Militante active du mouvement LGTB, de la Marche mondiale des femmes, conseillère municipale du Parti socialisme et liberté (PSOL) à Rio de Janeiro et en charge de la commission d’enquête sur les violences commises par l’armée et la police contre les jeunes afro-descendants à Rio, Marielle Franco a été assassinée la nuit du 14 mars 2018.
Elle avait 38 ans et, selon le politologue Maurício Santoro, elle « incarnait un espoir de renouveau, à l’heure où la plupart des leaders politiques de Rio sont en prison ou sur le point de l’être », pour corruption.
Samedi 10 mars, elle relayait sur son compte Twitter des accusations des habitants de la favela d’Acari contre le 41e bataillon de police, l’un des plus brutaux de Rio. « Cette semaine, deux jeunes ont été tués et jetés dans une fosse. Aujourd’hui, la police a menacé les habitants. Ça arrive depuis toujours mais ça a empiré avec l’intervention ». « Marielle Franco enquêtait sur des assassinats apparemment commis par des policiers désireux d’éliminer des gens qui en savaient trop sur leurs agissements », expliquait à Libération Zeca Borges, coordinateur du Disque-Denúncia de Rio, un service qui permet à la population de dénoncer anonymement des faits de violence.
Elle revenait d’une réunion publique de femmes noires « qui font bouger les choses ».
La voiture dans laquelle elle voyageait a été criblée de balles par des tueurs. Elle et le chauffeur ont été assassinés. Il s’agit de toute évidence d’une exécution sommaire du style de celles pratiquées par les escadrons de la mort : la seule question qui se pose est de savoir qui est le commanditaire.
C’est pourquoi, dans des nombreuses villes du Brésil ainsi que dans d’autres pays des rassemblements sont organisés pour exiger que toute la lumière soit faite sur cette exécution sommaire d’une militante qui ne cessait de combattre la militarisation de la ville de Rio imposée par le gouvernement putschiste de Michel Temer.
« Que ceux qui croient qu’on peut réduire au silence les voix qui défendent les pauvres et les victimes d’injustices se détrompent », a réagi Ivan Valente, député du PSOL.
Un des articles de Marielle Franco, qui retrace la lutte depuis 1975 pour les droits sociaux des femmes noires, a été publié récemment par le Monde diplomatique Brasil.
De quoi nous rappeler que leur « démocratie » ne recule pas, même devant l’assassinat.
Inprecor, International Viewpoint , 16 mars 2018
Nous reproduisons ci-dessous la déclaration de nos camarades du PSOL.
Déclaration du PSOL
Le Parti socialisme et liberté (PSOL) exprime publiquement ses regrets devant l’assassinat de Marielle Franco, notre conseillère de Rio de Janeiro, et de Anderson Pedro Gomez, le chauffeur qui l’accompagnait.
Nous sommes aux côtés de sa famille, de ses amis, des élus et des dirigeants du PSOL/RJ dans ce moment de douleur et d’indignation. Ce qu’avait fait Marielle en tant que conseillère municipale et militante des droits humains a rendu les militants du parti très fiers et sera honoré en poursuivant son combat.
Nous ne pouvons exclure l’hypothèse d’un crime politique, c’est-à-dire d’une exécution. Marielle venait de dénoncer l’action brutale et excessive de la police militaire dans la favela d’Acari de la banlieue Irajá. De plus, les caractéristiques du crime – un véhicule se plaçant à côté de la voiture transportant Marielle et le fait que plusieurs personnes tirent et s’enfuient – renforcent cette possibilité.
Nous exigeons une enquête immédiate et rigoureuse sur ce crime odieux. Nous ne serons pas réduits au silence !
Marielle, présente ! Aujourd’hui et toujours !
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