"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
mardi 20 mars 2012
La rivière est sortie de son lit par François Delapierre, directeur de campagne de Jean Luc Mélenchon
Surgissement populaire inédit en pleine campagne présidentielle, la marche pour la Sixième République a rempli deux fois la place de la Bastille au point que le discours de Jean-Luc Mélenchon a dû y être rediffusé pour tous ceux qui n'avaient pas pu y accéder. Tout dans l'événement était hors norme. La détermination des cortèges, la patience obstinée des manifestants bloqués dans le boulevard, la multitude de panneaux faits à la main et de slogans mettant l'imagination au pouvoir. Nous n'étions pas dans un meeting électoral immense et en plein air. Il s'agissait d'autre chose, de l'ordre de l'insurrection citoyenne.
Pour bien décrire ce phénomène, partons de choses connues. Il y avait dans ce dimanche un air de grève ouvrière. Ce moment où les travailleurs disent « ça suffit ». Ou celui qui trime relève la tête, cesse de consentir à l'ordre patronal et en sacrifiant sa paie se choisit d'autres normes. Les entreprises en lutte étaient venues en nombre défiler avec le Front de Gauche et l'on voyait beaucoup de sigles syndicaux dans les cortèges. Il y avait aussi un autre parfum qui évoque les indignés. A voir l'implication créative des manifestants on comprenait que la plupart d'entre eux n'étaient pas dans une logique de délégation du pouvoir et de l'action.
Cette marche évoquait ainsi les luttes de défense des retraites en 2011 ou celles de la Puerta del Sol en Espagne. Mais ce qui la distinguait de tous ces exemples, c'est qu'en France le mouvement social et citoyen qui combat partout en Europe les politiques austéritaires vient de jaillir sous une forme directement politique. En posant directement la question du pouvoir et en le réclamant dans le cadre d'un processus électoral. A quatre semaines du premier tour de la présidentielle, la rivière est sortie de son lit. Elle a débordé les frontières si bien gardées entre lutte sociale et combat électoral. Elle s'est émancipée du combat de personnes asséchant dont la Cinquième République a fait le temps central de la vie politique. Elle ne se satisfait pas de la proximité de l'alternance et réclame sans attendre une vraie alternative. C'est une révolution citoyenne.
C'est pourquoi il y aura un avant et un après 18 mars. Ce n'est pas seulement la campagne du Front de Gauche qui est impactée, propulsée dans notre cas par l'énergie dégagée le 18 mars C'est toute la la présidentielle qui s'en trouve modifiée. En démocratie, le moment de la campagne est très important car le débat qui s'y déroule exprime et produit des mouvements de la conscience collective. Ceux qui aspirent à représenter le pays sont obligés d'en tenir compte. Une présidentielle n'est pas un recrutement prestigieux ou un concours de l'ENA. Il ne s'agit pas d'être le meilleur mais de représenter le peuple et de concourir à l'intérêt général qu'il définit. Dès lors le débat démocratique ne peut se résumer à une série de monologues. Chacun aura donc à répondre au message du 18 mars. Leur faut-il un décodeur ? Aux néo-libéraux européens et aux agences de notation, nous avons dit : « les Français ne se laisseront pas tondre ». A Sarkozy, nous avons dit : « quand tu partiras, n'oublie personne derrière toi ». A Le Pen : « la France est ici, nous sommes de toutes les couleurs et en plus nous nous aimons ». A Hollande : « le changement c'est vraiment »! Et au peuple orphelin de gauche : « le rouge est de retour ». Maintenant l'onde se propage. Et des répliques se préparent. Investissons partout les rues et places avant d'ouvrir la brèche dans les urnes.
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