lundi 7 juin 2010

Université d'été des Alternatifs du 9 au 12 juillet prochain à St Denis : "quartiers populaires, racisme, discrimination, exclusions, héritage colonial"


L' Université d’été 2010 des Alternatifs aura lieu du vendredi 9 au lundi 12 juillet, à Saint Denis (93) à la Bourse du Travail. Un espace extérieur sera aménagé pour des stands et lieux de convivialité.

Le thème retenu :
RACISME, DISCRIMINATIONS, EXCLUSIONS, HERITAGE COLONIAL : QUARTIERS POPULAIRES
ET « CLASSES DANGEREUSES » DANS LE COLLIMATEUR.

Départ collectif de Nantes : s'inscrire directement à 44@alternatifs.org

La panne de l’ascenseur social, la montée du chômage de masse, la précarisation croissante des jeunes, les attaques contre les services publics de proximité, l’accentuation de la ségrégation urbaine, conséquences de la domination du capitalisme néo-libéral, ont des effets particulièrement « dévastateurs de vie » dans les quartiers populaires.

Mais la question sociale ne peut résumer à elle seule la situation de ces quartiers.Les immigrations des dernières décennies proviennent en grande partie des anciennes colonies d’Afrique noire ou du Maghreb et des actuels DOM, départements d‘outre-mer dont la récente lutte du LKP a mis en évidence le caractère colonial. Cependant, il convient de ne pas oublier que l'immigration connaît une très forte mondialisation qui s'est accélérée depuis une dizaine d'années et qu'elle dépasse aujourd'hui largement les limites de l'ex-empire colonial : immigration turque, balkanique, caucasienne, ro, indienne, chinoise, … Noires, arabes, asiatiques, souvent musulmanes ( probablement autour de 4 millions aujourd’hui ) ces personnes, immigrées ou non, souvent de nationalité française, parfois non, vivent majoritairement dans ces quartiers et sont rejetées, stigmatisées, discriminées.

Ces dernières années, l’injonction de l’assimilation comme son pendant – le discours de l’exclusion - ont pris des proportions inquiétantes, souvent relayés par des milieux qui n’étaient pas classés à droite.

Les gouvernements, y compris ceux se réclamant de la gauche, ont réactualisé les images et les expressions qui peuplaient l’imaginaire colonial pour opposer la figure acceptable de « l’immigré intégré » et celle du « sauvageon » ou de la « racaille » délinquante.

Nicolas Sarkozy a construit une partie de sa popularité sur l’intransigeance contre cette « racaille des cités ». Il a bâti une partie de sa campagne électorale de 2007 sur la réhabilitation du grand œuvre colonial : il faut être fier d’être français et naturellement méfiant vis à vis de ceux-celles qui ne le sont pas ou qui menacent « nos valeurs ». Au gouvernement, il a accentué la chasse aux immigrés ; il a stigmatisé à nouveau les habitant-e-s des cités et il a exalté la suprématie occidentale (discours de Toulon puis de Dakar). Il est d’ailleurs difficile de comprendre le sens de la campagne sur l’identité nationale si on ne la situe pas dans le prolongement du nouveau discours dit décomplexé de la droite française depuis quelques années. Il s’agit d’une reconquête idéologique et pratique qui va au-delà du calcul électoral.

Cette situation a nécessairement des conséquences sur la façon dont les populations des cités, notamment les jeunes issus de la colonisation, français pour la plupart, perçoivent leur existence sociale et leur insertion dans la société française. Les sifflets au stade de France lors du match France-Algérie doivent être analysés à la lumière de ce contexte.

La négation des appartenances culturelles, religieuses et d'origine, sous couvert d'universalisme abstrait fabrique du ressentiment, une sur-valorisation des identités particulières et détourne des mécanismes fondamentaux de l’oppression sociale.

Véhiculant l’idée de l’incompatibilité des cultures et alimentant ainsi l’idéologie du choc des civilisations, sous couvert de lutte contre le terrorisme, les impérialismes dominants donnent un coup de fouet à la xénophobie d’Etat et à l’islamophobie ( ou racisme anti-musulman ), cette dernière relayant, sans le faire disparaître, le vieux fonds du racisme anti-arabe. Les nouvelles classes dangereuses, cibles privilégiées des nouveaux dispositifs de sécurité et des violences policières, sont souvent musulmanes et non-blanches.

Le caractère systémique des discriminations a été établi par les recherches en sciences sociales. A l’embauche, dans l’emploi, au logement, dans les loisirs, la consonance du nom et/ou la couleur de la peau sont un véritable mur qui crée une souffrance sociale souvent ignorée et redoublée par la négation de l’existence de ce mur.

Les politiques gouvernementales, de gauche comme de droite, n’ont pas engagé de véritable plan de lutte contre ces discriminations. Au contraire, elles ont contribué à stigmatiser les banlieues populaires et à reléguer leurs habitants au rang de citoyen-nes de seconde zone qui doivent faire la preuve, constamment renouvelée, de leur intégration aux « valeurs de la république ». Les « politiques de la ville » mises en œuvre, privées de moyens, relèvent de cette conception à laquelle a été adjoint le volet sécuritaire ( les fameux « contrats locaux de sécurité ») et répressif.

Les Alternatifs sont un mouvement politique. Ils considèrent la question du racisme et des discriminations comme un problème politique, c’est à dire comme le produit de la domination d’un certain type de rapport social, de la même manière que la domination des hommes sur les femmes et celle du capital sur le travail.

La prise en compte réelle de ces questions et l’élaboration de solutions politiques par l’ensemble de la gauche de transformation sociale et écologique est une condition de son développement. Le nouveau prolétariat des quartiers populaires est le plus souvent victime d’une double oppression, sociale et raciste, et, pour une personne sur deux d’une triple oppression. Le développement de ses propres formes d’organisation est une condition de son émancipation. Mais il faut aussi qu’il « utilise » les mouvements politiques de contestation comme le nôtre et, pour cela, que ces mouvements fassent la preuve de leur capacité à intégrer ses préoccupations.

L’UE 2010 des Alternatifs s’inscrit dans cette perspective. Nous souhaitons qu’elle constitue un moment fort pour s’emparer de ces questions. Nous pensons que l’échange et le débat sur ces thèmes, trop longtemps laissés en friche par la gauche de transformation sociale, a acquis un caractère d’urgence. Nous entendons bien faire de cette université un lieu de rencontre entre tous ceux et celles, mouvements politico-associatifs, organisations politiques, associations de jeunes, intellectuels engagé-e-s …. qui chacun à leur manière luttent sur le terrain pour la justice sociale, contre les exclusions et les discriminations et pour l’égalité des droits.

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