Aujourd'hui 15 conventions agricoles viennent d'êtres signées sur plus
de 170 ha. Celles-ci concernent la majeure partie des terres que le
mouvement a mises en culture pendant la lutte contre le projet
d’aéroport. Elles se relient à la quasi totalité des lieux de vie encore
debout. Ces conventions singulières continuent de se baser sur les liens
tissés pendant la lutte et sur la perspective d'un horizon commun.
L'implication dans chaque projet représente bien plus que les
signataires individuels : nous partons toujours des connections entre
chaque activité et de la dimension collective de leur mise en oeuvre.
Six des projets agricoles inscrit dans la démarche commune n'ont pas
été jugé immédiatement "conventionnables". Quatre parce qu'ils
concernaient des parcelles, considérées comme "conflictuelles". Deux
autres parce que l'activité projetée sur les parcelles n'avait pas
encore démarré au moment du comité de pilotage de mai.
Le gouvernement
s'est engagé aujourd'hui par écrit auprès des porteurs.euses de projets
qui n'ont pas encore signé de convention à poursuivre leurs examens, à
minima jusqu'au prochain comité de pilotage. Il n'est donc pas question
que ceux-ci puissent être menacés d'expulsion d'ici là.
Les conventions
signées aujourd'hui ne sont qu'une étape vers la pérennisation des
différentes activités, agricoles ou non et des lieux de vie sur la zad.
Les défendre ensemble, y compris dans le cadre des négociations, a
nécessité le maintien d'un niveau d'organisation collective et de
solidarité qui a été en lui-même un combat. Ceci au vu de l'ampleur des
pressions, destructions et stratégies de divisions à notre encontre dans
ces derniers mois.
Un long chemin nous attend encore pour continuer à construire un avenir
commun dans ce bocage avec ses divers usager.e.s. Au nombre des enjeux
de ces prochains mois, nous devrons nous mobiliser pour que les projets
pour l'instant ajournés puissent bénéficier de conventions au plus vite.
En ce sens, et sur l'ensemble du bocage nous nous mobiliserons pour que
les terres préservées par la lutte aillent à de nouvelles installations
plutôt qu'à l’agrandissement d'exploitations existantes.
Nous souhaitons
aussi trouver des possibilités pour que les bois et forêts de la zad
restent des communs, pris en charge et enrichis par leurs usagers. C’est
le sens, entre autre, du projet forestier « Abrakadabois » dont l’examen
par la DRAAF n’a pas encore eu lieu.
De manière générale, les enjeux
naturalistes ont été pour l'instant très peu pris en compte par le
comité de pilotage, même s’ils sont intégrés dans tous les projets que
nous portons.
Un autre champs de négociation devra s'ouvrir sur la
question des habitats anciens ou auto-construits. Nous souhaitons à ce
titre pouvoir engager des discussions avec les communes sur les sujets
spécifiques qui les concernent. Des premiers contacts ont déjà été pris.
Par ailleurs, les conventions signées aujourd'hui - similaires à celles
octroyées aux fermiers résistants historiques ou à ceux ayant accepté de
laisser leur terres pour le projet d'aéroport - demeurent pour l'instant
extrêmement précaires.
Nous voulons toujours travailler à des solutions
y compris juridiques pour aller vers une gestion collective et stable
des terres du bocage et des habitats de la zad par une entité commune
issue du mouvement.
Ici comme en bien d'autres lieux, deux modèles s'affrontent et dessinent
pour la planète des avenirs qui divergent. L'un productiviste et
marchand qui ne cesse d'entraîner la désertification rurale, la
disparition des petites exploitations et la dégradation du vivant.
L'autre basé sur le soin des communs, l'accès collectif à la terre et
sur une paysannerie à plus petite échelle qui ne soit pas inféodée à
l'industrie.
Ce qui s'est construit en ce sens au fil des années sur la
zad va bien au-delà de la question agricole. Ce sont d'autres formes
plus solidaires de vie, d'activités, d'habitats ainsi que de proximité
aux plantes et animaux avec qui nous partageons ce bocage.
C'est pour
cette ouverture des possibles que nous allons continuer à lutter.
Dans l'immédiat, cette étape doit signifier enfin la fin de la séquence
des expulsions. Nous n'oublions pas les maisons détruites, les champs
piétinés et les centaines de blessures parfois dramatiques qu'à
occasionné l'opération militaire vengeresse que nous venons de vivre.
Nous n'oublions pas non plus la solidarité et l'ensemble de gestes de
soutien reçus de partout, mais nos plaies restent ouvertes.
Les forces
de gendarmerie doivent maintenant se retirer du bocage au plus vite. Ses
habitant.e.s et ceux des alentours doivent pouvoir de nouveau circuler
librement, reprendre les travaux des champs sans entrave et retrouver
une certaine sérénité.
Les enjeux pour l'avenir de ce territoire
appelleront sans nul doute à de nouveaux rendez-vous au cours des
semaines et mois à venir, ainsi qu'à converger avec d'autres combats.
Le 4 juin 2018
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