A leur manière, les hiérarques de l’Eglise catholique ont
décrété la mobilisation contre la promesse du président de la république de légaliser
(enfin) le mariage homosexuel et d’ouvrir une réflexion sur la fin de vie en
invitant, demain 15 août, à prier pour la France pour marquer l'attachement de
l'Eglise à la famille.
Et pour qui douterait du message, ses principaux
porte-parole se répandent dans la presse. Le cardinal Philippe Barbarin, cardinal
de Lyon, réaffirme, dans un entretien au quotidien Le Progrès, son
opposition au mariage homosexuel : «.. Le mariage est l'union d'un homme
et d'une femme. C'est écrit sur la première page de la Bible». Interrogé sur l'adoption d'enfants par les
couples homosexuels, il répond : «Notre désir est que la loi n'entre pas dans
des domaines qui dépassent sa compétence. Un Parlement est là pour trouver du
travail à tout le monde, (…) pour s'occuper de la sécurité, de la santé ou de
la paix. Mais un Parlement, ce n'est pas Dieu le Père».
Dans un second entretien au très réactionnaire Figaro en
date du 13 août, le même Barbarin déclare : « Oui l’heure est grave. C’est
une rupture de civilisation de vouloir dénaturer le mariage, qui est depuis
toujours une réalité merveilleuse et fragile ».
Le PDG d’Ouest-France, François Régis-Hutin, n’écrit pas
autre chose dans le long édito qu’il publie en « une » de son quotidien
du 11 août dernier en affirmant, après un long plaidoyer contre le mariage
homosexuel : « On le voit, ces questions sont fondamentales car elles
touchent le fondement même de la société c'est-à-dire le pacte social qui règle
de fait et de droit les rapports entre ses membres… Notre pays, en proie déjà à
de nombreuses et si graves difficultés, a-t-il besoin de se voir divisé sur de telles
questions ? On sait parfaitement qu’elles résonnent au plus profond des
consciences et qu’une fracture provoquée à ce niveau pourrait avoir des
considérables et irrémédiables conséquences ».
Intéressant aussi de relever la similitude argumentaire
entre l’évêque et le PDG : alors que le journaliste demande au religieux
si cette prise de position n'est pas une atteinte à la laïcité, ce dernier
réagit vivement: «La laïcité interdirait la prière? Est-ce cela que vous me
demandez? Sommes-nous en tyrannie? Allons-nous soumettre nos rites et nos
formulaires au commandement de la pensée unique?». Quand au PDG, il écrit : « Cette
attitude choque certaines personnes qui prétendent que l’Eglise, en exprimant
une opinion sur ces questions, porte atteinte à la laïcité. Mais enfin, la
laïcité est la garantie de la liberté d’opinion, d’expression et de culte. Les
Eglises ou quelque religion que ce soit peuvent s’exprimer en France et ont le
droit de prier pour qui et pour quoi elles le désirent. Prétendre limiter ce
droit serait, en effet, porter atteinte à la laïcité ».
«Ce n'est un scoop pour personne que de dire que l'Eglise
s'oppose au mariage homosexuel. Mais si ce n'est pas un scoop, il doit y avoir
débat », affirmait aussi sentencieusement ce matin sur France Inter le
porte-parole des évêques de France, Mgr Podvin.
Soulignons aussi que cette offensive, réactionnaire et
homophobe - que la droite et l’extrême-droite ne vont pas manquer de relayer - est
lancée en France au moment même où la droite espagnole, soutenue par l’église
catholique, annonce sa volonté d’interdire
l’interruption volontaire de grossesse.
Que François-Régis Hutin et Philippe Barbarin ne disent mot sur
cette remise en cause du droit des femmes – espagnoles mais aussi les
nombreuses française aujourd’hui accueillies dans les cliniques espagnoles - à
disposer librement de leurs corps ne surprendra que celles et ceux qui refuseraient
de prendre la mesure de cette offensive politique réactionnaire et homophobe
contre laquelle il est urgent d’organiser la riposte.
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