jeudi 11 février 2010

Notre Dame des Landes : l’avis des élus ne reflètent pas toujours l’avis du peuple


Dans Ouest-France du 10 février dernier Michel, internaute rezéen, interpelle vivement les Alternatifs sur leur opposition à la construction de l'aéroport de Notre Dame des Landes.Bertrand Vrain a fait parvenir à ce journal la réponse contribution suivante :

Dans l’édition d’hier d’Ouest France, Michel interpelle Les Alternatifs 44 sur leur besoin de reconnaissance et même leur obscurité à propos d’une consultation populaire sur le projet de Notre Dame des Landes que nous appelons de nos vœux. Michel évoque le débat public de 2004 et le vote municipal de 2008 sur un programme qui intègre le projet.

Le programme municipal de « Nantes & plus » précise (proposition 11 page 4) : « Accompagner la décision de l’Etat de construire l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes en veillant aux équilibres sociaux, économiques et environnementaux ». La formulation ne précise pas de transfert et peut donc laisser supposer que les équipements actuels resteront pour assurer la pérennité d’Airbus et des emplois correspondant au Sud Loire ; le discours semble avoir changé.

En ce qui concerne les équilibres, le social est totalement absent des développements puisque le pari du projet (terme utilisé dans les conclusions de la commission d’enquête publique) est de faire appel massivement aux compagnies low cost, compagnies qui, affichant des petits prix, emploient du personnel payé low cost voire pratiquent le travail dissimulé (se référer aux récents jugements sur le sujet) ; on espère que la sécurité ne suit pas la même pente mais là aussi, c’est pas donné puisque les deux incidents lors de survols de Nantes mettaient en scène des low cost.

Pour les équilibres économiques, vous savez sans doute que ces mêmes compagnies sont exonérées de taxes quand elles ouvrent des lignes et qu’elles reçoivent des appuis de la collectivité pour leur développement commercial. De plus pour la construction et l’exploitation de Notre Dame des Landes, le concessionnaire privé pourra recevoir, pendant les 55 ans de la concession, des subsides de Nantes-métropole, du Conseil Général et du Conseil Régional en cas de perte puisque les présidents de ces trois assemblées ont fait voter des délibérations dans ce sens ; voilà pour l’équilibre économique sur le dos des contribuables. A l’évidence, et ce n’est pas faire injure aux brillants économistes des promoteurs du projet, nul ne sait ce que sera la situation dans 55 ans, ni en terme de fréquentation, ni en terme de prix du pétrole.

Pour mémoire, le fameux débat public que vous évoquez pariait sur un pétrole à 60 € le baril en 2025 ; peut être manquait-il un zéro ?

Sur les équilibres environnementaux, restons sobres tellement l’énormité du concept saute aux yeux : pour des déplacements inférieurs à 1000 Km, le transport aérien reste deux fois plus énergétivore que l’automobile et 20 à 30 fois plus que le train. De plus, alors que les politiques publiques, que nous approuvons, disent lutter contre l’étalement urbain et le bétonnage des terres, ce sont 2000 Ha de terres qui seront accaparées par la plateforme et ses infrastructures d’accès ; ça correspond à 12 ans de terres destinées à l’urbanisation au sein du Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) Nantes Saint-Nazaire.

Vous avez raison, Michel de Rezé, de rappeler que tous les recours ont été rejetés mais ce processus n’est pas en soi l’expression de la démocratie directe qui est bien présent pour les élections municipales. Maintenant et sans refaire l’histoire, il n’y a pas de honte à dire qu’on s’est trompé et le verrouillage du débat public de 2004, en refusant toute étude indépendante pour les solutions alternatives présentées, montre bien un désir d’en finir au plus vite avec un débat qui dérive aux yeux des promoteurs du projet : l’argument sécuritaire sans cesse resservi par nos présidents ne tient pas pour les professionnels du secteur, l’argument de saturation n’est même plus mis en avant tant il est indémontrable et seules les réelles nuisances subies par les riverains du Sud Loire, même si elles ont fortement diminuées depuis 10 ans par la stagnation du nombre de mouvements d’avions, appellent des réponses à l’opposé du forcing de la CCI qui refuse de dire Stop aux vols de nuit.

Michel de Rezé, l’avis des élus ne reflètent pas toujours l’avis du peuple : le traité de Lisbonne, refusé en 2004 sous la forme identique du TCE, a été approuvé des 2 mains par nos députés et sénateurs. Il est donc bien pertinent, après les évolutions constatées depuis des années, de demander l’avis du peuple.

Bertrand Vrain, conseiller municipal Alternatif de Nantes.

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Un autre adhérent des Alternatifs 44 a, pour sa part, transmis la réponse contribution suivante :

Etonnante contribution que celle de Michel, internaute rezéen (OF du 10/2) estimant que la construction d’un nouvel aéroport à Notre Dame des Landes avait été validée par les citoyen-nes lors des dernières élections … municipales. Doit-on penser que Michel considère que le vote municipal dans sa commune, Rezé, a tranché le débat, ou, que, peut-être l'élargit-ill à Nantes où le maire M. Ayrault est l’un des principaux promoteurs du projet ?

Ce projet d’aéroport concerne quand même un peu les habitants de Notre Dame des Landes, de Vigneux et de la communauté de commune Erdre et Gesvres. Et il me semble quand même un peu délicat d’affirmer que les élections municipales dans ces communes ont majoritairement validé l’accord des populations avec un projet destructeur de leur environnement et d’un patrimoine rural particulièrement riche. La capacité de certains habitants des commune urbaines à ignorer que des femmes et des hommes vivent dans les zones promises à l’aéroport frise véritablement le mépris !

Quant à faire le constat qu’une élection municipale (pourquoi par les dernière européennes où les listes Europe Ecologie supplantait le PS sur Nantes), c’est quand même se moquer du monde. Tant au centre-droit (MODEM) qu’à gauche (Verts, Parti de Gauche, Alternatifs, NPA, Front de Gauche), nombreux sont les responsables politiques clairement opposés à ce projet.

Mais, surtout, le débat public et contradictoire n’a pas eu lieu, tant sur les données actuelles, saturation ou non de Nantes Atlantique, évaluations écologiques et sociales actuelles, que sur les conséquences, notamment financières, pour les communes et collectivités locales elles-mêmes.

Je crois à l’intelligence des citoyen-nes et à leur capacité à évaluer les données et enjeux du débat actuel. L’organisation d’un débat public et d’une consultation me semblent être une proposition raisonnable et acceptable par tous les démocrates.

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