Le plan climat présenté ce jeudi 6 juillet par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, ne permet pas de mettre fin aux tergiversations de l’exécutif français depuis la COP 21 : les chantiers annoncés sont nombreux mais les mesures concrètes insuffisantes.
Il fait l’impasse sur une série de points durs : la taxe sur les transactions financières, les accords de libéralisation du commerce et de l’investissement ou encore la primeur qui doit être donnée aux engagements climatiques sur les politiques de compétitivité économique.
La focalisation sur la neutralité carbone en 2050 ouvre la porte à des options technologiques inappropriées et dangereuses et à la généralisation d’inefficaces et défaillants marché carbone.
Pour résoudre la crise climatique, les bons sentiments, les déclarations d’intention et les belles photos ne suffisent pas. Nous sommes au bord d’un point de rupture, que de très nombreuses études et catastrophes climatiques ne cessent de mettre en exergue, jour après jour.
Malheureusement, le plan climat présenté par Nicolas Hulot comporte plus de chantiers pour le quinquennat qu’il ne compte d’engagements nouveaux en mesure de traduire dans les faits et sur le terrain les déclarations de l’exécutif français au niveau international.
Le « MakeThePlanetGreatAgain » aurait du précisément se traduire par un plan climat « MakeFranceGreenAgain » et ce n’est manifestement pas le cas.
En écartant tout engagement pour une taxe européenne sur les transactions financières (TTF), le Plan climat entérine la priorité d’Emmanuel Macron consistant à satisfaire les exigences des acteurs bancaires et financiers au détriment de la régulation financière et de la mobilisation de ressources nouvelles pour financer la transition écologique et soutenir les populations pauvres de la planète.
Dominique Plihon, porte-parole d’Attac France, considère que « ce renoncement est inacceptable : alors qu’une large majorité de l’opinion publique soutient la TTF, Emmanuel Macron et Nicolas Hulot préfèrent céder face aux lobbies financiers en se privant d’une mesure qui pourrait rapporter jusqu’à 35 milliards d’euros par an si elle était appliquée à l’ensemble de l’Union Européenne ».
Le plan climat fait également l’impasse sur les accords de libéralisation du commerce et de l’investissement, alors qu’ils constituent aujourd’hui des entraves manifestes pour mener des politiques climatiques qui soient à la hauteur des enjeux.
Pour Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac France, « l’exécutif n’est pas cohérent quand il prétend agir pour le climat tout en poursuivant la mise en œuvre et la négociation d’accords (CETA, TAFTA, JEFTA, etc.) qui contribuent à accroître les émissions de gaz à effet de serre, qui font peser de lourdes menaces sur les réglementations environnementales actuelles ainsi que sur la capacité des États à prendre de nouvelles mesures plus strictes à l’avenir, tout en donnant des droits excessifs aux entreprises multinationales empêchant de sanctuariser les politiques climatiques des États et les engagements pris dans le cadre de l’ONU ».
Pour Maxime Combes, spécialiste des politiques climatiques d’Attac France, « l’introduction d’un objectif de neutralité carbone d’ici à 2050, aussi imprécis qu’incompréhensible, n’est pas une avancée : alors que nous avons besoin d’objectifs précis et chiffrés permettant d’établir une feuille de route cohérente avec l’objectif des 2 °C, Nicolas Hulot y substitue un concept flou et mal défini qui ouvre la porte à des options technologiques inappropriées et dangereuses telles que la géo-ingéniérie et les mécanismes non maîtrisés de capture et stockage du carbone. Plutôt que de se focaliser sur la réduction effective des émissions des secteurs les plus problématiques, le concept de neutralité carbone conduit à déplacer les priorités de l’action climatique sur le carbone stocké dans les “puits de carbone”, le plus souvent à l’aide d’inefficaces et défaillants dispositifs de compensation et de marché carbone, au détriment de l’ambition climatique et des droits des populations qui vivent sur les territoires concernés (forêts, zones agricoles, etc.) ».
Enfin, si l’on peut apprécier l’effort consistant à insister sur l’importance des exigences sociales qui doivent accompagner toute politique de transition énergétique digne de ce nom, Attac déplore le grand écart de l’exécutif entre la nécessité de créer de nouveaux droits - via les contrats de transition - permettant de sécuriser l’avenir des salariés des secteurs concernés et l’attaque en règle en cours contre le droit du travail qui ne pourra que générer plus d’insécurité pour ces mêmes salariés.
C’est là une des failles majeures du plan climat présenté par Nicolas Hulot : faire comme si les politiques de compétitivité économique, internes et externes, qui organisent la compétition généralisée et encouragent la dévastation des écosystèmes, étaient compatibles avec une politique climatique ambitieuse, ce qu’elles ne sont pas.
Attac France appelle l’exécutif à revoir sa copie et va s’évertuer à ce que le mouvement pour la justice climatique se fasse entendre, dans les mois à venir, à ces sujets.
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