La démission du Général de Villiers et son remplacement par le Général Lecointre au poste de Chef d’état-major des armées, résulte de la boulimie autoritaire du Président de la République, conforme à sa lecture monarchique de la Constitution de la Vème République. Cela ouvre une crise de l’institution militaire et pose les questions des missions internationales de l’armée et de la place de la France dans l’ordre impérialiste international.
Macron a certes promis d’augmenter les moyens alloués aux armées à partir de 2018 afin, notamment, d’aboutir à un budget militaire de 2 % du PIB (suivant ainsi les recommandations de l’OTAN). Mais le différent actuel porte sur le devenir des engagements d’augmentation (non budgétés) du gouvernement précédent, dont la remise à plat entraîne une baisse de 850 millions d’euros en termes d’équipements.
En même temps, le Président fait l’impasse sur la mission constitutionnelle du Parlement qui doit voter, après débat, le budget.
L’armée française travaille depuis de nombreuses années dans de très mauvaises conditions (matériel obsolète ou manquant, logiciel de paie dysfonctionnel...) tout en ayant un nombre de missions très élevées que ce soit sur le territoire national ou l’étranger. La question de la sécurité des militaires sur le terrain se pose.
C’est pourquoi nous considérons à Ensemble !, que les questions militaires doivent êtres posées avant tout en termes politiques, en lien étroit avec les missions confiées à l’armée et que la question du budget de l’armée ne doit être posée qu’en lien avec ces missions.
Les objectifs stratégiques doivent être définis démocratiquement par le Parlement, où nous porterons l’exigence d’une politique de défense pour la paix menée en lien avec l’ONU.
Nous pensons également que les autorités françaises devraient être à l’initiative pour ouvrir, tant au plan international (ONU) qu’en France et en Europe, un processus de démilitarisation et de dénucléarisation.
En particulier, nous pensons que l’armée française doit privilégier sa mission de défense du territoire et non sa capacité de projection et de déploiement à l’extérieur. De plus, la politique française de défense doit cesser d’être pensée dans le sens de la satisfaction des besoins de tel ou tel constructeur d’armement.
Nous pensons qu’un retrait des troupes françaises doit être envisagé rapidement en Centrafrique et au Mali, où l’armée française devrait avoir des missions définies dans des cadres définis par l’ONU et l’Union africaine, afin d’aider les armées locales et non intervenir directement dans ce qui est la logique néocoloniale de la Françafrique.
L’armée française devrait fermer toutes ses casernes en Afrique, qui ne sont que les restes de notre passé colonial et un soutien à la Françafrique, une politique économique néocoloniale de spoliation des richesses locales, que nous combattons.
Pour ce qui est de l’Irak et de la Syrie, Ensemble! considère là aussi que l’armée française n’a aucune légitimité à intervenir directement, mais qu’elle doit apporter son soutien aux forces qui se battent pour une Syrie démocratique, notamment les troupes kurdes.
L’armée française a un savoir-faire qui peut contribuer au maintien de la paix et elle doit continuer à alimenter les troupes de l’ONU dans le cadre de véritables opérations pacifistes, ainsi que permettre l’autonomie en terme de défense de pays moins favorisés en s’impliquant dans la formation et l’envoi de matériel.
Ensemble ! souhaite que s’ouvre une autre politique de défense internationale en s’appuyant sur l’ONU, que la France sorte de l'OTAN et refuse la participation à toute alliance militaire permanente, à l'exception des opérations de maintien de la paix sous l'égide de l'ONU.
Ensemble ! dénonce l’utilisation de militaires dans l’opération Sentinelle, une soi-disante sécurisation des espaces publics, alors qu’il s’agit plutôt d’accréditer l’idée de guerre civile qui nécessiterait des moyens militaires. Ces missions, lorsqu’elles sont nécessaires, devraient être totalement réorganisées. Sinon, on justifie ainsi la perpétuation de mesures d’exception, sans que jamais les citoyen.ne.s ne puissent en contrôler l’utilisation.
Ensemble ! demande une évaluation de ces dispositifs ainsi que des dispositifs liberticides créés par l’état d’urgence : c’est une exigence démocratique essentielle.
Enfin, à Ensemble ! nous sommes pour l’ouverture d’un processus de dénucléarisation militaire à l’échelle nationale, européenne et internationale, dans une logique où la France pourrait donner un exemple fort en réduisant son arsenal nucléaire.
Le contrôle parlementaire des missions et des moyens alloués à l’armée n’est ni une entrave à l’action, ni une pression sur exécutif, c’est une garantie démocratique. Cette crise d’autorité nous montre qu’il faut revenir sur l’article 15 de la Constitution de la Vème République qui donne au Président le statut de Chef des armées et inventer de nouveaux outils de contrôle et de transparence démocratique.
Dans cette logique, une réduction des dépenses militaires se ferait facilement, avec un redéploiement des financements et des personnels (par exemple les personnels soignants) vers d’autres budgets utiles aux Français.e.s : le budget de la santé, de l’éducation, de l’environnement...
Le 22 juillet 2017.
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