dimanche 23 juillet 2017

Oui, Jean Luc Mélenchon, le 16 juillet 1942, la France accomplissait l’irréparable !, par Robert Hirsch

Militant à ENSEMBLE, mais aussi à France Insoumise, je considère que la déclaration de Mélenchon rejetant la responsabilité de la France dans la rafle du Vél d’Hiv est très grave : 

– sur les événements eux-mêmes, dire aujourd’hui ce que disaient de Gaulle et Mitterrand est profondément réactionnaire ; il n’y a plus maintenant que l’extrême droite (et certaines franges de la droite) pour critiquer ce qu’a affirmé Chirac en 1995 et qui est profondément juste « La France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable » et ne voulait pas dire les Français, mais l’Etat, son administration, sa police…; refuser de reconnaître la responsabilité de la France, c’est dédouaner l’Etat bourgeois d’un de ses pires crimes ; 


– dans sa déclaration Jen-Luc Mélenchon ne se soucie pas du tout de ce que la reconnaissance de la responsabilité de la France représente pour les descendants des victimes d’alors, et plus généralement pour les Juifs ; seule lui importe la respectabilité d’une France mythifiée ; 

– au-delà de la rafle et du poids qu’elle représente encore, se pose la question de l’inventaire du passé colonial de la France ; au moment de la Guerre d’Algérie, ce n’est pas la France qui massacrait ? Etre clair sur les responsabilités de l’Etat français en 1942, c’est un point d’appui pour exiger la clarté sur le passé colonial de la France ; 

– enfin, et ce n’est pas le moins grave, la conclusion est profondément réactionnaire. Mélenchon nous dit : « Ces débats ne sont pas nouveaux. Ils ont leur dignité aussi longtemps qu’on accepte d’en parler avec le souci de l’amour que nous devons à notre pays avant tout autre. Ce qui n’est pas admissible c’est que du chef d’état-major des armées au peuple tout entier, nous soient intimés sur le ton du commandement le plus autoritaire l’identité du pays, ses références, son histoire. Cela par un seul homme sans qu’aucune réplique ni discussion ne puissent avoir lieu. Je mets en garde : méconnaître les fondamentaux de l’identité républicaine du pays expose ceux qui la molestent ou la violentent à de puissants et irréversibles retours de bâton venant du plus profond du sentiment commun des Français. » 

Du soutien au chef d’Etat major des armées (pour défendre le budget militaire !) à « l’amour que nous devons à notre pays avant tout autre » (avant l’Allemagne en 1914 par exemple ?) et au « sentiment commun des Français », on retrouve la volonté de concurrencer la droite et l’extrême droite dans le nationalisme. Au fait, c’est quoi le « sentiment commun des Français » sur le Vél d’Hiv et la Guerre d’Algérie ? 

Ce type de dérive a souvent existé dans le mouvement ouvrier et les résultats en furent toujours catastrohiques. Croire que c’est en allant sur son terrain que l’on combat l’extrême droite est une lourde erreur. On y perd juste son âme. 

Que celles et ceux qui ont soutenu sa campagne et agissent avec la France insoumise disent à Jean-Luc Mélenchon haut et fort : « insoumis, nous ne nous soumettrons pas au nationalisme ; insoumis, nous continuons à penser que le 16 jullet 1942, la France accomplissait l’irréparable ». 

Robert HIRSCH 

PS) extraits du blog de Jean-Luc Mélenchon : 

« L’invitation du chef du gouvernement d’extrême droite en Israël a suscité des haut-le-cœur de tous côtés pour les raisons politiques que l’on comprend sans difficulté quand on n’est pas d’extrême droite. Mais c’est surtout les prises de position du président français dans cette circonstance qui posent problème. Lier l’antisionisme et l’antisémitisme est une thèse très ancienne des milieux communautaristes. Mais c’est la première fois que cette thèse est rendue officielle par le président de notre République. Ce n’est pas un petit sujet que de lier une opinion politique à un délit puni par la loi en France. Qui pourrait admettre qu’une telle option soit prise au nom du pays tout entier sans une seconde de discussion par qui que ce soit, du seul fait que le Prince l’a décidé ? 

Après cela, déclarer que la France est responsable de la rafle du Vel’ d’Hiv’ est là encore un franchissement de seuil d’une intensité maximale. En effet, nul ne peut contester que des Français ont été personnellement responsables du crime comme ce fut le cas, notamment, dans la police qui opéra la rafle sans exprimer la moindre protestation ni acte de résistance, mais aussi de la part de toutes les autorités de tous ordres qui se rendirent complices, soit activement, soit par leur silence, soit parce qu’elles avaient renoncé à s’y opposer de quelque façon que ce soit. 

Mais dire que la France, en tant que peuple, en tant que nation est responsable de ce crime c’est admettre une définition essentialiste de notre pays totalement inacceptable. La France n’est rien d’autre que sa République. À cette époque, la République avait été abolie par la révolution nationale du maréchal Pétain. 

Dans cette vision de l’Histoire, la France, à cette époque, était à Londres avec le général De Gaulle et partout des Français combattaient l’occupant nazi. Sur le territoire national, il n’y avait rien d’autre qu’une nation dirigée par un régime de fait dans un pays dont la moitié était occupée par les armées nazies et l’autre moitié dirigée par des gens qui avaient imposé de force une idéologie jumelle. 

Jamais, à aucun moment, les Français n’ont fait le choix du meurtre et du crime antisémite ! Ceux qui ne sont pas juifs ne sont pas tous, globalement et en tant que Français, coupables du crime qui a été commis à ce moment-là ! Tout au contraire, par sa résistance, ses combats contre l’envahisseur et par le rétablissement de la République dès que celui-ci a été chassé du territoire, le peuple français a prouvé de quel côté il était réellement. Il n’est pas au pouvoir de Monsieur Macron d’assigner tous les Français à une identité de bourreau qui n’est pas la leur ! Non, non, Vichy ce n’est pas la France ! 

Ces débats ne sont pas nouveaux. Ils ont leur dignité aussi longtemps qu’on accepte d’en parler avec le souci de l’amour que nous devons à notre pays avant tout autre. Ce qui n’est pas admissible c’est que du chef d’état-major des armées au peuple tout entier, nous soient intimés sur le ton du commandement le plus autoritaire l’identité du pays, ses références, son histoire. Cela par un seul homme sans qu’aucune réplique ni discussion ne puissent avoir lieu. 

Je mets en garde : méconnaître les fondamentaux de l’identité républicaine du pays expose ceux qui la molestent ou la violentent à de puissants et irréversibles retours de bâton venant du plus profond du sentiment commun des Français. » 

http://melenchon.fr/2017/07/17/cela-ne-sinvente-pas/

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