lundi 31 août 2015

« Contre vents et marées, François de Rugy défend la politique libérale et productiviste du gouvernement», entretien avec Elise Lowy

   
Pour Élise Lowy, conseillère régionale, membre du bureau exécutif de EE-LV et porte-voix de La Motion participative, la démission de François de Rugy résulte du soutien à une ligne gouvernementale de plus en plus désavouée au sein du parti écologiste. 

Regards. Comment avez-vous réagi à l’annonce de démission de François de Rugy ?


Élise Lowy. Je n’ai pas été surprise. C’est un aboutissement logique au regard de ce que l’on voit se profiler depuis des mois. Les lignes bougent à l’intérieur d’EE-LV et les défenseurs de François Hollande ont perdu du terrain. François de Rugy incarne depuis toujours une orientation proche du PS. Il n’est pas étonnant qu’il tire aujourd’hui les conclusions de son isolement.
Contre vents et marées, il défend la politique libérale et productiviste du gouvernement alors qu’une majorité croissante de militants refuse de soutenir cette orientation pro-gouvernementale, qu’ils soient sur une ligne d’autonomie stricte ou d’alliance avec le Front de gauche. Par ailleurs, François de Rugy n’a pas un sens très poussé du collectif. Il fait partie de ces élus qui privilégient une carrière très personnelle.

Est-ce que le timing de son départ a à voir avec le remaniement qui pourrait se advenir dans les jours ou semaines qui viennent, à la suite du départ de François Rebsamen ? 

C’est fort possible. François de Rugy veut donner des gages à François Hollande.


Il est étonnant que François de Rugy soit parti seul… D’autres leaders vont-ils le suivre ? 

J’attends de voir ce que va faire Jean-Vincent Placé, notamment… Nous n’avons aucun élément sur un éventuel mouvement collectif dans ce sens. Les problèmes de fonctionnement interne ont nous ont empêchés de mener une clarification stratégique de manière démocratique et collective. C’est ce qu’il faut obtenir rapidement. Nous tenons un Conseil fédéral à la mi-septembre et je crois qu’il est temps que cette clarification stratégique ait lieu. Il est important de noter que, dans aucune région, EE-LV n’est parti dans un tête-à-tête avec le PS. La rupture avec les choix gouvernementaux est consommée, c’est le contour du rassemblement alternatif qui fait débat. S’il ne faut pas brusquer les rythmes militants, je pense qu’EE-LV avance aujourd’hui dans le bon sens.

Quel bilan tirez vous des journées d’été d’EE-LV qui ont été traduites par les médias comme un grand moment de brouille interne ? 

Ce n’est pas la réalité de cette université d’été. Une bulle médiatique s’est créée alors que nous n’avons même pas vu Jean-Vincent Placé ou François de Rugy ! Les militants ont travaillé sur le fond, ont discuté des élections régionales et des rassemblements écologistes ou avec le Front de Gauche, ont préparé la COP21 avec la Fondation de l’écologie politique, etc. Les débats ont été très riches et n’ont rien eu à voir avec la lecture qu’en ont faite les grands médias. Par ailleurs, dans les plénières et les forums, nous avons constaté un intérêt notable pour la reconstruction d’une alternative écolo radicale, qui s’affirme en rupture avec la ligne du PS et du gouvernement.

Que pensez-vous de la candidature de Cécile Duflot pour 2017 ? 

La présidentielle est un piège qui empêche d’avancer dans un cadre commun, au sein d’un rassemblement alternatif large, social et écologiste. Il faut partir du projet, des militants, et trouver ensuite le ou la candidate approprié(e) pour porter cette nouvelle dynamique. La logique des égo et des clans enferme dans des guerres de personnes qui ne permettront pas de faire du neuf, de susciter de l’enthousiasme, d’être à la hauteur des enjeux. La candidature commune qu’il nous faut en 2017 doit être portée par une diversité militante.

www.regards.fr

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