"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
jeudi 12 janvier 2012
Cent jours pour rendre l’espoir - par Raoul-Marc Jennar
Le 22 avril 2012 au soir. Un moment de notre vie. Un moment de notre histoire.
Il y a ceux qu’on appelait autrefois les bourgeois, qui n’ont pour seul souci que l’accroissement de leurs privilèges et de leurs profits. Ils auront, ce jour-là, voté Sarkozy, bien évidemment. Certains, déçus par un président inculte, agité, vulgaire, imprévisible, trop nouveau riche qui fait tache, trop au service de son clan, auront voté Bayrou ou Hollande, des candidats somme toute assez rassurants pour le système. Avec la certitude que, quel que soit le vainqueur du deuxième tour, pour l’essentiel, rien ne changera. La crise, ce n’est pas eux qui la paieront. La variable d’ajustement restera la même : les salaires, la politique sociale et les services publics.
Il y a ceux qui travaillent, mais qui ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts et qui regardent le 20 du mois approcher avec angoisse. Ceux qui n’ont pas de travail et se désespèrent. Ceux qui ne peuvent pas se payer des études. Ceux que leur retraite ne permettent plus de vivre décemment. Ceux qui font les poubelles pour trouver de quoi se nourrir. Ceux qui n’ont pas de logement. Ou pas de papiers. Qui s’en soucie ?
Nous écoutons la radio. Nous regardons la télé. Nous lisons les journaux. Et qu’observons-nous ? Une agitation qu’on fait passer pour de l’action. Des engagements d’un jour abandonnés le lendemain. Des querelles de personnes. Des querelles de mots. Des paroles qui se veulent fortes et qui ne convainquent plus personne. Du vent. De l’illusion. Un formidable décalage entre la scène politicienne et le vécu des gens au quotidien. Une perte abyssale de crédibilité d’une classe politique très largement discréditée.
Droite et gauche de gouvernement n’ont pas cessé depuis trente ans de dire une chose avant l’élection et de faire son contraire après. Et ils continuent avec une allégresse sidérante. Pour le plus grand profit d’une extrême-droite qui capitalise sur le désarroi. Avec une droite qui aujourd’hui flirte avec les fondamentaux du fascisme et une gauche qui se prostitue avec le libéralisme.
Qu’ils dégagent ! Voyons ailleurs !
Jean-Luc Mélenchon est un tribun. Il en a les qualités et les défauts. C’est un professionnel de la politique. Il en a les mérites et les travers. Je partage avec lui la même admiration pour Jaurès, la même défense d’un certain idéal républicain et laïc, la même volonté de voir s’ériger une authentique république sociale, la même idée d’une autre Europe. Comme lui, j’appelle de mes vœux une révolution citoyenne conduisant à une nouvelle république. Comme lui, je perçois l’urgence écologique. Mais je suis assez loin de lui sur des questions comme l’autogestion, les cultures et langues régionales, la répartition des pouvoirs dans la société et ce que j’appellerai la diffusion des contre-pouvoirs. Cela étant, il a été choisi par un assez large rassemblement de partis et de mouvements à la gauche du PS pour incarner lors du scrutin présidentiel une véritable alternative démocratique, sociale et écologique. A ce titre, il a droit à notre soutien parce que ce n’est plus de lui dont il s’agit, mais de l’avenir d’une vraie gauche en France et du sort de millions de personnes.
Si on se place dans la longue durée, l’enjeu du 22 avril est capital : il s’agira de savoir, au travers du résultat obtenu par Jean-Luc Mélenchon, s’il existe en France une vraie gauche, un vrai courant écosocialiste. De l’existence d’un tel courant politique dépendra la suite : l’asservissement durable au capitalisme, à l’injustice et à l’inégalité ou l’aube d’une résistance conduisant à la libération, à l’émancipation.
Il n’y a pas de fatalité. Ce que nous subissons n’est pas inévitable. Il y a d’autres voies que celles imposées par le système pour sortir de la crise. Nous ne devons pas succomber à la peur dans laquelle le système – droite et gauche de gouvernement à l’unisson avec le MEDEF et les banquiers – veut nous paralyser. Le Front de Gauche, conseillé par des économistes qui n’oublient jamais que derrière les chiffres il y a des vies, avance de vraies propositions alternatives. On peut faire autrement sur la question de la dette, sur la question de la mondialisation, sur l’Europe et l’euro. On peut faire autre chose que ce qui nous est imposé par la droite ou proposé par le PS.
En ce 9 janvier, on ne peut se contenter du 6% accordé par les sondages au candidat du Front de Gauche. Un tel résultat indique que beaucoup doit encore être fait pour libérer les victimes du capitalisme de la peur, pour rendre confiance et redonner espoir. Beaucoup doit encore être fait pour que la lucidité s’impose sur ce qu’est aujourd’hui le PS et son candidat.
La classe ouvrière, par le passé, a obtenu des succès, a réussi à améliorer son sort chaque fois qu’elle a pris conscience de sa force, chaque fois qu’elle s’est rassemblée sur de véritables objectifs démocratiques et sociaux qui faisaient reculer le capitalisme. Ces objectifs, aujourd’hui, seul le Front de Gauche les propose.
Alors ! Ce que nos aînés ont fait, nous pouvons le faire à nouveau. Pour un avenir différent de celui que nous proposent ceux qui n’ont que la rigueur comme solution.
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