lundi 5 avril 2010

Coordination générale des Alternatifs des 3 et 4 avril


Deux semaines après le second tour des régionales, la coordination générale des Alternatifs a débattu des leçons de ce scrutin et défini les priorités des notre mouvement pour les mois à venir.

Ne pas dissocier trois terrains : celui de l’unité, celui de la mobilisation, celui du projet.


Après les élections régionales s’ouvre une nouvelle période politique. L’abstention reste un phénomène majeur, la désagrégation sociale y contribue de manière structurelle. Elle reflète aussi une crise des institutions et de la représentation politique. Celle ci se vérifie dans le succès de listes qui se sont maintenues au second tour : FN dans 12 régions, MODEM en Aquitaine, Europe Ecologie en Bretagne, Terre de Gauche en Limousin.


S’ajoutent des données conjoncturelles comme la prise de distance d’une partie de l’électorat de droite à l’égard du sarkozysme. Le FN réussit la première phase de mutation générationnelle et programmatique qui tend à le rapprocher d’autres formations d’extrême droite en Europe.

Le PS peut se féliciter de son bon résultat, mais aussi de la levée de l’hypothèque symbolique d’une alliance avec le MODEM, l’hypothèse politique d’un centre gauche restant entière au sein de ce parti. L’accession au rôle de partenaire majeur

d’Europe Ecologie présente des risques, notamment en raison de la proximité des électorats écolo et PS, facteur de concurrence, et des divergences en terme de projet au sein d’EE, mais ouvre de réelles possibilités d’alliance largement débarrassées de la pression sociale que pouvait subir et exprimer le PCF.

A gauche du PS, les résultats sont globalement en recul : le NPA régresse nettement, le Front de Gauche, allié ou non à d’autres forces, ne crée pas une réelle dynamique mais maintient sa présence. Les alliances larges de la gauche de transformation sociale et écologiste ont connu des résultats divers, le succès dans le Limousin est cependant un signe positif. Dans plusieurs régions, les solidarités, les convergences nées la campagne régionale peuvent se prolonger.

La droite est traversée par un débat sur le candidat le mieux à même de mener la campagne présidentielle, quelques voix discordantes s’expriment en son sein sur certains aspects de sa politique sociale et fiscale, mais elle maintient le cap sur l’essentiel de ses fondamentaux comme la réduction des dépenses publiques ou le renforcement des mesures anti-immigrés. La dimension répressive de la politique gouvernementale est également accentuée.

La crise globale multiforme se traduit par des destructions massives d’emplois et une dégradation accélérée de l’environnement. Malgré leur déclin, les États-Unis conservent leur hégémonie (présence militaire maintenue en Irak, renforcée en Afghanistan et en Amérique Latine). L’état d’Israël maintient son étau sur les territoires palestiniens sans que s’esquissent les possibilités de résolution du conflit. L’Union Européenne renforce sa présence dans le monde en tant que puissance en négociant des accords de libre-échange comme par exemple en Amérique du Sud.

L’échec du sommet de Copenhague sur le climat n’est pas surmonté. Le modèle capitaliste n’est pas en mesure de résoudre la crise écologique.

Dans toute l’Europe, des attaques majeures contre les droits et conditions de vie des classes populaires s’engagent ou vont s’engager sous la pression des marchés. La première ligne de partage à gauche se fera entre l’acceptation, à l’instar du gouvernement grec, de mener des politiques antisociales, ou une orientation dans le sens d’une nouvelle répartition des richesses et d’une économie solidaire et écologique.

La gauche de transformation écologiste et sociale ne doit pas dissocier trois terrains : celui de l’unité, celui de la mobilisation, celui du projet. Car si le système capitaliste-productiviste est déligitimé, notamment par le parasitisme du système financer et de ses dirigeants, un projet alternatif large reste en gestation.

Ni une orientation centrée sur la seule résistance sociale, ni une limitation au champ de la crise écologique ne sont à même de porter le projet d’émancipation.

Les Alternatifs porteront leur action sur les trois terrains du projet, de la mobilisation, de l’unité. C’est en combinant ces trois dimensions que pourront être affrontés les risques de division induits par la présidentialisation du débat politique.


1/ Les Alternatifs engagent un travail d’élaboration qui a vocation à contribuer au projet social, démocratique et écologique à construire pour rassembler une vraie gauche.

Le 8 mai, une rencontre sera organisée sur le thème de l’autogestion économique. Du 9 au 12 juillet, l’Université d’été des Alternatifs, sur le thème de l’héritage post-colonial, portera notamment sur les rapports Nord-Sud, les solidarités à développer dans et avec les quartiers populaires, la lutte contre les discriminations, la construction de l’unité des opprimé-e-s et exploité-e-s. Lors de leur congrès des 12, 13 et 14 Novembre 2010, les Alternatifs poursuivront leur travail d’élaboration sur des thèmes tels que la reconversion écologiste et autogestionnaire de l’économie, la construction d’une alternative au capitalisme productiviste et la constitution d’un parti-mouvement.

Les Alternatifs continueront à s’impliquer dans les mobilisations féministes, sur le climat, les rendez-vous altermondialistes et les mobilisations pour une paix juste et durable en Palestine. Ils souhaitent par ailleurs porter, avec d’autres, une réflexion de fond sur la reconversion d’activités économiques, combinant défense et élargissement des acquis et droits des salarié-e-s, utilité sociale, et objectifs écologiques.

2/ Les Alternatifs proposent aux partenaires proches que sont les communistes unitaires, les unitaires du NPA, la FASE et les écologistes radicaux, des initiatives et démarches communes permettant d’approfondir les convergences entre nos mouvements et courants. Ils proposent l’organisation de rencontres d’automne communes sur un projet de transformation sociale et écologiste, ainsi que la constitution de la Gauche Alternative en nouvelle force politique, dans une démarche citoyenne.

3/ En appui aux initiatives unitaires qui ont émergé dans les régions, villes et départements, à l’occasion des élections régionales, ou qui peuvent s’y développer, les Alternatifs s’engagent pour la construction de collectifs unitaires à la base, aptes à porter tous les échanges sur un projet émancipateur solidaire, écologiste, autogestionnaire, féministe à s’inscrire dans les mobilisations, à se coordonner, à être le terreau du rassemblement large à construire pour passer de la résistance à l’alternative. C’est aussi cette dynamique unitaire que nous souhaitons voir se développer avec nos partenaires du Front de Gauche et du NPA.

4/ Les Alternatifs proposent que dans la période de mobilisation sociale à venir, notamment sur la question des retraites, se constitue, de la base au sommet, un front commun politico social, rassemblant toute la gauche de gauche, en capacité de porter des propositions alternatives, d’aider à la construction de l’union dans les luttes et à l’auto-organisation. Dans ces perspectives, les Alternatifs s’appuieront sur l’appel initié par ATTAC et la Fondation Copernic.

Les Alternatifs souhaitent voir se développer de telles initiatives unitaires sur d’autres sujets tels que le nucléaire, la défense des droits des sans papiers ou les services publics.

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