mercredi 31 janvier 2018

La mémoire courte, par Françoise Verchère (CéDpa)

Depuis plusieurs semaines, il n’y en a que pour Saint-Aignan de Grandlieu : commune « sacrifiée », morte même, habitants en colère, maire en croisade. On en finirait par oublier deux ou trois vérités, tant il est vrai que décidément dans ce dossier d’aéroport, les faits auront été malmenés en permanence. 

Première vérité : les habitants des Couëts, quartier de Bouguenais, sont plus nombreux à être concernés par les nuisances sonores des avions. 

Sur les 1751 logements actuellement dans le PGS, donc a priori les plus exposés, la majorité est située à Bouguenais. La moitié de tous les logements du PGS ont déjà été insonorisés pour une dépense moyenne subventionnée de 14 000 €. Ce sont les compagnies aériennes qui financent ce fonds depuis 2003 par une taxe spéciale. Les bâtiments publics (écoles, collège, crèches, etc.) ont droit aussi à cette aide. L’école Saint-Pierre et le groupe scolaire Jules d’Herbauges à Saint-Aignan ont été insonorisés. Le collège de Bouguenais aussi, sauf la section professionnelle SEGPA, ce que dénoncent à juste titre les médiateurs. Demandez-vous qui en est responsable... Le taux d’aide a oscillé depuis la mise en place de cette aide entre 80 % et 100 %. Il n’est donc pas besoin d’inventer un nouveau dispositif mais de le faire fonctionner au mieux. A 100 % effectivement. Ici à Nantes, mais aussi sur les autres plates-formes aéroportuaires où davantage d’habitants sont concernés (comme le rappelle le rapport des médiateurs, page 22). 


Deuxième vérité : le Plan de Gêne Sonore n’a pas été revu depuis 2003 alors que les trajectoires ont changé. 

Sur Saint-Aignan notamment, la corne sud-est du PGS ne voit plus passer d’avions depuis plusieurs années mais les dossiers sont toujours recevables et certains habitants ont bénéficié d’aides substantielles... D’autres habitants sont probablement soumis à des nuisances mais pas aidés. Situation absolument anormale. Qui a réclamé la révision de ce PGS ? Ceux qui hurlent aujourd’hui peuvent-ils prouver qu’ils se sont mobilisés dans les années passées pour obtenir de vraies améliorations pour les riverains ? Je tiens pour ma part à la disposition des media qui voudraient enquêter sur le sujet, les nombreux courriers et interventions que j’ai faits en tant que maire ou conseillère générale. Je tiens aussi à disposition les noms des partisans du transfert à NDDL qui se sont opposés ici à la fermeture de l’aéroport la nuit ou à l’avance financière que seules les communes de Bouguenais et Saint-Aignan ont finalement supportée… 

Troisième vérité : la zone de l’aéroport compte plus de 8000 emplois. 

N’aurait-il pas été de la responsabilité de l’agglomération d’y amener depuis longtemps un transport collectif digne de ce nom, malgré le projet de transfert ? Franchir le périphérique n’a pas été impossible à Saint-Herblain pour desservir une zone commerciale... A Bouguenais il y a aussi une voie ferrée... Je me réjouirai sincèrement que l’État aide financièrement ce projet de tram ou de train mais un peu de décence de la part d’élus qui n’ont pas pris les bonnes décisions, ne nuirait pas, me semble-t-il. 

Enfin, je suis absolument sidérée d’entendre des élus qui ont utilisé des arguments mensongers pour défendre le transfert, répéter désormais en boucle que « l’État a cédé devant 200 violents » et que c’est un « déni de démocratie ». 

Sans doute n’ont-ils pas vu les dizaines de milliers de manifestants qui sont venus à chaque fois dire leur refus de la destruction du bocage de Notre-Dame. Sans doute n’ont-ils pas lu le document que nous avions réalisé sur la fameuse consultation de 2016, ni même le rapport des médiateurs. 

Sans doute n’ont-ils pas entendu une des membres de la mission (une préfète a priori peu suspecte d’être favorable aux zadistes) déclarer que le déni de démocratie avait démarré en 2003 « faute d’un débat transparent et contradictoire ». Aveugles et sourds donc… 

Pauvre démocratie, oui, mais pas pour les raisons évoquées par les élus que l’on entend depuis dix jours ! 

Françoise Verchère, le 30 janvier 2018

Rappel des propositions du CéDpa et de l’Atelier Citoyen pour les riverains de Nantes-Atlantique : 

 · Révision immédiate du PGS 
 · Arrêt des vols de nuit de 23h à 6h, sauf urgences 
 · Procédures de moindre bruit · Durcissement des contraintes pour les avions bruyants (redevances, interdictions, etc.) 
 · Révision des trajectoires et mise en place de tout ce qui peut favoriser une approche de précision tout en n’aggravant pas le nombre de personnes survolées.

http://aeroportnddl.fr/index.php?lng=fr

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