La situation dramatique du Venezuela interpelle toutes celles et ceux qui se battent pour un avenir meilleur pour l’humanité. L’élection d’Hugo Chavez avait été un espoir pour tous les peuples d’Amérique latine et plus globalement pour toute la gauche d’émancipation à travers le monde. Ses premières réformes, qui ont permis la mise en œuvre d’avancées sociales pour les plus pauvres et leur intégration à la vie démocratique avec un début de participation populaire, ont été combattues par la droite, les médias dominants et l’oligarchie soutenue par les Etats-Unis, comme l’illustre la tentative de putsch raté d’avril 2002.
Cependant le régime d’Hugo Chavez n’a pas remis en cause le mode de fonctionnement de l’économie vénézuélienne basé sur la rente pétrolière et le pays est donc resté dépendant de l’évolution des cours mondiaux et de ses exportations de pétrole, notamment vers les Etats-Unis.
Cette dépendance à l’économie rentière a nourri la croissance d’une bourgeoisie insérée dans l’appareil d’Etat et d’une corruption qui s’est développée à la mesure de l’incapacité du régime à assurer une activité économique productive créatrice de richesse, d’où un développement de l’inflation qui s’est muée aujourd’hui en hyperinflation.
De plus, et c’est probablement le point essentiel, le régime politique instauré par Hugo Chavez n’a pas rompu avec une maladie chronique de la politique latino-américaine, le caudillisme dont le rapport au classes populaires est marqué par le paternalisme et le verticalisme.
L’incapacité de la « révolution bolivarienne » à créer les conditions d’une participation réelle et pérenne des classes populaires au débat démocratique, et donc à la décision sur les choix stratégiques du pays, la mise en place d’une « démocratie plébiscitaire » se sont révélées des obstacles majeurs au règlement des problèmes politiques du pays lorsque celui qui en assurait la cohésion, Hugo Chavez, a disparu.
Dans une situation économique et sociale chaotique, qui se double d’une insécurité des personnes, le gouvernement Maduro a choisi la fuite en avant dans le seul objectif de se maintenir au pouvoir. Après le désaveu qu’a constitué la victoire de l’opposition aux élections législatives de 2015, et après avoir tenté d’annihiler les pouvoirs de la nouvelle Assemblée, l’élection d’une pseudo Assemblée constituante représente un nouveau coup de force avec un projet de constitution qui remet de fait en cause le principe du suffrage universel, une personne égale une voix.
A cette farce électorale, s’ajoute la répression des opposants politiques, les violences quotidiennes contre les manifestants qui ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés, et au mépris même de la constitution chaviste, le refus d’organiser le référendum révocatoire du président, le blocage des élections des gouverneurs prévus en 2016.
Le Venezuela n’est plus aujourd’hui un Etat de droit, ce que ne saurait masquer la rhétorique « anti-impérialiste » du gouvernement.
Le peuple vénézuélien n’a rien à gagner dans l’affrontement entre le gouvernement Maduro et les couches parasitaires liées à l’appareil d’Etat, qui le soutiennent, et l’opposition dominée, malgré ses contradictions, par une droite revancharde et néolibérale. La droite vénézuélienne n’a pas de leçons de démocratie à donner, car elle a usé de tous les procédés violents pour détruire les acquis populaires.
Nous soutiendrons toutes les initiatives venant de la gauche vénézuélienne, issue ou pas du chavisme, pour construire une alternative démocratique et trouver les voies et moyens de sortir de cet affrontement mortifère. C’est au peuple vénézuélien qu’il appartient de prendre son destin en main.
Le 4 août 2017.
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