A l’appel de dix organisations féministes – RAFU, Planning familial, Les filles, Osez le Féminisme, Solidarité Femmes, Espace Simone de Beauvoir, CGT, FSU, LDH, Ensemble – , 200 personnes se sont réunies ce samedi matin 25 novembre devant le Palais de Justice de Nantes pour affirmer leur commune volonté de s’opposer aux violences faites aux femmes et de venir en aide aux victimes.
Devant les grilles du Palais de Justice où avaient été accrochées des dizaines de paires de chaussures peintes en rouge, couleur sang, les associations se sont exprimées tour à tour après une intervention commune prononcée par Aline Chitelman
« 25 novembre 2017
Un peu d’histoire
Il y a maintenant 86 ans, en 1931, était décidé le principe d’une journée internationale pour rappeler l’assassinat ,sur l’ordre du chef de l’État de l’époque Rafael Trujillo, des 3 sœurs Mirabal, militantes dominicaines
Depuis, chaque année, cette journée internationale est utilisée pour dénoncer toutes les violences faites aux femmes.
Cette année, à Nantes, le collectif unitaire s’ est constitué entre les associations Solidarité Femmes, le Planning familial, Osez le Féminisme, l’Espace Simone de Beauvoir, l’asso les Filles, La Ligue des droits de l’homme, le Réseau d’actions féministes unies RAFU, les syndicats FSU et CGT et le mouvement Ensemble ! 44.
Il a choisi d’utiliser la symbolique des chaussures rouges.
Pourquoi ?
Cela fait écho à l’initiative de l’artiste mexicaine Elina Chauvet, qui, en 2009, a procédé à cette installation de chaussures rouges à Ciudad Juarez, à la frontière du Mexique et des Etats Unis. Ciudad Juarez, c’est cette localité où des centaines, oui, des centaines de femmes ont été kidnappées, violées et tuées depuis les années 1990. Les autorités mexicaines n’ont jamais pris au sérieux ces crimes misogynes et n’ont jamais rendu justice, ni aux femmes, ni à leurs familles.
Cette installation silencieuse voulait symboliser la marche de ces femmes absentes pour rompre le silence qui entoure ces féminicides et les violences masculines.
Depuis, cette symbolique des chaussures rouges a été utilisée dans plusieurs pays.
Quelques exemples
En 2012 en Italie, cette protestation a permis d’obtenir que soit introduit dans la loi dès 2013 le crime de féminicide.
Le 25 novembre 2016 à Lausanne, en Suisse, devant chaque paire de chaussures au sol, un panneau avec le prénom, l’âge des victimes et les violences subies.
Le 8 mars 2017 sur la Puerta del Sol à Madrid, les chaussures rouges sont entourées de pancartes sur lesquelles sont inscrits les noms de plusieurs femmes. 21 sont mortes entre le 1er janvier et le 8 mars 2017. Pourtant l’Espagne dispose depuis 2004 d’une loi pionnière contre les violences machistes. 80 % des femmes décédées n’avaient jamais porté plainte.
Pour finir cette revue internationale, saluons l’initiative des Miss péruviennes. Dimanche 29 octobre, les 23 miss finalistes du concours, en pleine retransmission en direct à la télévision, au lieu d’annoncer leurs mensurations, ont annoncé les chiffres des violences faites aux femmes au Pérou. Chapeau les filles !
Utilisons les mots justes pour parler des violences.
Excision, prostitution, mariages forcés, crimes dits d’honneur, harcèlement, viols, féminicides, violences contre les femmes en situation de handicap, contre les demandeuses d’asile et les réfugiées, contre les femmes en raison de leur sexualité, toutes ces violences pourquoi ? Parce qu’elles sont des femmes.
Toutes renvoient non à des actes commis par des déséquilibrés, mais à l’existence d’un système de domination. C’est un rappel à l’ordre fait aux femmes, de ne pas pervertir cette hiérarchie décrétée, le masculin l’emporte sur le féminin.
En ne remettant pas en cause la structuration de la société basée sur la minorisation des femmes dans tous les domaines de la vie, au travail, dans la vie privée, dans les institutions et dans la vie politique, s’établit une tolérance insupportable à ces inégalités. Ce déni d’égalité conforte les agresseurs dans leurs certitudes qu’ils sont tacitement autorisés à passer à l’acte.
Nationalement, suite aux derniers scandales révélés dans le monde du spectacle, la parole se libère. C’est une bonne chose. + 30 % de plaintes, 360 déposées rien qu’au mois d’octobre. Mais au même moment, 2 viols d’enfants de 11 ans ne sont pas qualifiés de viols. Le violeur d’une enfant de 11 ans a été acquitté aux assises de Seine et Marne le 7 novembre dernier. Selon la Cour, il n’y avait « ni menace, ni contrainte, ni surprise, ni violence », éléments constitutifs d’un viol d’après la loi. Encore une fois, on présume qu’une enfant peut consentir à 11 ans. C’est intolérable de s’abriter ainsi derrière la loi ! La loi doit changer. Pas dans 10 ans. Maintenant !
Sans oublier que d’autres lois existent, mais ne sont pas appliquées, très peu d’ordonnances de protection des victimes sont délivrées, 1 % des violeurs sont condamnés, le viol, crime qui devrait être jugé en cour d’Assises est jugé en correctionnelle, entre un vol de portable et un délit d’escroquerie.
Cela aussi doit changer. La justice doit être au service des victimes et de la société et non au service du maintien des privilèges patriarcaux.
Je vous lis un extrait de la déclaration unitaire nationale
« Il est temps que la société prenne la mesure des violences subies par les femmes du fait du système patriarcal et pour le maintenir. Arrêter les violences ne peut se faire sans un changement global des rapports entre les femmes et les hommes. Cela suppose une volonté de mener une politique publique de grande ampleur . Cela exige un budget conséquent alloué au secrétariat d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes.
Les subventions aux associations, qui remplissent des missions de service public, doivent être pérennisées et augmentées. Leurs emplois doivent pouvoir être conservés car elles pâtissent en premier lieu de la suppression des contrats aidés.
Nous demandons une loi cadre contre les violences et le sexisme qui inclut :
– l’application des lois existantes, le renforcement de l’arsenal juridique, la fin de l’impunité et la protection des victimes ;
– la prévention et l’éducation à l’égalité dès le plus jeune âge, au respect, et à la vie affective et sexuelle ;
– la formation des professionnel.le.s aux violences sexuelles et sexistes »
Venons-en à notre département
3 féminicides en 2016, environ 38000 agressions selon le Conseil départemental
3 féminicides en 2017.
Nos pensées vont à Marion, assassinée le 29 avril à Aigrefeuille sur Maine, Thalie, le 20 août quartier Zola à Nantes et Myriam le 14 octobre quartier Romanet à Nantes également.
Ensemble, crions plus jamais ça ! Plus jamais ça !
Maintenant, nous appelons chaque association organisatrice de ce rassemblement à nous faire part, si elle le souhaite, de la réalité des situations de violence qu’elle rencontre dans son domaine de militance, et des ressources mobilisables pour réagir ».
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