"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
mardi 2 août 2011
Grève du 115 mardi 2 août : sit-in devant la Préfecture de Nantes à l’appel du Collectif Urgence Précarité 44 à partir de 19h.
Les conséquences des coupes budgétaires, ce sont les plus pauvres des pauvres qui en pâtissent les premiers. Et les professionnels de l’urgence sociale laissés sans moyens pour répondre aux situations de détresse auxquelles ils et elles sont confronté-e-s et qui n’en peuvent plus de devoir gérer les mensonges du gouvernement.
Les Alternatifs 44 soutiennent la journée de grève des personnels des 115 et s’associent à l’appel du Collectif Urgence Précarité 44 et des professionnels de l’urgence sociale à Nantes à un rassemblement sit-in à partir de 19 h et toute la nuit devant la préfecture de Nantes mardi soir 2 août.
Au cœur de l’été, la solidarité ! Et la lutte implacable contre Sarkozy et son gouvernement !
Nous publions ci-dessous un article de Nicolas de la Casinière, paru dans le quotidien Libération de ce jour, qui décrit bien la réalité nantaise.
A Nantes, le 115 ne répond plus
Le Samu social, en grève, proteste contre le manque de moyens.
La rue est laissée à elle-même ces jours-ci à Nantes : le Samu social est en grève depuis une semaine. «On ne peut plus appliquer la loi sur les exclusions de 1998. Impossible avec un effectif de cinq postes et demi, deux fois moins qu'à Montpellier. Ici, le Samu social est purement symbolique, explique Damien Poyet, un des éducateurs. Tout le système d'accueil d'urgence est sursaturé. Nous ne disposons que de quatre places pour hommes dans un foyer d'accueil, alors que dix à quinze sans-abri sont en attente et doivent dormir dans la rue. Sans compter quelque vingt cinq autres qui ne font pas appel à nous et restent de toute façon dehors.»
Errance. La petite équipe nantaise ne voit pas comment assurer ses missions, aller à la rencontre de ceux, très clochardisés, qui ne demandent rien, recréer du lien social, répondre aux demandes d'hébergement qui passent par le 115 et enfin servir d'observatoire pour informer des situations de grande exclusion. D'autant que, depuis septembre, elle doit aussi accueillir les familles étrangères en attente de statut, couples et femmes seules avec enfants, femmes enceintes. Certaines, renvoyées de Paris, ont échoué à Nantes sans même savoir le nom de la ville.
Ainsi, trente-cinq de ces familles de Géorgie, d'Ukraine et d'Afrique noire sont hébergées dans des hôtels. Le Samu social paye la note à l'avance, la Direction des affaires sociales rembourse. Un soixantaine d'adultes, une cinquantaine d'enfants ballottés d'un hôtel à l'autre, certains depuis un an. «Beaucoup y sont dans des situations très précaires, inhumaines, contraints de déménager souvent pour libérer les chambres, réservées antérieurement. Ils sont obligés de manger froid, biscuits, sandwiches... Un seul hôtel leur a ouvert sa cuisine et son lave-linge. Il y a des cas de malnutrition d'enfants», ajoute Damien Poyet. Avec ses collègues, il estime possible d'ouvrir une trentaine de places d'urgence dans divers foyers et à l'hôpital qui ferme ces lits hors des périodes de grand froid. «On nous promet un infirmier psychiatrique depuis huit mois, alors qu'il en faudrait quatre, et quatre postes d'éducateur.»
«Onde de choc». Géré par l'association Francisco Ferrer, le Samu social est doté de 1,2 million de francs (182 938 euros) de subventions, Ddass et Drass étant les principaux financeurs, avec la mairie de Nantes et la SNCF. Michel Dmuchowski, directeur de la Ddass, dit comprendre les revendications des grévistes «liées à l'onde de choc des demandeurs d'asile qui avait épargné Nantes jusque-là. Mais je n'ai pas de marge de manoeuvre : les bons d'hôtel (pour rembourser les hébergements) ont déjà été dotés par le ministère, pour l'année 2001, de crédits supplémentaires se montant également à 1,2 million de francs (182 938 euros). Je n'ai pas de crédit caché ou inutilisé. On ne pourra pas augmenter l'effectif».
«On claque la porte.» «La Ddass nous a clairement demandé de ne pas prendre en compte les nouvelles familles d'étrangers en demande d'asile. C'est clair, par crainte de l'"appel d'air", on claque la porte et on ferme à clé», dit Damien Poyet.
«On en est arrivé à demander à chacun où il en est de son statut, à faire de la sélection. C'est aberrant !», soupire Chantal Marhadour, la seule infirmière de l'équipe de rue. «Jusqu'à présent on a bricolé sans faire de vagues. On fait tampon entre la rue, les riverains et les structures. Ddass, mairie, tout le monde en est conscient, mais aucun moyen ne nous est donné. On ne peut plus assurer l'accueil immédiat, inconditionnel et anonyme garanti par la loi.».
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