Annoncé comme le moyen de donner un nouvel élan international à la lutte contre les dérèglements climatiques et d’apporter une réponse à la décision des États-Unis de se retirer de l’Accord de Paris, le sommet organisé par Emmanuel Macron ce 12 décembre 2017 a été marqué à la fois par le désengagement des États et le transfert de la charge de l’action aux marchés et acteurs privés.
Alors que de sérieuses menaces pèsent désormais sur la possibilité de contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C ou, idéalement, de 1,5°C, le One Planet Summit n’a clairement pas permis de relever l’ambition des politiques climatiques internationales.
Entasser des annonces disparates, provenant pour une bonne part d’acteurs économiques, financiers et institutionnels dont les activités et (in)décisions des années passées ont nourri l’aggravation du réchauffement climatique, ne peut se substituer aux mesures courageuses et visionnaires dont nous avons besoin aujourd’hui.
Une annonce doit être soulignée : la Banque Mondiale affirme vouloir se désengager totalement des soutiens qu’elle apporte à l’exploration et l’exploitation du pétrole et du gaz – malheureusement pas du charbon – d’ici à 2019. En creux, cette annonce illustre l’inacceptable et insoutenable inertie des institutions financières publiques européennes et françaises : pareil engagement, avec une date et un calendrier précis, aurait du être pris par la Banque Européenne d’Investissements (BEI) et la Caisse des Dépôts et Consignations dont les financements pour les énergies fossiles et les infrastructures carbonées se poursuivent comme si de rien n’était.
« Pas un euro de plus pour les énergies fossiles ».
Notre message à destination du gouvernement français, des institutions européennes et des acteurs privés, rappelé avec force lors d’une action symbolique ce 12 décembre matin, est clair : « pas un euro de plus pour les énergies fossiles ».
La Caisse des dépôts et consignations, qui collecte l’épargne des livrets A et Développement durable, doit ainsi immédiatement cesser l’utilisation de ces fonds pour des financements qui ne seraient pas climato-compatibles. C’est le minimum exigible et les annonces du ministre de l’Economie et des Finances sont encore insuffisantes à ce sujet.
Pour Dominique Plihon, porte-parole d’Attac France, « entendre Emmanuel Macron affirmer qu’il a relancé un projet d’une taxe sur les transactions financières (TFF) à l’échelle européenne alors qu’il a successivement sabordé au mois de juin dernier le projet de TTF européenne, puis réduit sévèrement l’ambition de la TTF française cet automne, cache mal l’absence de mesure phare de son gouvernement pour financer une politique climatique qui n’est pas à la hauteur des enjeux ».
Les annonces sur la mise en place de nouveaux marchés carbone (Chine, Mexique, etc), qui ont pourtant montré leur inefficacité notable à l’échelle européenne, et l’insistance donnée à la finance verte, dont Attac France a récemment montré toutes les limites, sont inquiétantes : les dispositifs volontaires et non-contraignants ne sont pas de nature à rendre l’ensemble du système financier et des activités économiques climato-compatibles.
, C’est pourtant l’enjeu majeur qui aurait du être à l’ordre du jour de ce sommet : faire en sorte que les grandes déclarations sur l’urgence climatique se transcrivent enfin en une profonde mutation de cette formidable machine à réchauffer la planète qu’est l’économie mondiale. Ce n’est malheureusement pas le cas.
« Deux ans jour pour jour après la clôture de la COP 21, Emmanuel Macron et les autres chefs d’État et de gouvernement préfèrent confier les clefs de notre avenir collectif aux marchés financiers internationaux, aux banques et multinationales, aux partenariats publics-privés et à la finance carbone plutôt que prendre la tête d’un nécessaire et urgent sursaut politique international » explique Maxime Combes, porte-parole d’Attac France sur les questions climatiques.
« Malheureusement, aucune des annonces prononcées lors de ce One Planet Summit ne change la donne : pas assez, pas assez vite, pas assez appropriées, voilà comment résumer les annonces de ce sommet, qui n’en était pas vraiment un, à l’initiative d’Emmanuel Macron », poursuit Maxime Combes.
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