"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
lundi 23 février 2015
Retour de la crise politique,par François Calaret
L’usage précipité du 49.3 par Manuel Valls pour imposer l’adoption du projet de loi Macron à l’Assemblée Nationale a fait l’effet d’un véritable coup de tonnerre. Encore une fois, « rien ne se passe comme prévu » comme le répète François Hollande...
Les astres semblaient pourtant bien alignés pour le gouvernement. L’exécutif, bénéficiant d’un léger regain de popularité, instrumentalisait à plein « l’esprit du 11 janvier » pour affaiblir l’opposition à sa politique. Même l’élection partielle du Doubs avait permis de conserver un siège de député pour le PS. La contestation interne au sein de celui-ci apparaissait partiellement maitrisée grâce à l’habileté manœuvrière de Cambadélis…
En quelques heures, tout s’est écroulé. Et le pouvoir socialiste a révélé sa faiblesse profonde, son incapacité à rassembler une majorité de députés pour approuver sa politique libérale.
Deux obstacles ont fait irrémédiablement trébuchés le tandem Valls – Macron. D’abord la convergence forte qui s’est construite progressivement dans l’opposition à ce projet de loi entre des députés du Front de Gauche, d’Europe Ecologie, de Nouvelle Donne, des « Frondeurs » du Parti Socialiste, notamment autour de la question du travail du dimanche.
Il est révélateur que cette convergence se soit forgée, au nom d’une vision de la société, de la préservation du temps libre, que tout ne devait pas être soumis à la marchandisation du temps, des êtres humains… C’est à dire au nom d’une vision alternative de la société et pas simplement en défense d’un acquis.
Ensuite, les débats parlementaires ont révélé l’incapacité du gouvernement à s’assurer le soutien de députés du centre droit, auxquels il n’a pu donner les gages suffisants (sur les seuils sociaux notamment ce qui aurait accru les tensions à gauche) et qui restent fondamentalement polarisés par l’UMP.
Cet épisode relance une crise politique qui est en fait quasi consubstantielle à l’arrivée de Manuel Valls au poste de premier ministre. Dès le départ, il s’est affirmé comme une premier ministre déterminé à imposer coûte que coûte sa politique. Le « putsch gouvernemental » de septembre 2014 qui a provoqué le départ des ex-ministres Montebourg, Hamon et Fillipetti en avait été le point d’orgue.
Dans sa pratique gouvernementale, Manuel Valls, encouragé en ce sens par François Hollande, s’est engagé dans une logique de plus en plus autoritaire et brutale d’autant plus affirmée que leur popularité s’effondrait. Il ira jusqu’à interdire les manifestations de solidarité avec la Palestine en juillet 2014 et ordonnera une répression policière massive de la contestation du Barrage de Sivens, qui provoquera la mort de Rémi Fraisse.
L’usage du 49.3 qui vient d’être faite par Manuel Valls fait éclater au grand jour cette faiblesse politique du pouvoir en place et ouvre des potentialités importantes. D’abord cela renforce la recomposition politique à l’œuvre entre forces politiques et sociales de gauche qui cherchent une alternative à la politique libérale de François Hollande.
Le fossé entre les deux orientations qui fracturent la gauche est revenu au premier plan. Et la question du contenu de la politique économique et sociale va être redoublée du débat sur la pratique du pouvoir, l’adaptation à la Vième République, la nécessité d’une refondation démocratique…
Emmanuel Macron la figure montante du social libéralisme a pris du plomb dans l’aile. Il faut favoriser toutes les initiatives qui permettent de montrer qu’il existe une alternative.
Mais l’essentiel va se jouer dans la poursuite du débat sur la loi Macron. La question de la motion de censure, que les députés de Front de gauche ont annoncé voter pour protester contre le caractère anti démocratique de ce coup de force, n’est qu’une conséquence de l’usage du 49.3, qui ne marque pas la fin du débat.
Les étapes décisives vont se jouer dans la suite du débat parlementaire au Sénat et surtout à l’Assemblée si le projet de loi Macron y est de nouveau soumis. Il est nécessaire de tout faire pour rendre possible la mobilisation sociale et les initiatives politiques les plus larges possibles pour faire apparaître l’opposition du pays à cette politique.
La journée d’action du 9 avril appelée par les organisations syndicales CGT, FO et Solidaires va percuter le débat sur la loi Macron. Un échec du gouvernement sur ce projet de loi marquerait une victoire politique décisive de notre camp social.
François Calaret - Ensemble !
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