Le pouvoir tout d’abord. On nous avait tant vendu l’audaaaace de nommer
un président de droite pour conduire Radio France. C’était une preuve
irréfutable de l’indépendance du CSA. Depuis plusieurs années on nous
assomme de cette bêtise : quand on est de gauche, l’indice ultime de la
liberté intellectuelle serait de glaner les idées et les hommes de
droite. Problème : leurs idées nous mettent dans le mur.
Ce conflit parle aussi du pouvoir et de ses besoins de signes de puissance. Quel sens y avait-il de réaliser au même moment le grand auditorium de Radio France et la Philharmonie de Paris ? Deux projets qui ont triplé leur budget initial. Dans ces choix, qui sont aussi des choix de prestige, s’exprime ce que les puissants considèrent comme valorisant. L’architecture a toujours fait partie des attributs de la monarchie. Elle pourrait passer à l’âge démocratique. L’architecture n’y perdrait rien. La culture pourrait y trouver aussi les éléments d’un nouveau souffle.
Une approche comptable
La culture encore. Elle est au centre du mouvement qui oppose des salariés, journalistes, techniciens, musiciens, à leur patron et à l’État (lire aussi « Radio France : les raisons de la coupure de son »). Le maintien de l’emploi cristallise le mouvement de grève. Mais, si l’on écoute les paroles d’AG, les tribunes qui paraissent dans la presse, ce qui se noue est l’idée que l’on se fait de la culture et du service public. Radio France restera-t-elle un lieu où s’invente encore la manière d’enregistrer le monde, de l’écouter, de le comprendre, de le restituer ? C’est ce que veulent ceux qui se mobilisent depuis près de trois semaines.
Que leur répond Mathieu Gallet ? Il reste évanescent. Mais les hypothèses de fermeture de stations, de suppression d’orchestre, de fusion des rédactions s’inscrivent dans les pas d’une approche comptable, totalement dénuée de vision et de contenu. La seule idée qui s’impose depuis des années à Radio France est de raccourcir les émissions, de les larder de chroniques. La concurrence ridicule sur les créneaux horaires conduit à ce que France Inter et France Culture programment à la même heure tous les jours une émission scientifique… Etc. L’ambition de promouvoir la culture, la connaissance ne guide pas le directoire de Radio France.
Rupture entre la gauche au pouvoir et la culture
Mais rue de Valois, c’est presque pire. La nouvelle ministre de la Culture est une spécialiste du numérique. À la bonne heure. Elle peut parler industrie. Ça ne fait pas d’elle une femme de culture. Elle avoue benoîtement ne pas lire de livres. Elle n’a d’ailleurs aucune idée à promouvoir concernant les misions de Radio France. Elle parle objectifs et se réfère à Bercy. Sa langue est celle de la finance et de la technostructure. Elle synthétise la rupture entre la gauche au pouvoir et la culture.
Hier au cœur du projet émancipateur, l’éducation nationale et la culture ont quitté les discours, le cœur de la gauche gouvernementale. On sait désormais que leurs envolées lyriques sont creuses quand ils parlent de refaire société et de s’opposer à l’obscurantisme. La crispation porte sur 50 millions par an.
Ce n’est pas rien. Mais c’est vraiment bien peu au regard de la richesse de la France et en proportion des enjeux. Une gauche digne de ce nom devrait consacrer sa politique et les ressources à l’émancipation. Bien plus qu’à faire la guerre tout azimut.
Il y a du souci à se faire quand la tête est remplacée par une calculette. Un monde est en bout de course. La bande musicale de Radio France le dit de toutes les façons.
Clémentine Autain, Regards
Ce conflit parle aussi du pouvoir et de ses besoins de signes de puissance. Quel sens y avait-il de réaliser au même moment le grand auditorium de Radio France et la Philharmonie de Paris ? Deux projets qui ont triplé leur budget initial. Dans ces choix, qui sont aussi des choix de prestige, s’exprime ce que les puissants considèrent comme valorisant. L’architecture a toujours fait partie des attributs de la monarchie. Elle pourrait passer à l’âge démocratique. L’architecture n’y perdrait rien. La culture pourrait y trouver aussi les éléments d’un nouveau souffle.
Une approche comptable
La culture encore. Elle est au centre du mouvement qui oppose des salariés, journalistes, techniciens, musiciens, à leur patron et à l’État (lire aussi « Radio France : les raisons de la coupure de son »). Le maintien de l’emploi cristallise le mouvement de grève. Mais, si l’on écoute les paroles d’AG, les tribunes qui paraissent dans la presse, ce qui se noue est l’idée que l’on se fait de la culture et du service public. Radio France restera-t-elle un lieu où s’invente encore la manière d’enregistrer le monde, de l’écouter, de le comprendre, de le restituer ? C’est ce que veulent ceux qui se mobilisent depuis près de trois semaines.
Que leur répond Mathieu Gallet ? Il reste évanescent. Mais les hypothèses de fermeture de stations, de suppression d’orchestre, de fusion des rédactions s’inscrivent dans les pas d’une approche comptable, totalement dénuée de vision et de contenu. La seule idée qui s’impose depuis des années à Radio France est de raccourcir les émissions, de les larder de chroniques. La concurrence ridicule sur les créneaux horaires conduit à ce que France Inter et France Culture programment à la même heure tous les jours une émission scientifique… Etc. L’ambition de promouvoir la culture, la connaissance ne guide pas le directoire de Radio France.
Rupture entre la gauche au pouvoir et la culture
Mais rue de Valois, c’est presque pire. La nouvelle ministre de la Culture est une spécialiste du numérique. À la bonne heure. Elle peut parler industrie. Ça ne fait pas d’elle une femme de culture. Elle avoue benoîtement ne pas lire de livres. Elle n’a d’ailleurs aucune idée à promouvoir concernant les misions de Radio France. Elle parle objectifs et se réfère à Bercy. Sa langue est celle de la finance et de la technostructure. Elle synthétise la rupture entre la gauche au pouvoir et la culture.
Hier au cœur du projet émancipateur, l’éducation nationale et la culture ont quitté les discours, le cœur de la gauche gouvernementale. On sait désormais que leurs envolées lyriques sont creuses quand ils parlent de refaire société et de s’opposer à l’obscurantisme. La crispation porte sur 50 millions par an.
Ce n’est pas rien. Mais c’est vraiment bien peu au regard de la richesse de la France et en proportion des enjeux. Une gauche digne de ce nom devrait consacrer sa politique et les ressources à l’émancipation. Bien plus qu’à faire la guerre tout azimut.
Il y a du souci à se faire quand la tête est remplacée par une calculette. Un monde est en bout de course. La bande musicale de Radio France le dit de toutes les façons.
Clémentine Autain, Regards
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