Démasquer un ministre socialiste pratiquant la dissimulation et l'évasion fiscales ne peut pas faire de mal. Notamment quand ce ministre est très représentatif, parmi d'autres, de la main tendue, après le poing, par Hollande à la finance, et le propagandiste zélé des sacrifices pour les classes populaire. Et voir s'indigner les journalistes de Cour, qui hier pourfendaient les "procédés douteux" de confrères plus pugnaces, est également assez réjouissant.
Mais les mesures de "moralisation de la vie politique" envisagées par le pouvoir s'attaqueront aux effets, pas aux causes.
TROP DE DEMOCRATIE TUE LA LIBERTE D'ENTREPRENDRE !
Certes, le discours n'est pas aussi clair, pourtant, sous la "gouvernance", qui relègue au rang de vieilleries superflues le conflit politique et social, voire le vote lui même, pointe la tentation autoritaire.
On se souvient de la rage des dominants après la victoire du NON au projet de Traité Constitutionnel Européen en 2005, et leur promptitude à contourner la volonté populaire. Mais la concentration, l'opacité, la mise hors contrôle citoyen des procédures de décision, la sanctification d'une pensée unique économique, le recours a une expertise qui n'est le plus souvent que la voix de son maître, le capital, vont dans le même sens.
Ici comme au niveau de l'Union Européenne, il s'agit de vider la démocratie de tout contenu réel. Et qu'importe, en dernière instance, qu'équipes de "gauche" ou de droite se succèdent, puisque le coeur du système est préservé. Ainsi, il y a quelques semaines, le "Financial Times", bien représentatif des milieux d'affaires britanniques, prenait acte, avant le premier tour des élections italiennes, de l'échec prévisible de Monti, mais s'en consolait facilement en espérant un gouvernement stable de centre gauche a même de garder le cap.
Une refondation démocratique d'ensemble est donc à l'ordre du jour.
Elle doit s'appuyer sur une démocratisation radicale de la démocratie représentative (proportionnelle, parité, non cumul des mandats, lutte contre la professionnalisation...).
Mais elle ne peut s'y résumer : le développement de contre-pouvoirs, la mobilisation populaire, l'expérimentation autogestionnaire, ne sont pas des suppléments d'âme mais un enjeu démocratique central.
De même la conquête de droits nouveaux, politiques et sociaux, est un socle indispensable, notamment dans l'entreprise mais aussi dans le domaine crucial du logement. Enfin la mise hors marchandisation, de larges secteurs comme la santé ou l'éducation est un butoir contre la dictature, molle ou brutale selon les cas, du capitalisme financiarisé.
TOUT CHANGER POUR QUE RIEN NE CHANGE ?
Que les gouvernants ne soient pas des évadés fiscaux n'est pas une mauvaise chose, mais la question clé demeure : resteront-ils/elles les gestionnaires loyaux des intérêts de l'oligarchie ? Le gouvernement garde l’œil rivé sur les taux d'intérêt et les ukases des agences de notation, et il faudra plus que des mesures de moralisation de la vie publique pour changer cette donne.
Reprendre la rue pour ne pas la laisser demain aux fascistes, rejoindre les mobilisations populaires qui s'exacerbent, notamment en Europe du Sud, expliquer, résister, proposer : c'est maintenant !
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