Pour son ultime jour de campagne, Jean-Luc Mélenchon a prononcé un discours résolument européen, empli de chaleur et d'émotion. C'est en petit comité, devant quelques centaines de personnes réunies en haut du parc de Belleville, à Paris, pour un « apéro insoumis » sous le soleil, que le leader de la France insoumise a mis, vendredi, un point final à sa campagne de premier tour.
Pablo Iglesias, le charismatique leader de Podemos (la formation de la gauche radicale ibérique), avait fait le déplacement pour dire – en langue espagnole – tout le bien qu'il pensait de « Jean-Luc ». Tout comme Marisa Matias, moins connue leader de la gauche radicale portugaise, qui a l'assuré, elle aussi, de son soutien pour aujourd'hui « et demain ».
Postés sur une petite estrade en plein milieu d'une foule où se pressaient beaucoup d'expatriés d'Europe du Sud, les trois ont voulu incarner « l'Europe insoumise ».
« Quelle campagne magnifique ! », s'est enthousiasmée Marisa Matias, qui a plaidé pour une « Europe de coopération ». « Nous sommes là pour être heureux, pour dire qu'il y a de l'espoir. »
Haranguant la foule, Pablo Iglesias a estimé que Macron est le candidat du « marketing », Fillon celui de la « corrupción », et Marine Le Pen, la candidate « del miedo » (« de la peur »). « Vous pouvez être fiers, en France, d'avoir mis les bases d'une révolution démocratique », a-t-il poursuivi, estimant que Mélenchon était le meilleur pour « affronter Merkel ». « On a besoin d'un président de la République comme Mélenchon non seulement pour les Français, mais pour tous les Européens », a affirmé Iglesias, terminant par un « Libertad, egalidad, fratenidad ».
« Je suis prêt pour le deuxième tour »
Prenant ensuite le micro, Jean-Luc Mélenchon, détendu et visiblement heureux d'être si bien entouré, a osé quelques mots dans la langue de Cervantes. Et de répondre, dans la langue de Molière, à ceux qui lui reprochent d'être un antieuropéen : « Et celui qui vient me dire que ce n'est pas l'Europe que vous voyez là, alors qu'est-ce que c'est ? » Puis, plus grave : « Moi, je suis prêt à la suite, prêt pour le deuxième tour, prêt pour organiser ce qu'il y a après la victoire. » « Allez, au travail les gens ! », a-t-il ensuite lancé, avertissant que le scrutin allait « se régler à une poignée de voix ».
« Nous pourrions avoir un magnifique second tour débarrassé de madame Le Pen », a-t-il espéré, qualifiant d'« infamie » et de « malédiction » l'arrivée de l'extrême droite au second tour en 2002. « Ayez confiance en vous-mêmes les gens ! Les quelques heures [qui viennent] peuvent être décisives. Je me souviens la tête que je faisais, en 2002, quand j'ai compris qu'à deux voix près par bureau de vote, Jospin était éliminé. » Tout le monde a bien compris le message.
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