"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
vendredi 2 août 2013
Notre-Dame-des Landes : du blé dans nos champs, pas dans leurs poches par Laurent PINATEL, porte-parole pour le secrétariat national de la Confédération paysanne
Nous ne pouvons plus accepter ni tolérer la destruction d’emplois paysans, le gaspillage de terres agricoles. L’agriculture a perdu 160 000 emplois paysans en 10 ans dans la plus grande indifférence.
Si l’on en croit les discours politiques, l’artificialisation des terres agricoles est un mal à combattre absolument ! Nous avons entendu François Hollande le dire à Rennes en septembre, puis à nouveau, de manière forte, lors de la conférence environnementale. Pourtant, depuis des décennies, pour chaque projet routier, d’urbanisation, de plate-forme de distribution, de zone d’activité… on exproprie et on s’accapare la «rase campagne» au détriment de l’agriculture et des paysans.
Nous, militants de la Confédération paysanne, ne pouvons plus accepter ni tolérer la destruction d’emplois paysans, le gaspillage de terres agricoles. Nous sommes opposés à ce projet emblématique des luttes foncières actuelles car nous refusons que l’activité agricole serve de variable d’ajustement et soit sacrifiée sur l’autel d’un développement économique débridé.
A l’heure des défis alimentaires et énergétiques à relever, à l’heure où il faudra produire mieux avec moins, le gaspillage de la terre agricole est une aberration. La terre arable, la terre nourricière, est un bien à préserver et non à massacrer, à bétonner, à détruire… C’est inscrit dans tous les projets d’aménagement et de développement durable. Maintenant, il faut le faire !
L’agriculture a perdu 160 000 emplois paysans en 10 ans – l’équivalent de deux plans sociaux PSA/Citroën par an – dans la plus grande indifférence. Les supermarchés sont largement approvisionnés, alors quelques dizaines de paysans en moins ici et là, qu’est ce que ça change ?
Dans ce grand concert ou chaque ministre donne de la voix contre la désindustrialisation, contre la mondialisation, contre le libéralisme sauvage… doit on comprendre que l’agriculture n’est pas concernée par ces pseudos intentions vertueuses ?
Alors aujourd’hui comme hier, nous soutenons les paysans qui défendent leur métier, qui résistent et qui luttent pour préserver leur outil de travail : la terre, ici à Notre-Dame-des-Landes, mais aussi dans le Gard sur la ZAD golfique (Zone d’aménagement différé, projet d’aménager une zone résidentielle et touristique assortie de deux terrains de golf, ndlr) dans le Morvan, à Avignon, comme dans tous les pays où ce fameux dogme du développement économique justifie tout, autorise tout, agresse et martyrise les plus faibles et génère des wagons d’exclus au profit des plus nantis, des plus riches.
De nombreux jeunes veulent devenir paysans, veulent travailler dans et avec la nature, veulent cultiver la terre, veulent produire pour approvisionner les marchés de proximité ou les cantines scolaires, nourrir leurs voisins, participer au développement économique de leur territoire.
Alors pour eux, pour nos enfants, pour tous ceux qui veulent continuer à vivre de la terre, nous refusons l’implantation de cet aéroport à Notre-Dame-des-Landes. La campagne massive de désinformation menée par les tenants de ce projet périmé n’a que trop durée ! Il existe déjà un aéroport qui peut être adapté pour répondre aux besoins d’échanges actuels et à venir. Il est encore temps d’arrêter l’escalade, d’arrêter cette fuite en avant !
Les egos surdimensionnés de certains «barons» locaux nous interpellent sur la façon de penser et de concevoir la démocratie dans ce pays ! L’entêtement intolérable des promoteurs de ce projet, leur autisme face aux interpellations des citoyens est révélateur d’un état d’esprit.
A leur condescendance et leur mépris nous, paysans de la Confédération paysanne, répondons par cet invincible espoir, par cette inébranlable confiance en l’Histoire en marche, l’Histoire qui condamne ce projet définitivement inutile ! Alors, ce week-end à Notre-Dame-des-Landes, nous serons nombreux à crier, clamer une nouvelle fois que ce projet doit être retiré dans les plus brefs délais.
Etre en phase avec les enjeux sociaux, donner un avenir à l’agriculture, relever les défis environnementaux, être cohérent, être ambitieux, voire visionnaire, c’est pour François Hollande renoncer définitivement à cet aéroport. Ce week-end encore, et ensuite s’il le faut, nous saurons le lui rappeler !
(cette tribune a été publiée dans le quotidien Libération)
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