lundi 22 mars 2010

Régionales 2010 : l’échec et les espoirs.


Rouge et Vert, le journal national des Alternatifs, revient largement sur les résultats du 1er tour des régionales. Nous publions ci-dessous les premières réflexions rédigées par les Alternatifs 44 au lendemain de ce premier tour en Pays de Loire.

Pour une poignée de voix, 43 très exactement, la liste unitaire de la gauche de gauche en région Pays de Loire n’a pas atteint la barre des 5%. Ces 4,997% concrétisent les faiblesses d’un rassemblement qui promettait, comme ailleurs en France, un résultat a priori plus près de 10% que de 5%, notamment au regard des résultats des européennes de 2009 où le NPA avait obtenu 4,80% et le Front de gauche 6,01% sur la région administrative, et à celui des régionales de 2004 où la liste commune LO-LCR avait atteint 6,07% (avec une abstention de seulement 38,12%).

C’est dans les quartiers populaires des villes ouvrières de Sarthe et de Loire Atlantique - région nazairienne et agglomération nantaise notamment - que nous avons obtenu les meilleurs résultats, dépassant fréquemment la barre des 10%. Mais la forte abstention dans ces quartiers populaires - supérieure à 80% dans certains bureaux de vote de l’agglomération nantaise - nous a très nettement pénalisés. Elle témoigne de notre difficulté à rendre audible et crédible notre message politique auprès des femmes et des hommes les plus frappées par la crise.

Le lancement tardif de la campagne, début janvier seulement, après de longs mois de débats et de négociations au sein des organisations d’abord puis entre PCF, PG, Gauche Unitaire, NPA, FASE et Alternatifs, n’a pas facilité le déploiement d’une campagne politique de masse et de proximité. Et la nature des désaccords, notamment sur le poids supposé des électorats des différentes composantes, le NPA exigeant et imposant par exemple le tiers des candidat-e-s, apparaît aujourd’hui bien dérisoire !

D’autres facteurs, telle la division du PCF avec trois fédérations, Loire Atlantique, Maine et Loire et Mayenne, faisant le choix de s’allier au 1er tour avec le PS, ou celle du NPA, avec une forte opposition interne à l’accord majoritaire et une fédération, en Vendée, refusant de participer à la campagne commune, ont évidemment pesé. Mais le plus important est que nous n’avons pas su compenser ces handicaps, notamment auprès des électrices et électeurs des quartiers d’habitat social, malgré l’engagement remarqué de nombreux responsables syndicaux en faveur de la liste « tous ensemble la gauche vraiment ».

L’accord sur le programme, à la rédaction duquel nous avons fortement contribuée, n’a pas toujours été simple, notamment en matière d’écologie et de claire opposition au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes (la tradition politique du PCF 44 étant un soutien sans réserve à ce projet, la rupture n’a pas été simple y compris chez les militant-e-s unitaires qui ont œuvré à la campagne commune). De fait, si cette question a bien été au cœur de la campagne, avec le plus important rassemblement militant de la campagne à Nantes le 6 mars à l’arrivée de la tracto-vélo (3000 manifestant-e-s, et une forte présence de la liste commune), nous n’avons pas été perçus par les populations les plus directement concernées, et les plus mobilisées, comme les porteurs de cette opposition. (A Notre Dame des Landes même, Europe Ecologie a cartonné avec 33,3% des voix … devant le MODEM à 19% et loin devant notre liste unitaire à 6%).

D’autres considérants sont aussi remontés dans notre réunion de bilan : peu de visibilité dans la presse locale de la pluralité de notre liste, réduite le plus souvent à une alliance Front de Gauche - NPA, l’affaire de candidature de la militante NPA voilée a aussi beaucoup choqué, notamment chez les courants féministes.

Mais, la déception (en partie) dépassée, reste aussi un riche bilan porteur d’espoirs. Au fil des semaines, nous avons appris et apprécié à militer de mieux en mieux ensemble, relativisant les soupçons initiaux quand la moindre virgule était discutée, ce qui bouffait de l’énergie et du temps sans doute plus utile ailleurs, en comprenant que la confrontation de nos différentes cultures était utile et nécessaire pour continuer à construire cette «Autre Gauche» qui manque si cruellement dans le paysage politique local et national.

Le dernier meeting régional de la campagne, le 10 mars à Nantes, malgré son boycott très politique par Marie-George Buffet, Olivier Besancenot et, plus surprenant, par Jean-Luc Mélenchon, (mais en présence de Jean Jacques Boislaroussie, très apprécié), avec près de 800 participant-e-s, a témoigné de l’attente et de l’espoir de ce rassemblement unitaire.

Nos résultats montrent que nous avons encore beaucoup de travail à faire pour convaincre et réunir, nous y parviendrons en poursuivant dans la voie ouverte pas cette campagne unitaire, dans les luttes et dans les urnes. Ensemble, tous ensemble.

Fédé 44

PS) Pour s'abonner à Rouge & Vert, il suffit d'envoyer un chèque de 50 euros à Rouge & Vert 40 rue de Malte 75011 Paris.

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