toutes vos pensées (en fait, vous n’avez pas répondu du tout). 

On aurait pu s’attendre à un petit moment de silence, voire de décence avant qu’en choeur caciques locaux et nationaux demandent au candidat finalement choisi de renier ses positionnements ( sur NDDL pour certains, sur le revenu de base pour d’autres et la liste n’est pas close) : jusqu’ici on attendait au moins d’être élu avant de ne pas tenir ses promesses, tout s’accélère décidément ! 


Au moment où les votants de dimanche vous ont dit tout simplement qu’ils voulaient plus de gauche et de visions nouvelles, comme d’habitude vous répondez « synthèse » et demandez à celui qui doit porter vos couleurs de changer d’avis... et peut-être aussi de poursuivre demain la politique du quinquennat passé ? ( à supposer qu’il soit élu bien sûr). Réenchanter le futur sera difficile… 

Quels sont vos arguments? Les lieux communs, les mensonges et les affirmations que vous ressassez ad nauseam depuis le début, campé sur la position de ceux qui « savent » et préparent l’avenir du bon peuple et son bonheur, avec succès comme on le constate d’ailleurs chaque jour. 

Un paragraphe d’envolée lyrique sur les déplacements aériens pour la jeunesse, la paix et l’Europe. 

Les opposants que nous sommes auraient-ils proposé la fermeture des aéroports ? Où ? Quand ? Avez-vous regardé nos propositions d’optimisation de l’actuel aéroport ? (cf travaux de l’atelier citoyen) ? Non, c’est plus facile de nous faire passer pour les adeptes du retour aux cavernes et à la bougie. 

Un paragraphe sur la nécessité de libérer du foncier sur l’agglomération. Cette fois nous sommes coupables de ne pas permettre le logement pour tous. Je vous rappelle les chiffres : le départ de Nantes-Atlantique libérerait 3 % seulement de la surface de l’agglo. Et vous voudriez nous faire croire que ces 3 % sont indispensables ? 

Si l’agglo s’est étendue en gaspillant beaucoup d’espace, à qui la faute ? A ceux qui n’ont pas eu de politique foncière, pas à l’aéroport. Nantes-Métropole peut aujourd’hui se densifier si besoin est, et d’ailleurs elle le fait malgré l’aéroport. 

Un paragraphe sur la nécessité de « raison garder » face aux mauvais coucheurs qui s’opposent à tout : « Chaque projet de construction de routes, de réalisation de grands ensembles, de déploiement du numérique ou de parcs éoliens aujourd’hui, connaît ses détracteurs. », dites-vous. Passons sur l’expression « grands ensembles » qui fleure bon les trente glorieuses du 20ème siècle. Nous voilà anti progrès, et probablement nimbystes. 

« Je ne crois pas à la théorie des « grands projets inutiles et imposés », ajoutez-vous. On ne vous demande pas de croire, Monsieur le Président, surtout pas à une théorie qui n’existe que dans votre esprit. On vous demande de regarder les faits. 

Les faits, c’est que les projets qui sont aujourd’hui fortement contestés par des milliers de citoyens, ici et ailleurs, présentent tous les mêmes caractéristiques : une décision publique mal fondée, sans respect réel de la transparence et du débat loyal. 

Le coeur du mal est à chercher dans la manière dont se prennent en France les Déclarations d’Utilité Publique. 

Pour quitter un instant NDDL, que pensez-vous des DUP de lignes à Grande Vitesse, prises malgré les avis défavorables des commissions d’enquête, des citoyens, et même parfois de la Cour des Comptes, peu suspecte de « zadisme » ? Pensez-vous vraiment que vos camarades Alain Vidalies*, Alain Rousset*, ou encore Michel Destot* aient raison d’imposer leur vision et de poursuivre des projets coûteux et destructeurs « au nom de l’aménagement du territoire », projets sur lesquels ils n’auront probablement jamais de compte à rendre ? 

Un paragraphe sur la justice et le droit. « Les décisions de justice ont toujours donné raison aux promoteurs du dossier, cent soixante-dix décisions, toutes favorables au transfert. » Deux mensonges dans la même phrase, c’est trop. Et nous vous l’avons expliqué dans le courrier du 9 décembre dernier, de même que nous avons détaillé en quoi la consultation de juin dernier avait été une énième mascarade. Si vous n’avez pas eu cette lettre, nous vous la renverrons quand vous voulez. 

Et enfin, trémolo obligatoire dans la voix, la démocratie : il est curieux au passage que vous compariez le nombre des votants de juin à celui de la primaire... quel est le sens de cette comparaison ? Vous ne pensez tout de même pas que les 500 000 pro-aéroport voteront B. Hamon s’il change d’avis ? Mais ce n’est pas le plus important. Vous en appelez au respect ? « le respect de la parole publique, le respect de la démocratie locale, le respect des décisions de justice, le respect des habitant-es, rien de plus, rien de moins. » 

Monsieur le Président, le respect se mérite. Et si notre démocratie est malade et la parole publique discréditée, ne pensez-vous pas que votre obstination et votre attitude dans ce dossier y soient pour quelque chose ? 

Pourquoi n’avez-vous pas respecté, vous, les règles européennes (aides d’État, étude environnementale globale) ? Pourquoi l’étude du maintien à Nantes-Atlantique n’a-t-elle jamais été réalisée de façon indépendante comme le demandent pourtant les inspecteurs du CGEDD ? 

Nous sommes toujours prêts à vous prouver chiffres à l’appui que la bonne décision serait d’aménager correctement Nantes-Atlantique et de préserver le bocage de NDDL, ce qui n’empêcherait pas Nantes de se développer ni les jeunes de voyager ! Au passage vous économiseriez 300 millions d’euros d’argent des contribuables ! Mais peut-être n’est-ce pas une de vos priorités ? 

Et puisque vous invitez Benoît Hamon à venir ici, nous sommes évidemment prêts à vous accueillir tous les deux sur la ZAD pour vous montrer ce qui s’y passe vraiment. 

Dans cette attente, nous vous prions de croire en nos salutations distinguées, 

Les coprésidents du CéDpa : Françoise Verchère, Jean Paul Naud, Philippe Trotté 



*Alain Vidalies, secrétaire d’état PS aux transports a décidé l’Utilité Publique de la LGV Bordeaux-Toulouse ( projet GPSO du sud ouest) malgré l’avis défavorable de la commission d’enquête publique ; Alain Rousset président PS de la nouvelle Aquitaine s’en est évidemment félicité. 

*Michel Destot, député PS d’Isère est un des plus farouches partisans du projet Lyon-Turin, dénoncé par la Cour des Comptes comme une gabegie financière.

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