lundi 7 novembre 2011

"Tout est encore possible !" - Discours de Françoise Verchère au départ de la tracto-velo


Comme vous le savez, le CéDpa vient de rendre publics les résultats de l’étude qu’il avait commandée à un bureau d’études économiques hollandais, spécialisé dans l’analyse des coûts/bénéfices des grands investissements.


Nous avons voulu nous situer sur le terrain des gens sérieux, vous savez ceux qui pensent l’avenir, ceux qui voient dans le développement infini des lendemains qui chantent, ceux qui nous traitent de doux rêveurs quand nous disons qu’il faut ménager le monde plutôt que l’aménager, qu’il faut préserver l’eau, l’air, le sol, pour mieux vivre et peut-être pour continuer à vivre tout court sur cette terre. Et sur ce seul point de vue économique, traduit en espèces sonnantes et trébuchantes, l’étude prouve que, contrairement à ce qui a été montré en 2006 pour justifier le projet, la construction d’un nouvel aéroport n’apportera pas un gain, mais bien un déficit compris entre 90 et 600 millions d’euros selon les scenarios. A l’inverse, réaménager enfin Nantes Atlantique, l’agrandir s’il le faut, le connecter aux transports collectifs se solderait par un gain pour la collectivité. Evidemment, avant même d’avoir regardé de près l’étude, certains porteurs du projet ont crié à la partialité : notre étude ne serait pas valide parce que nous l’avons payée pour démontrer notre thèse ! Tiens, tiens… Nous payons plus de 20 000 euros un cabinet spécialisé qui n’a aucun intérêt à se discréditer, et ce ne serait pas valable ! Mais souvenez-vous, quand le Conseil Général a réalisé en interne, dans ses services, une étude sur le réaménagement de Nantes Atlantique qui a conclu – comme c’est curieux – que c’était totalement déraisonnable, on nous a demandé d’y croire !



La réalité, c’est bien pourtant que ce que nous avions les uns et les autres souligné comme incohérences, risques, bizarreries dans le dossier, se trouve aujourd’hui effectivement analysé par des spécialistes. Et que les fondements même du dossier de Déclaration d’Utilité Publique sont ainsi ébranlés. C’est pourquoi nous demandons désormais l’abrogation de cette D.U.P. On va encore nous répondre que « c’est trop tard », mais nous ne céderons pas, parce que contrairement à ce que disent les pro-aéroports, de nombreuses étapes restent à franchir pour eux. Tout est encore possible !


Je sais que notre cause est juste, je sais que notre caravane va porter pendant une semaine, non seulement notre refus d’un nouvel aéroport, mais aussi l’exigence d’une nouvelle manière de penser l’avenir, d’imaginer notre territoire et de vivre mieux ; je sais que notre lutte n‘est pas seulement un enjeu local, mais qu’elle signe notre refus d’accepter le monde qu’on veut nous imposer « pour notre bien » probablement, mais contre nous. Je sais que notre lutte se renforcera à Paris d’autres combats parallèles et identiques dans leur finalité. Je sais que notre cause est juste, mais je ne suis pas sûre pour autant que nous soyons entendus. Nous vivons en effet une époque moderne comme le dit le chroniqueur, où l’on marche sur la tête tous les jours et dans tous les domaines : on a un aéroport plébiscité et récemment primé, qui n’a en rien freiné le dynamisme de l’agglomération, et on nous explique qu’il est nul et qu’il faut refaire le même 20 km au nord ! On dit qu’il n’y a plus un sou dans les caisses, mais l’on prête de l’argent public à Vinci, à qui on a déjà bradé les bijoux de famille qu’étaient les autoroutes, et on va l’autoriser pendant 55 ans à faire des profits avec un aéroport et des parkings ! On dit qu’on veut reconquérir la qualité des eaux, mais l’on s’apprête à massacrer les zones humides de ce secteur remarquable. On sait pourquoi il y a des algues vertes en Bretagne – et sur nos côtes – depuis cet été, mais on autorise une augmentation des rejets d’azote au milieu naturel. On dit qu’il faut réguler les marchés et on se satisfait de le dire sans rien leur imposer. On applaudit les élections libres en Tunisie, mais on trouve scandaleux de questionner le peuple Grec sur l’avenir qu’il veut se donner. Bref, on dit et on ne fait pas, ou pire on dit qu’il faudrait faire telle ou telle chose, et on fait le contraire.


Il ne suffit donc pas malheureusement d’avancer des arguments objectifs, des chiffres, d’avoir raison rationnellement, car en face on est dans la foi, dans la répétition martelée d’arguments d’autorité : « c’est trop tard, c’est parti, c’est pas nous » ou de formules incantatoires : le développement, l’emploi… Pour un peu, ne pas faire Notre Dame des Landes, ce serait comme faire imploser l’Europe, s’effondrer l’Euro, condamner nos enfants, vêtus de peaux de bête sans doute, à rester terrés dans leurs villages en s’éclairant à la bougie et en faisant du vélo ! Mais nous ne céderons ni à cette culpabilisation stupide, ni à la pensée unique. Je ne suis pas encore sûre que nous gagnerons, mais nous continuerons à déconstruire le discours des partisans de l’aéroport, nous venons de le faire avec le volet économique, nous le ferons sur le sujet de la sécurité, argument émotionnel que l’on nous sert désormais régulièrement. Nous le ferons enfin sur le sujet environnemental dont les porteurs de projet ont totalement sous estimé l’importance. Nous pourrons même leur fournir les arguments pour qu’ils renoncent sans perdre la face. Nous voulons même bien qu’ils aient l’impression de décider eux même d’arrêter.


Il y a un bout de chemin à faire avant Paris, où nous avons demandé à être reçus par la Ministre de l’Ecologie et par les présidents des groupes parlementaires. Il y a encore un bout de chemin avant de pouvoir dire qu’on a gagné. Il faut se mettre en route pour Paris, il faut continuer le combat !


Françoise VERCHERE, co-présidente du CéDpa

2 commentaires:

  1. merci aux camarades qui font ce blog car il est excellent.
    bien présenté et agréable à lire bon courage à tous.

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  2. Un oubli de nos camarades des Alternatifs : Françoise Verchère est membre du Parti de Gauche

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