« Paix et liberté ne peuvent être séparées, car personne ne peut être en paix tant qu'il n'est pas libre. » — Malcolm X
À la suite de notre appel « La génération de la crise ne sera pas celle de la guerre », nous avons décidé de nous exprimer de nouveau de manière commune. La réponse sécuritaire proposée à travers la mise en place de l’état d’urgence a pris un nouveau virage. Malgré les rumeurs d’abandon, François Hollande a confirmé l’inscription de la déchéance de nationalité en cas d’atteinte aux « intérêts fondamentaux de la Nation » pour les binationa-les-ux né-e-s en France dans la révision constitutionnelle. Cette mesure stigmatisante et xénophobe ne sera d'aucune efficacité dans la lutte contre le terrorisme.
Revendication historique de l’extrême droite, elle serait une rupture d'égalité sans précédent créant une catégorie de sous-citoyen-ne-s. Les annonces récentes de Manuel Valls sur l'abandon de la mention « binationaux » dans la réforme constitutionnelle ne change pas la nature de la mesure.
Pire encore, en élargissant les conditions de la déchéance de nationalité aux « délits » et non plus seulement aux « crimes » qui portent atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, le Premier Ministre ouvre une boite de Pandore qui permet l'extension progressive de cette mesure.
La déchéance de nationalité s’inscrit dans une atmosphère délétère plus large, alimentée par la recherche de « l’ennemi intérieur » comme extérieur. Depuis le début de l’état d’urgence, ce sont près de 3000 perquisitions administratives qui ont eu lieu, et quelque 400 assignations à résidence majoritairement dans les quartiers populaires notamment à destination des musulman-e-s ou supposé-e-s l’être, pour finalement une seule mise en examen pour terrorisme. Des militant-e-s politiques et associatif-ve-s ont aussi été la cible des interventions de l’État.
Un sentiment d’injustice se met en place et le bilan de ces derniers mois nous ont conforté-e-s dans l’inefficacité de ces mesures d’exception.
Dans ce contexte, les décisions successives d’acquittement du policier ayant tué Amine Bentounsi d’une balle dans le dos, ou encore la condamnation à 9 mois de prison fermes des syndicalistes de Goodyear qui se battaient pour leur emploi, ont participé au climat autoritaire et répressif.
Face aux dérives de nos dirigeant-e-s, notre génération refuse les logiques guerrières et sécuritaires. Au contraire, nous défendons la construction de la paix et le renforcement de la démocratie : nous demandons la levée immédiate de l’état d’urgence, rejetons toute modification de la constitution, l’état d’urgence permanent et la déchéance de nationalité.
Nous devons stopper les ventes d’armes et les coopérations économiques avec les pays qui financent les groupes terroristes, et arrêter les bombardements inefficaces.
Au contraire, nous réaffirmons notre solidarité avec les peuples du Kurdistan qui luttent contre Daesh, la légitimité à l'autodétermination de l'ensemble des peuples, notamment celle des Palestiniens et à l’échelle du monde, avec les forces qui agissent dans le sens d’une paix juste et durable.
En mettant en avant la déchéance de nationalité, François Hollande évite le débat nécessaire dans notre pays sur les raisons qui entraînent l'exclusion de tout une partie de la population et notamment des jeunes et renforcent les replis identitaires, terreaux favorables de l'extrême droite et du djihadisme.
Pourtant, notre génération est plus que jamais déterminée à construire la société de demain en apportant des réponses concrètes qui doivent garantir la meilleure protection possible contre ces dérives. Cela doit passer notamment par la sécurisation de nos parcours de vie et une politique de lutte contre les inégalités ambitieuses avec pour principaux piliers le renforcement du service public éducatif, l’accès à l’autonomie des jeunes, la lutte contre toutes les discriminations, l’accès de tou-te-s à un emploi stable et qualifié ainsi que la garantie du respect nos libertés individuelles et collectives.
Nous appelons à la constitution d’espaces d’échange, de débat et d’engagements pour préparer l’avenir et devenir des citoyen-ne-s à part entière plutôt qu’entièrement à part.
Pour nous faire entendre, nous invitons l’ensemble des jeunes à s’organiser sur leur lieu de travail et d’études pour se mobiliser contre la réforme constitutionnelle le samedi 30 janvier partout en France.
Pour pérenniser les discussions et porter la voix de la jeunesse mobilisée, nous organiserons durant le mois de février un meeting pour construire un discours alternatif, définir nos perspectives et faire rejeter la réforme constitutionnelle.
Signataires : DIDF-Jeunes, Ensemble, FIDL, Jeunes écologistes, JOC, JRG, Maison des potes, Mouvement Jeunes communistes de France (MJCF), Mouvement des jeunes socialistes (MJS), MRJC, NPA Jeunes, Osez le féminisme !, Parti de gauche, Solidaires étudiant-e-s, SOS Racisme fac, UEC, UNEF, UNL.
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