Lors de la Conférence sociale du 20 juin, François Hollande a annoncé
que, dans le cadre de la prochaine réforme des retraites, l’allongement
de la durée de cotisation sera « la mesure la plus juste » face à «
cette chance formidable qu’est l’allongement de l’espérance de la vie ».
Cette voie n’est pas acceptable. Les réformes de 1993, 2003, 2007 et
2010 ont déjà réduit les droits à pensions de plus de 30 %, en aggravant
les inégalités déjà fortes entre les pensions des femmes et celles des
hommes. Elles doivent donc être remises en cause.
Refusons les régressions sociales
« On vit plus vieux, il faut donc travailler plus longtemps », tel est
l’argument qu’on nous rabâche. Mais on oublie de préciser qu’augmenter
la durée de cotisation, c’est en réalité programmer la baisse des
pensions. Baisse immédiate pour tous ceux – chaque année plus de la
moitié des nouveaux retraités – qui passent directement du chômage, ou
de l’inactivité, à la retraite, et qui ne pourront jamais atteindre
cette durée. Baisse à venir pour les nouvelles générations entrées plus
tard dans la vie professionnelle du fait de l’allongement des études et
qui connaissent déjà un chômage massif, aggravé par l’incitation faite
aux seniors qui le peuvent de prolonger leur activité. On oublie aussi
de rappeler que l’allongement de la durée de cotisation et la décote
pénalisent plus fortement les personnes aux carrières courtes, en
majorité des femmes.
L’espérance de vie augmente, mais l’espérance
de vie en bonne santé, elle, diminue depuis plusieurs années. La
souffrance au travail se développe, de nouvelles pathologies
apparaissent. Les plus dures années au travail sont entre 60 et 65 ans.
Les meilleures années de la retraite sont entre 60 et 65 ans.
L’allongement de la durée de cotisation, c’est la double peine. Nous ne
pouvons pas l’accepter.
L’austérité sans fin est suicidaire
Le gouvernement justifie cette nouvelle réforme par l’allongement de la
durée de vie. Mais le déficit actuel ne doit rien au vieillissement de
la population. Il s’explique par la récession qui se creuse en Europe,
détruit des millions d’emplois et diminue les cotisations sociales
induites par l’emploi. Cette récession provient essentiellement des
politiques de réduction des dépenses publiques et de baisse du « coût du
travail » menées partout en Europe par les gouvernements en accord avec
la Commission.
Si, comme cela semble être le cas, le gouvernement
inscrit la réforme dans le cadre de ces politiques, il ne pourra que
retenir des pistes entraînant une nouvelle baisse du niveau des
pensions. Ce qui diminuerait encore le pouvoir d’achat des retraités,
aggraverait la récession et entraînerait une nouvelle hausse du chômage.
Sans qu’au bout du compte les déficits ne soient réduits !
Il est possible de faire autrement
L’augmentation de l’espérance de vie ne date pas d’aujourd’hui. Par le
passé, elle s’est accompagnée d’une diminution du temps passé au travail
et d’une amélioration du niveau de vie, grâce à un partage de la
richesse produite. C’est à nouveau la voie à suivre.
Pour augmenter
le volume des cotisations sociales, il faut en finir avec l’austérité,
relancer l’emploi par une réduction du temps de travail, une
sécurisation de l’emploi, de la formation et du revenu, une augmentation
des minima sociaux, une politique audacieuse d’investissement en
matière sociale et écologique. Une voie supplémentaire, toujours
négligée, pour répondre au besoin de financement des retraites, est la
réalisation de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes,
à la fois par l’accroissement du taux d’activité des femmes, la
suppression des inégalités salariales et la lutte contre le temps
partiel subi. Il s’agit là de choix politiques de justice et de
solidarité.
Il y a plus de retraité-es ? A moins de décréter leur
paupérisation, il est normal de financer leurs retraites en augmentant
leur part dans la richesse produite. Selon le Conseil d’orientation des
retraites, il faudrait, à législation inchangée, un point de PIB
supplémentaire en 2020 pour équilibrer le système de retraite alors que
la part des salaires a chuté d’environ 6 points au cours des dernières
décennies en faveur des dividendes.
Pour une large mobilisation citoyenne
La question des retraites pose celle de la société dans laquelle nous
voulons vivre. La retraite à 60 ans par répartition n’est pas un
fardeau, elle est une transmission continue et solidaire de la prise en
charge d’une génération par la suivante. C’est pourquoi elle dépend
aussi de l’avenir que la société sera capable d’offrir aux jeunes
générations. Nous ne pouvons accepter la paupérisation programmée des
futurs retraité-es, la destruction des solidarités sociales, l’idéologie
absurde du « travailler toujours plus » dans une société productiviste
et inégalitaire. Cet engrenage favorise l’extrême droite et menace à
terme la démocratie. Comme en Europe du Sud et dans bien d’autres pays
du monde, la société doit se mettre en mouvement. Pour y contribuer nous
organiserons partout des réunions, des initiatives de rue, des ateliers
d’éducation populaire et nous soutiendrons les initiatives prises par
le mouvement syndical. Nous voulons un système de retraites solidaire.
Pas un trimestre de plus, pas un euro de moins !
Premiers signataires
Gérard Aschieri (président de l’institut de la FSU) - Clémentine Autain
(FASE) - Ana Azaria (Femmes Egalité) - Marinette Bache (Résistance
sociale) - Guillaume Etiévant (économiste) - Fatima-Ezzahra Benomar (Les
Effronté-e-s) - Michel Barthélémy (CEMS-IMM CNRS) - Nicolas Belorgey
(sociologue, CNRS) - Nicolas Béniès (économiste) - Gérard Berthiot
(vice-président PS de la région Champagne Ardenne) - Sophie Béroud
(politiste, université Lyon 2) - Jean Bigot (producteur de cinéma) -
Martine Billard (co-présidente du Parti de Gauche) - Bernard Bosc
(Réseau Féministe Ruptures) - Jean-Jacques Boislaroussie (les
Alternatifs) - Gérard Billon (CGT) - Jean Marc Canon (secrétaire général
UGFF CGT) - Bernard Cassen (Mémoire des luttes) - Nadine Castellani
(secrétaire nationale CGT-Educ’action) - Jean-Claude Chailley
(Résistance sociale) - Isabelle Charpentier (sociologue, université
Versailles-Saint Quentin) - Chantal Charvy (Femmes Egalités) - Gérard
Chaouat (Bureau national SNCS FSU) - Philippe Corcuff (sociologue, IEP
de Lyon) - Laurent Cordonnier (économiste Lille 1) - Annick Coupé
(secrétariat national de l’Union syndicale Solidaires) - Thomas Coutrot
(économiste) - Alexis Cukier (Editions La Dispute) - Isabelle De Almeida
(présidente du Conseil National du PCF) - Marielle Debos (politiste,
université Paris Ouest Nanterre) - Claude Debons (syndicaliste) -
Bernard Defaix (Convergence de Défense des services publics) - Laure
Delair (Vice Présidente de l’UNEF) - Christophe Delecourt (CGT Finances)
- Karima Delli (députée européenne EuropeEcologie/Les Verts) - Monique
Dental (Réseau Féministe Ruptures) - Ivan Dementhon (président de
l’Union Nationale Lycéenne) - Patrick Désiré (secrétaire général de la
CGT-Educ’action) - Michèle Dessenne (M’PEP porte parole national) -
Jean-Michel Drevon (Etats Généraux du Service Public) - Paul Dirkx
(sociologue, université de Lorraine) - Denis Durand (CGT Banque de
France) - Cédric Durand (économiste, université Paris 13) - Philippe
Enclos (juriste, université Lille 2) - Anne Eydoux (économistes
atterrés) - Anne Féray (Secrétaire Nationale de la FSU) - Gwenaëlle
Ferré (CNDF) - Jacqueline Fraysse (Député des Hauts de Seine FASE-Gauche
citoyenne) - Gerard Gueniffey (retraité CGT) - Jérôme Gleizes
(économiste, université Paris 13) - Jean-Marie Harribey (ATTAC) -
Clémence Helfter (militante d’Osez le féminisme !) - Gérad Filoche
(membre du Bureau National du PS) - Bertrand Geay (politiste, université
de Picardie) - Guillaume Floris (Gauche Anticapitaliste) - Cyril
Gispert (agrégé d’économie) - Lucas Gomez (Les Effronté-e-s) -
Bernadette Groison (Secrétaire Générale de la FSU) - Elsa Hardouineau
(trésorière nationale de l’Union Nationale Lycéenne) - Nordine Idir
(Secrétaire général du MJCF) - Lucien Jallamion (secrétaire général de
République et Socialisme) - Wandrille Jumeaux, (Secrétaire fédéral des
Jeunes Écologistes) - Nicolas Jounin (sociologue, université Paris 8) -
Marianne Journiac (porte-parole de République et Socialisme) - Pierre
Khalfa (co-président de la Fondation Copernic) - Razmig Keucheyan
(sociologue, université Paris 4) - Lucile Koch-Schlund, (Secrétaire
fédérale des Jeunes Écologistes) - Michel Koebel (sociologue, université
de Strasbourg) - Bernard Lacroix (politiste, Institut Universitaire de
France) - Rose-Marie Lagrave (sociologue, EHESS) - Véronique Lamy
(porte-parole PCOF) - Pierre Laurent (secrétaire national du PCF) -
Jacques Le Bohec (professeur de sciences de la communication, Lyon 2) -
Isabelle Le Roux-Meunier (CGT Banque de France) - Alain Lipietz
(économiste EuropeEcologie/Les Verts) - Wenceslas Lizé (sociologue,
université de Picardie) - Marc Mangenot (économiste) - Jean-Claude Mamet
(Convergences et Alternative) - Alain Marcu (secrétariat d’AC) -
Nathalie Marcu (les Alternatifs) - Olivier Masclet (sociologue,
université Paris 5) - Lilian Mathieu (sociologue CNRS) - Philippe
Marlière (politiste, université de Londres) - Myriam Martin (Gauche
Anticapitaliste) - Christiane Marty (Bureau de la Fondation Copernic) -
Gustave Massiah (fondateur d’IPAM) - Gérard Mauger (sociologue, CNRS) -
Jean-Luc Mélenchon (co-président du Parti de Gauche) - Olivier Michel
(informaticien, université Paris Est) - Catherine Mills (rédactrice
d’Economie et Politique) - Jean-Marie Monnier (économiste Paris 1) -
Christian de Montlibert (sociologue, université de Strasbourg) - Julie
Muret (porte-parole d’Osez le féminisme !) - Corinne Nativel (géographe,
université Paris Est) - Toni Negri (philosophe) - Frédéric Neyrat
(sociologue, université de Limoges) - Jacques Nikonoff (M’PEP porte
parole national) - Martine Noël (CADAC) - Daniele Obono (Convergences et
alternatives) - Alain Oriot (Editions du Croquant) - Ugo Palheta
(sociologue, université Lille 3) - Roland Pfefferkorn (sociologue,
université de Strasbourg) - Willy Pelletier (sociologue, université de
Picardie) - Matthias Perez (secrétaire académique de la CGT Educ’action
Créteil) - Jean-Marie Pernaut (IRES) - Michel Pialoux (sociologue, CNRS)
- Christian Pierrel (porte-parole PCOF) - Christine Poupin
(porte-parole du NPA) - Philippe Poutou (porte-parole du NPA) - Frédéric
Rauch (rédacteur en chef d’Economie et Politique) - Suzy Rojtman (CNDF)
- Michel Rousseau (Marches européennes contre le chômage) - Henri
Sterdyniak (économistes atterrés) - Maya Surduts (CADAC) - Baptiste
Talbot, (secrétaire général, fédération des services publics CGT) -
Patricia Tejas (CGT Finances) - Sylvie Tissot (sociologue, université
Paris8) - Christian Topalov (sociologue, CSU) - Marie-Pierre Toubhans
(porte-parole de Gauche Unitaire) - Stéphanie Treillet (Convergences et
alternatives) - Marcel Trillat (réalisateur) - Aurélie Trouvé (ATTAC) -
Denis Turbet-Delof (secrétariat national de l’Union syndicale
Solidaires) - Janine Vaux (Convergence de Défense des services publics) -
Christophe Ventura (Mémoire des luttes) - Christophe Voilliot
(politiste, université Paris Ouest Nanterre) - Louis Weber (responsable
éditorial) - Laurent Willemez (politiste, université Versailles St
Quentin) - Emmanuel Zemmour (président de l’UNEF).
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