"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
vendredi 29 mai 2009
Marche des Fiertés Lesbienne, Gay, Bi et Trans samedi 30 mai à Nantes
La Gay Pride de Nantes se déroulera samedi 30 mai, à partir de 14 heures Place du Commerce. Les Alternatifs 44 soutiennent cette marche festive pour l'égalité des droits démocratiques et sociaux des lesbiennes, gays, bi & trans. Elle est aussi pour nous l'occasion de dénoncer la complicité du gouvernement français face à la répression vécue par un grand nombre d'homosexuel-le-s dans le monde. Le témoignage de notre camarade strasbourgeoise Bernadette H. en est une des dernières et dramatiques illustrations.
Ce que j'ai vu
Policarpio, Ronnie et Jonjee sont attendus au TGI à partir de 10H45 où on va statuer sur la prolongation éventuelle de leur séjour au CRA de Geispolsheim, où ce n’est pas encore tout à fait l’enfer, mais presque.
Une vingtaine de personnes, certaines à titre personnel, d’autres pour représenter leur association, leur appartenance politique, sont venues les soutenir : Festigays, Le2 Strasbourgeoises, TaPaGes, Support Transgenre Strasbourg, La Lune, Les Epines, NPA, CNT Interpro67, Octobre Verre (Moselle), SudEduc67, Les Alternatifs, RESF, Commission Justice et Paix, Fraternités Laïques Dominicaines . L’habitude aidant, chacun sait que la dame blonde entrevue derrière une porte n’augure rien de bon pour ceux qui vont comparaître, il s’agit de Mme Humbert, présidente, qui n’est là que pour les maintiens en rétention, et rien d’autre, comme elle le précise chaque fois.
Dans le couloir, on se salue, on se reconnaît d’autres séances du même type, on accueille l’interprète de langue Tagalog, on voit passer Ronnie tenu en laisse comme un chien par un gendarme. Le rassemblement alerte une secrétaire qui nous informe de la sévérité du tribunal, et les forces de police qui renforcent leur "dispositif" en postant deux gardiens à l’entrée du public dans la salle, lesquels, on le verra bientôt, sont là pour contenir nos "débordements".
Après la fouille et quelques hésitations nous entrons en salle 136, - d’où madame la présidente est justement sortie-, pour assister aux audiences.
Un haut-le-corps précède le coup d’oeil circulaire qu’elle jette vers la salle en entrant et en déclarant que l’on doit se lever lorsqu’entre "le" tribunal. (Pourtant c’est une dame)
Un Egyptien, arrêté à Vesoul sans passeport mais avec un titre portugais n’a pas compris qu’il ne doit pas parler. "Vous devez écouter sans intervenir sur ce que le tribunal dit". Comme il n’obtempère pas, elle crie "le tribunal n’est pas une foire d’empoigne". 15 jours supplémentaires de rétention.
Un sans-papiers, jeune, docile, se présente comme Palestinien. Le représentant de la Préfecture l’accuse de fausse identité. Algérien quinze jours auparavant, il ne s’est pas rendu au Consulat d’Algérie où il était convoqué. 15 jours supplémentaires.
Madame la Présidente tend l’oreille au moindre murmure et tance les jeunes personnes du public qui se permettent des commentaires. Entrée de Ronnie, né en 1973," arrêté par les Allemands" (excusez cette formulation d’un autre âge) : avez-vous un passeport ? En France depuis 2001 (-sous quel gouvernement, au fait ?NDR) il n’a pas fait de démarches de régularisation. La préfecture l’accuse de dissimulation d’identité, l’avocat conteste, quinze jours. Ronnie nous fait à tous un signe de la main en partant, auquel nous répondons tous.
Pendant l’interruption de séance avant l’arrivée de Jonjee, le jeune policier s’adresse à un jeune homme "et toi, là, enlève cette cigarette de ton oreille ! " Une dame s’indigne : "pourquoi tutoyez-vous ce monsieur ?" première réponse "ça ne vous regarde pas, ce que je dis à ce monsieur", puis "Monsieur, voudriez-vous enlever cette cigarette de votre oreille, c’est un manque de respect au tribunal". La dame continue : "Pourquoi n’a-t-il pas le droit de consulter son téléphone, alors que vous, vous envoyez des textos en pleine séance ?" La police (pourtant c’est un homme) fournit ses explications. "Il a été appelé, c’est différent. Mon téléphone à moi est silencieux". Un gradé passe de temps en temps. Il a trois galons et pas de veste. Il inspecte ses "hommes", parle en même temps que le tribunal, ne se fait pas reprendre. Six gendarmes et deux policiers, plus lui, ça fait neuf forces de l’ordre.
Jonjee : petite femme frêle aux cheveux très longs, en attente de reconduite à la frontière ; sort du CRA où elle partage la cellule avec un homme. Son statut de transsexuel, en traitement hormonal, non autorisé au CRA, a été attesté par le corps médical. L’avocat lit des références sérieuses à ce sujet. Madame la présidente s’obstine à dire "Monsieur". La préfecture (pourtant c’est un homme qui parle) dit qu’il n’y a pas de laissez-passer pour elle, qu’il faut la maintenir en détention. Jonjee revient s’asseoir, elle pleure. Madame la présidente s’absente pour délibérer, revient sans lire le résultat, appelle Policarpio. Quelqu’un tente de sortir. Non, ce n’est pas possible avant la fin de l’audience. Il ne reste qu’une personne, le policier fait le signe "un" avec le pouce.
Policarpio, la cinquantaine, tient la tête basse, abattu. Il parle d’une voix très faible, demande le droit de préparer ses affaires avant de partir. Il sait ce qui l’attend. La greffière note-t-elle ? Les demandes sont les mêmes, les réponses aussi. Prolongation de quinze jours pour lui et Jonjee, aucun argument de l’avocat retenu, Jonjee reste un homme. Il est midi quarante, nous sommes refoulés dans la salle, puis on nous laisse repartir, distance de sécurité.
message diffusé sur les réseaux hier
Jengie, Policarpio et Ronnie, trans’ et homos menacéEs d’expulsion, passent devant le Juge des Libertés DEMAIN, JEUDI 28 MAI À 10H30 AU TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DE STRASBOURG. Le Juge des Libertés doit statuer sur leur mise en liberté ou leur maintien en rétention.
Ronnie et Policarpio sont homosexuels et vivent en couple depuis 1994 ; ils ont du fuir leur pays en raisons de graves menaces homophobes et vivent en France depuis 8 ans. Jengie, (ou Rogelio de son prénom d’état civil), est une femme transgenre ; elle a du fuir les Philippines en 2005 en raison des persécussions qu’elle subissait en tant que transsexuelle, homme vers femme. Ces trois personnes sont sous le coup d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière. Les renvoyer aux Philippines les mettrait en situation de grave danger en raison des discriminations et violences homophobes et transphobes qu’elles y subissent.
L’expuslion de Policarpio est prévue pour samedi 30 mai, mais si il est libéré demain, il reste un espoir ! Policarpio est désespéré et dit que si on le sépare de son compagnon Ronnie, il va se suicider !
Il est absolument vital qu’il y ait du monde demain pour assister à l’audience, qu’il soit visible que ces trois personnes sont soutenues ! Même si vous n’êtes pas disponibles, parlez-en autour de vous, passez des coups de téléphones, essayez de trouver du monde qui puisse venir demain matin. Si la mobilisation est insuffisante, aucun espoir d’empêcher l’expulsion.
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