5 ans après les meurtres de Montauban et Toulouse, le frère de Merah est jugé pour complicité. En mars 2012, un mois avant l'élection présidentielle, Mohamed Merah assassinait 3 militaires à Montauban, répondant aux exhortations du terrorisme islamiste. Et, quelques jours plus tard, dans une école juive de Toulouse, il massacrait un enseignant et trois enfants. Un de ceux-ci, une petite fille de 8 ans s'étant enfuie, l'assassin la tint par les cheveux avant de la tuer, montrant ainsi sa rage antisémite.
Dans les jours suivants, si une certaine émotion saisit le pays, elle ne provoqua, à l'exception de Toulouse, nulle manifestation de masse. A Paris, 4000 personnes défilèrent, sans l'extrême gauche, peu pressée de dénoncer l'antisémitisme quand il ne vient pas de l'extrême droite, et ce depuis le début des années 2000. On est loin des manifestations massives que connut la France après l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic en 1980 ou après la profanation au cimetière juif de Carpentras.
C'est là une leçon de l'événement : l'assassinat d'enfant juifs, perpétré pour la première fois en France depuis la Seconde Guerre mondiale, laisse l'opinion peu concernée. Et la gauche radicale, d'habitude prompte à tenter de réveiller les consciences, se révèle aussi endormie, prise qu'elle est dans ses contradictions : la question de la Palestine, la difficulté à dénoncer des actes antisémites quand ils viennent de personnes elles-mêmes discriminées...
5 ans après, il y a d'abord la nécessité de juger Abdelkadfer Merah, dont tous les témoignages, notamment celui de son frère aîné, très hostile à ses idées, montrent qu'il professe un antisémitisme égal à celui du tueur de Toulouse. Et qu'il l'a peut-être inspiré.
Mais ce procès doit aussi être celui de l'antisémitisme, toujours présent. N'oublions pas que les semaines qui ont suivi les meurtres de Toulouse n'ont pas apaisé la situation, au contraire. Et qu'en 2015 ce furent les assassinats de l'hypercacher.
Cet événement semble avoir fait évoluer quelque peu la gauche radicale, enfin consciente de la remontée de l'antisémitisme. Mais les actes n'ont pas encore suivi.
Ces derniers mois, de nouveaux événements remettent en lumière le contexte antisémite. L'assassinat d'une femme, Sarah Halimi, battue puis défenestrée à Paris en avril, est en train d'être requalifié avec la circonstance aggravante de l'antisémitisme, mais les médias en ont peu parlé. Et il y a eu en septembre l'agression de Livry-Gargan contre une famille juive, jugée riche, selon les vieux préjugés d'antan.
Que les cinq semaines du procès Merah soient l'occasion de mettre en lumière ce nouvel antisémitisme des années 2000, qui ne vient plus seulement de l'extrême droite, mais aussi d'une partie de la jeunesse d'origine immigrée, elle-même discriminée et reportant ses frustrations sur les Juifs, accusés d'avoir "réussi".
Et que le soutien légitime de la gauche radicale au peuple palestinien, à qui la justice est refusée depuis trop longtemps, n'empêche pas d'agir contre les manifestations de l'antisémitisme. Les Juifs menacés par la haine ont aussi droit à notre solidartité.
Nous sommes toujours "tous des Juifs allemands".
PS) Le livre de Robert Hirsch » Sont-ils toujours des juifs allemands ? La gauche radicale et les Juifs depuis 1968 » est en vente à la Librairie Vent d’Ouest à Nantes
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