mardi 25 août 2015

Enfants étrangers isolés : un choix politique inacceptable


Dans un entretien à Ouest-France, Mme Padovani, vice-présidente du conseil départemental de Loire-Atlantique tente de justifier le refus de prise en charge de la totalité des mineurs étrangers isolés effectivement présents sur le département. Estimant « nous avons peut-être juridiquement tort, mais parfois il faut savoir poser des actes », la vice-présidente assume l’illégalité de fait des choix politiques du département malgré dix condamnations successives par le Tribunal administratif pour avoir laissé ces enfants à la rue (1).

Au constat de l’accroissement du nombre de mineurs étrangers isolés, la vice-présidente du département affirme que les capacités d’accueil du département ont atteint leurs limites, malgré que le département fasse beaucoup avec « l’ouverture de 20 places supplémentaires en décembre 2014 et 40 autres en juin », pour un « budget supplémentaire de 2 millions d’euros ».


Rappelons que le budget 2015 du département de Loire Atlantique est de 1 305 millions d’euros, et donc qu’une dépense supplémentaire de 2 millions d’euros ne représente que 0,15% de ce budget. L’effort consenti est donc financièrement modeste… et assurément pas susceptible de déstabiliser les finances du département.

Il suffit également de rapprocher le nombre des enfants étrangers isolés pris en charge par le département, 272, à la population de moins de 18 ans mineurs habitant le département, 325 000, pour constater que ces enfants étrangers isolés ne représentent que 0,08% de cette tranche d’âge. Un chiffre qui relativise là encore l’effort demandé et rend totalement inadmissible l’affirmation qu’il ne serait plus possible de répondre à leurs besoins d’accueil.

Mme Padovani, indique également, pour s’en féliciter, que le département se situe à la cinquième place des départements français, hors Ile de France, pour l’accueil des enfants étrangers isolés. Notre département, étant, à égalité avec la Seine-Maritime, à la sixième place des départements français hors Ile-de-France (après le Nord, le les Bouche du Rhône, le Rhône, le Pas-de-Calais et la Gironde), cette cinquième place n’est que normale.

Plus inquiétante est l’annonce par la vice-présidente de la volonté de la majorité politique du département « d’améliorer la fluidité » pour l’accueil de ces enfant.  Comment ne pas être indigné quand Mme Padovani explique, sans apparent état d’âme, que dès qu’il devient majeur, l’enfant isolé doit accepter de quitter le dispositif de prise en charge. Que dirait-elle de parents invitant aussi fermement leurs enfants à quitter le domicile familial à leur majorité ? C’est exactement la même chose quand la société est amenée à se substituer à la prise en charge des enfants isolés.

Pour Ensemble !, mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire, rien ne peut justifier le choix politique de la majorité départementale de ne plus accueillir l’ensemble des enfants étrangers isolés présents sur le territoire du département et de ne plus prendre en charge leur éducation. « L’acte posé par le département », selon la formulation de sa vice-présidente, revient à mettre en grand danger des enfants auxquels nous devons accueil et assistance. Ce n’est pas seulement illégal, c’est, moralement et politiquement, inacceptable.

1) Pour rappel la Convention internationale des Droits de l’Enfant indique, dans son article premier, «qu’un enfant s’entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans ». Il nous parait donc plus explicite de parler d’enfants étrangers isolés.

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