mardi 4 avril 2017

Le mascaret, par Jean-Luc Mélenchon

J’ai fait ces lignes dans un moment bien spécial, j’en conviens. En quelques jours, une situation entièrement nouvelle pour moi s’est mise en place. Non seulement je suis donné en quatrième position mais, dorénavant, monsieur Fillon nous paraît à portée de dépassement. Bien sûr, nous aurons la sagesse d’attendre confirmation de cette tendance pour adapter les mots de la campagne à la situation. Sur le terrain, tous nos amis ont constaté qu’une vague se lève et remonte le courant des routines électorales préfabriquées. Nous étions déjà dans une démarche d’appuis enthousiastes, nous passons à une échelle de masse qui signifie bien d’autres choses à propos de ce qui couve dans le pays.
 
En responsabilité et avec méthode, notre dispositif de fin de campagne se déploie. Il va s’amplifier jour après jour jusqu’au 23 avril, dans trois semaines. Tous et toutes, vous pouvez vous y impliquer en passant par la plateforme jlm2017.fr. Je vous y donne rendez-vous en fin de lecture de ces lignes. 

Parfois, des évènements font un effet de seuil dans le déroulement d’un contexte. Ils ont une force propulsive qui impacte toute la chaîne des évènements suivants et changent leur nature. Tel a été le résultat de la conjonction entre la marche du 18 mars, énorme mobilisation politique du pays et l’émission débat de TF1 qui fut une première dans l’histoire politique du pays.

C’est donc une expérience très forte et très instructive que la pratique de nos meetings tels qu’ils se déroulent depuis lors. Nous étions déjà bien nombreux avant cela. Plus d’une fois, j’ai du faire mes meetings en plusieurs étapes entre le dedans et le dehors des salles. Mais à présent, nous sommes vraiment dans une autre ambiance. À chaque rendez-vous, un nombre considérable de personnes prend ses dispositions pour participer à ces rassemblements. Pourtant, bon nombre d’entre elles savent qu’elles ne pourront entrer dans la salle.

Leur déplacement et leur patiente attente, puis leur participation devant les écrans géants, prend donc une signification politique particulière. Il s’agit d’une sorte de manifestation. Elle exprime la volonté de réaliser une démonstration de force autant que de signifier une présence attentive et motivée. Je ne peux m’expliquer autrement ces comportements collectifs. À Rennes, on le sait, non seulement la salle était pleine mais les alentours également. Par un effet de sectarisme que je n’avais pas rencontré encore ailleurs, la mairie de Rennes a refusé l’installation d’un écran à l’extérieur de la salle. Auparavant, quoi qu’elle ait été informée de longue date de notre présence, elle n’a pris aucune disposition pour que le chapiteau du cirque voisin soit légèrement déplacé au point que la place puisse ensuite accueillir les gens qui seraient en surnombre. Naturellement, nous sommes passés outre et nous avons installé cet écran. Quatre à cinq mille personnes debout dans la rue ont donc pu, de cette façon, suivre le discours. Le plus surprenant est que la mairie ait encore éprouvé le besoin, le soir même, de publier un communiqué pour dénoncer notre attitude !

Naturellement, les socialistes qui dirigent la ville de Rennes sont assez représentatifs de l’état d’esprit sectaire qui anime dorénavant les membres de ce parti. C’est pour cela que je le relève. Non pour l’incident, il n’en vaut pas la peine, mais pour ce que cela exprime. En toute hypothèse, chacun savait que nous tiendrions notre réunion. Multiplier les embûches et les difficultés ne changerait rien à notre décision. Qu’espéraient donc ceux qui les plaçaient sur notre chemin ? Rien, je crois bien. Simplement, ils ne se contrôlaient plus. Je dois noter que le service de sécurité de la salle ne valait guère mieux : agressif, provoquant, faisant des remarques très politisées. C’était à l’évidence des militants du PS. Si, pour ma part je ne suis plus étonné de rien venant d’eux, cependant dans la jeune génération qui m’entoure c’était plutôt la consternation.

Ce ne fut pas la seule fois. Quelques jours après, quand Valls a laissé tomber Hamon, ce dernier a lancé un appel à ce que je me retire en sa faveur. La consternation est montée de plusieurs crans autour de moi parmi tous mes jeunes camarades qui organisaient notre journée de travail au Havre. Je mesurai à cette occasion de nouveau toute la distance qui s’est établie au cours des dix dernières années entre ce parti, ses manières de faire et le commun des gens. Et surtout chez les trentenaires pour qui tout ce folklore de parti n’évoque strictement rien d’autre qu’un comédie triviale. Ils n’ont aucun souvenir positif du PS. Mai 1981 c’est de l’histoire, pas autre chose! Il faut avoir 45 ans pour en être contemporain. Les grandes harangues sur « l’unité de la gauche » sont pour eux des mots creux et des offres de mariage de la carpe auprès du lapin ! La stupeur n’est donc ni feinte ni surfaite. C’est une réaction d’évidence.

Au point qu’à mon tour j’en fus saisi. Comment un tel aveuglement au PS est-il possible ? C’est pire que tout ce que l’on imaginait à leur sujet. Ils se croient centraux même quand ils se sont rendus marginaux. Ils se croient maîtres des gens du seul fait qu’ils ont le pouvoir de leur rendre difficile de se rassembler ! Il a donc été ensuite plutôt difficile de faire comprendre à tout le monde autour de moi combien je juge déplorable que l’on s’abaisse à se laisser entraîner dans les polémiques avec le PS. Elles ne servent strictement à rien ! Elles ne peuvent qu’être contre-performantes. Elles poussent à l’écart de la scène politique la masse des gens n’ont pas encore pris leur décision. Et celles-là ne supportent pas le type de comportement que ce type de dispute implique .

Au Havre, donc, j’ai plaidé publiquement l’apaisement devant les 5000 participants à notre mobilisation. J’y reviens : pas de polémique avec le PS, jetons plutôt tous nos efforts dans la bataille pour convaincre les indécis et ceux qui continuent à s’interroger. Il faut regarder devant : l’objectif dorénavant est de rattraper Monsieur Fillon. Cela est à notre portée, à condition de concentrer notre énergie sur l’essentiel. Encore une fois, il ne s’agit pas de réussir ou non une synthèse dans un congrès du PS mais de gagner l’élection la plus importante de notre pays. Au demeurant, la comédie de la « candidature commune » qui n’a déjà pas grand sens politique n’en a plus aucune sur le plan pratique. En effet, légalement et concrètement aucun candidat ne peut plus «se retirer ». Quoi qu’il arrive, quelle que soit sa décision, ses bulletins de vote seront imprimés par l’État en toute hypothèse et ils seront mis à disposition des électeurs dans les bureaux de vote. C’est la loi ! Tout dorénavant repose sur les électeurs et sur eux seuls. Cela vaut pour les indécis à gagner à notre cause, bien sur. Mais aussi pour ceux qui ont déjà fait un choix et qui peuvent décider d’en changer s’ils jugent que leur vote sera plus efficace avec mon bulletin de vote qu’avec un autre.

Au Havre, la salle était absolument pleine, avec 5000 sièges occupés. Evidemment on trouve encore des commentateurs  pour dire que ce chiffre serait « celui des organisateurs »… Pas grave. On continuera à distribuer les notices sur la jauge des salles comme si de rien n’était. Une salle pleine dont on connaît le nombre de sièges, c’est tout de même du boulot de savoir combien de monde y est présent, pas vrai ? Et si c’est l’organisateur qui le dit, c’est forcément suspect. D’accord. Mais alors pourquoi ne pas vérifier soi-même en regardant la salle et la notice de la jauge distribuée par l’organisateur ? Parce que c’est fatiguant peut-être. C’est désespérant, même si cela n’a aucune importance.

En fait, ce jour-là, il y avait un problème. Un gros problème : la chaleur d’enfer qui régnait dans la salle. En effet je ne sais qui, ni pourquoi, avait détraqué le système de chauffage. Sur les sièges les plus en hauteur, la température était celle d’un hammam. Je dois dire qu’il en allait de même dans la loge où nous avons préparé le discours. Cet inconvénient n’a rien empêché, bien sûr. Mais on peut dire avec certitude qu’il n’a facilité le travail de personne ! Je voyais dans les hauteurs et dans les escaliers des gens aller et venir pour reprendre de l’air et moi aussi à l’endroit où je me trouvais au centre de la salle, j’avoue que j’ai peiné. D’ailleurs je l’ai dit ! Et de mon côté, j’étais en eau à partir de la moitié du discours ! Je précise toutes ces choses pour rappeler qu’un rassemblement politique est tributaire de toutes sortes de conditions qui vont avec. Et pour dire aussi à quel point il s’agit d’une situation pleinement humaine !

Et c’est d’ailleurs en souvenir très humain que resteront attachés dans mon esprit les deux jours que j’ai passés en Normandie. Le matin, j’avais visité le port du Havre. C’est peu de dire à quel point j’ai été estomaqué. Tout y est gigantesque. J’ai vu le navire le plus long du monde puisqu’il fait plus de 300 m. Les dockers qui m’ont accueilli m’ont invité à monter en haut d’un portique de chargement et déchargement. Je reconnais bien volontiers que j’y étais très mal à l’aise, non seulement dans l’ascenseur vibrant, mais ensuite sur les coursives à claire-voie 56 mètres au-dessus du sol. On a donc un peu discuté en hauteur sur ce support que le vent agitait. France 3 et mes collaborateurs ont fait des images que je préfère ne pas regarder !

Cet aspect très personnel de peur désuète, qui me fait sourire en le racontant, ne m’a pas fait perdre de vue l’essentiel. J’observais. Je ne savais pas à quel point le métier de docker est devenu technique et quels contenus de qualification élevée il contient. Je le sais désormais. La veille, j’avais été chez des verriers à côté de Dieppe et, déjà, là-bas, j’avais renoué avec cette passion des machines et des hommes qui les servent telle qu’elle m’anime depuis si longtemps. Quelle chose extraordinaire que ce verre en fusion descendant dans les moules, puis ce ballet des flacons extraits de là puis poussés, refroidis, empaquetés au rythme des mouvements des machines qui prennent en charge chaque opération sous le contrôle et la conduite de techniciens et ouvriers de haut vol. Ils maintiennent tout en état de marche parfait et constant puisqu’il est impossible que les fours ou la chaîne s’arrêtent en cours d’exécution sans dégâts maximum.

Au Havre, sur le quai, au moment de repartir en voiture vers la salle de réunion où je devais rencontrer une délégation patronale puis une délégation ouvrière de la CGT, un homme vient vers moi. Il s’avance pour me serrer la main et me remercier du travail que j’accomplis en tant que candidat auquel il compte confier son vote. C’est déjà pour moi une circonstance émouvante comme on le devine, après que j’ai entendu sur les passerelles les cris d’amitié les dockers qui se trouvaient là et me saluaient le poing fermé ! Puis il me dit : « est-ce que vous me confieriez votre pins ? ». Il s’agit du triangle rouge que je porte la veste. Je lui dis que oui, je le retire de ma veste, je le place sur la sienne la gorge nouée d’émotion, comme si je lui remettais une décoration. À son tour bien ému, il me remercie, enlève son casque orange et me l’offre ! Vous qui me lisez, je suis certain que vous ressentez ce qui me traversa alors. À qui s’honore d’être tribun du peuple on ne saurait faire meilleur cadeau d’encouragement et de réconfort. Et rien n’est si bon que de savoir qu’on est a sa place quand celui qui vous le dit en est le témoin intéressé.

Comme vous le savez, à intervalles réguliers, je publie sur ce blog une interview quand elle me semble bien faire le tour des questions que je souhaite évoquer ou parce qu’elle m’a obligé à m’exprimer sous un angle nouveau. C’est ce qui s’est produit dans  l’entretien de presse que j’ai eu avec le grand journal régional Paris-Normandie. Je vous propose donc sa lecture comme contribution à la réflexion sur des questions d’intérêt national et général quand bien même sont-elles souvent ancréees très profondément dans le sol local

– Vous avez dévoilé dimanche lors de votre meeting à Rennes votre nouveau slogan : « « La force du peuple ». Faut-il y voir une référence à « La force tranquille » de François Mitterrand en 1981 ?

C’est surtout un écho à mon programme L’Avenir en commun. Il repose sur une idée centrale : que le peuple reprenne le pouvoir. Cela concerne tous les domaines de la vie, du pouvoir politique au pouvoir dans l’entreprise, de la maîtrise de notre alimentation à celle de notre rapport avec la nature. Il y a tant de chose à changer. Mais la force du peuple peut surmonter tous les obstacles.

– Dans votre dernier livre, l’essai philosophique De La Vertu, vous expliquez que les Français ne croient plus à la vertu de leurs dirigeants… la faute aux affaires ? au système que vous dénoncez ? aux deux ?

Les deux évidemment. Les affaires ne sont pas que des problèmes moraux individuels. Elles existent du fait du système de la cinquième République, cette monarchie présidentielle si intimement liée avec les puissances d’argent. Ces institutions ont créé une caste de dirigeants déconnectés du monde réel : ils ne se rendent même pas compte de ce qu’on leur reproche. Si on veut agir à la racine, il faut refonder totalement les règles démocratiques. Et c’est au peuple lui-même de le faire. C’est pour cela que, je propose d’élire une assemblée spécialement chargée de cette mission, une Assemblée constituante. Je lui proposerai notamment de créer un droit nouveau pour les citoyens, le droit de révoquer un élu en cours de mandat s’il ne convient plus. Y compris si c’est le président de la République.

– En 2012, vous étiez sévère à l’égard de François Hollande. Aujourd’hui, vous êtes beaucoup plus dur. Le président de la République, ses deux Premiers ministres, ses ministres… ils incarnent ce pourquoi vous avez rompu avec le parti socialiste ?

Les Français ont été encore plus durs que moi. Ils n’ont pas voulu que François Hollande continue ni qu’un de ses Premiers ministres le remplace. Et parmi ses ministres, ce sont deux démissionnaires qui ont été finalement candidats. L’affaire est donc entendue. J’espère que ce quinquennat aura vacciné le pays contre les hypocrisies du type de celle du discours du Bourget. Pour ma part, j’ai un désaccord de fond avec ce quinquennat, sa politique anti-sociale et son goût pour la guerre. Je suis pour sortir des traités européens, faire la 6e République, abroger la loi El Khomri et sortir du nucléaire. Le PS a fait le contraire de ce que je propose pour le pays.

– Ce mercredi au Havre, premier port pour le commerce extérieur français, vous allez évoquer la création de 300 000 emplois dans notre pays, dans le domaine maritime. Que proposez-vous dans ce secteur dominé par la mondialisation ?

Je viens mettre la lumière sur l’économie de la mer. C’est l’une des clés de la relance de l’activité et de l’emploi dans notre pays. La France a le deuxième territoire maritime du monde. Nous avons un trésor bleu entre les mains. Il y a tant de chose à faire. Il faut donc y mettre les investissements publics nécessaires. Le port du Havre souffre de sa mauvaise liaison avec l’Île-de-France et le nord de la France. Avant de vouloir le canal Seine-Nord-Europe, il faut investir massivement pour remédier à cela. Et il faut le faire dans une optique multimodale, alliant le ferroviaire et le fluvial, car le transport routier n’est pas une solution d’avenir. La bataille des ports se gagne à terre ! Je propose un plan de 100 milliards d’euros d’investissements publics dont une partie sera naturellement affectée au développement de l’économie de la mer et aux ports. J’ajoute que si nous voulons développer les énergies marines renouvelables par exemple, nous avons besoin d’équiper les ports, de construire les navires de services etc. C’est beaucoup de travail en perspective.

– Dans votre programme, vous annoncez le développement des énergies marines renouvelables. Vous prévoyez des nationalisations pour les EMR d’Alstom cédées à General Electric et l’éolien d’Areva qui est revenu à Siemens. Au Havre, deux usines d’assemblage d’éoliennes doivent être construites. Deux permis ont été déposés la semaine dernière. Vous en ferez des chantiers publics ? des éléments déterminants d’une filiière énergétique régionale ?
 
La situation est affligeante. Il n’y a toujours aucune éolienne en mer au large des côtes françaises alors que nous avons un territoire propice. Et ce gouvernement a laissé les deux fleurons français du secteur être bradés à General Electric pour Alstom, et à l’espagnol Gamesa et l’allemand Siemens pour Areva. Nous avons besoin d’une filière française dans ce domaine. Les énergies marines doivent enfin décoller. C’est décisif pour atteindre une France 100% d’énergies renouvelables en 2050, sortir du nucléaire et des énergies carbonées comme je le souhaite.


– Vous avez été l’un des plus farouches opposants à la loi Travail. Dans la lutte contre ce texte, Le Havre a eu pour surnom « la capitale de la grève ». Est-ce pour cette raison que vous avez choisi d’y tenir votre meeting normand ?

Le Havre a toujours été une capitale de la lutte sociale. Tant mieux ! J’abrogerai la loi El Khomri. Je n’accepte ni son contenu de régression sociale, ni le coup de force qu’a été son adoption sans vote du Parlement par le 49-3. Mais je ne viens pas seulement protester. Je viens aussi proposer de protéger l’économie réelle et l’emploi face à la finance. Cela passe par des droits nouveaux pour les salariés dans la gestion des entreprises comme le droit de préemption pour reprendre l’entreprise en coopérative si l’actionnaire veut la vendre ou la fermer.

– Vous prônez le protectionnisme pour défendre la marine marchande française. Vous voulez imposer le retour au pavillon français. Comment procéderez-vous ?


Le pavillon français existe toujours. Je ne propose donc pas d’y revenir mais d’en étendre l’usage. Les États-Unis appliquent une règle stricte. Pour faire du cabotage entre deux ports américains, il vous faut un navire construit aux États-Unis, des marins états-uniens et un pavillon états-unien. Pourquoi l’Europe n’impose-t-elle pas la même chose ? Et pourquoi accepte-t-elle à l’intérieur de ses eaux des pratiques de dumping social et fiscal où les armateurs ne paient plus de cotisations ? Faudra-t-il bientôt rétablir le travail gratuit pour être compétitifs ? Cela suffit et pas seulement pour la marine marchande. J’ai déjà entamé la discussion avec les armateurs. Nous avons des projets à mettre sur la table pour élargir la flotte stratégique, protéger et les aider à renouveler les navires. Évidemment, ils devront s’engager sur le plan social. Avec moi, il en sera fini des aides sans contrepartie.

– Vous voulez sortir du nucléaire et vous mettez le cap sur 100% d’énergies renouvelables. Que ferez-vous de l’EPR de Flamanville, toujours en construction dans la Manche ?

Cet EPR est un projet ruineux. Déjà 6 ans de retard et 7 milliards d’euros de surcoût par rapport aux prévisions. Arrêtons les frais. D’autant que le nucléaire va finir par tuer EDF comme il a fragilisé Areva. Déjà EDF supprime des milliers d’emplois. Les salariés d’EDF méritent mieux. Faire 100% d’énergies renouvelables et démanteler les centrales nucléaires créera plus d’emplois qu’il n’y en a aujourd’hui dans le nucléaire. Et je m’engage : les salariés du nucléaire verront leurs emplois garantis. Ce n’est pas à eux de payer pour la politique énergétique du pays.

– Dans les sondages, vous avez doublé Benoît Hamon. Il y a quelques jours, il nous disait vouloir vous tendre la main. Le ferez-vous ?

Mon objectif est d’être au second tour et de l’emporter pour changer le pays. Tous les renforts seront les bienvenus. Je regarde toujours devant car je fais le pari qu’il n’y a aucune majorité de Français pour le programme de Mme Le Pen, M. Fillon ou M. Macron. Tous ceux qui veulent la 6e République, la planification écologique ou l’abrogation de la loi El Khomri ont avec moi un bulletin de vote déterminé, pacifique et qui vise la victoire.

Vous président, discuterez-vous avec Donald Trump, avec Vladimir Poutine, avec Bachar El Assad, avec Benyamin Netanyaou ? Comment comptez-vous faire entendre la voix de la France sur la scène mondiale ?

Pour être audible, la France doit avoir quelque chose de clair à dire. C’est-à-dire être indépendante et non systématiquement alignée sur les États-Unis. Nous sortirons donc de l’OTAN et nous réinvestirons l’ONU où nous avons un siège au conseil de sécurité et un droit de veto. C’est le seul organe international légitime. Je suis très inquiet pour la paix du monde. La France doit être la voix pacifique qui manque dans le tumulte actuel. Il est grotesque de vouloir se faire adouber par Mme Merkel ou M. Poutine comme le font mes concurrents.

Le 25 mars dernier c’était les 60 ans du traité de Rome. Vous n’excluez pas de sortir de l’Union européenne. En renégociant tous les traités ? Que direz-vous aux Allemands ?

Les traités européens sont illégitimes en France. Le peuple les a rejetés en 2005 par référendum et en 2012 en votant pour un candidat qui promettait de les renégocier. En plus, ils échouent sur toute la ligne. La politique de libre-échange, de concurrence déloyale, de travail détaché, d’austérité budgétaire monte les peuples les uns contre les autres. Tout cela va mal finir. Je propose donc une voie raisonnée : sortir de ces traités. Comment ? En discutant avec les autres pour les changer totalement, c’est le plan A. Mais s’ils ne veulent pas, je dis clairement que je n’accepterai pas de continuer comme cela, c’est le plan B. Avec moi, la France ne se soumettra et en toute hypothèse, c’est le peuple français qui prendra la décision par référendum. J’ai confiance : on ne peut rien contre la France en Europe, et on ne peut rien contre la force du peuple. Alors imaginez ce qu’on peut faire avec les deux à la fois !

http://melenchon.fr/2017/04/02/le-mascaret/

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