"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
vendredi 6 mai 2011
Notre Dame des Landes, 8, 9 et 10 juillet : 3 jours de résistance, pour un autre projet de société
Le projet d’aéroport contre lequel nous luttons collectivement est emblématique à plus d’un titre
1 - Productivisme
• Les décideurs locaux ont repris ce projet de la fin des années 60, période où le pétrole coulait à flot au prix de 4 $ le baril.
• Ce projet promettait d’être à l’époque la plate forme transatlantique pour le Concorde.
• Aujourd’hui, il ambitionne d’être simplement le transfert de l’aéroport International actuel de Nantes-Atlantique à 20 km au nord de Nantes, aéroport visant 9 millions de passagers en 2050 avec 100 000 mouvements
• Pour voir grand, il est prévu 2 pistes et un parking automobile de plus de 7000 places.
• Ces perspectives grandioses sont en contradiction avec la notion de sobriété aujourd'hui à l'ordre du jour. Le pic pétrolier a été dépassé ou le sera dans les prochaines années. Les ressources pétrolières vont se raréfier. Le transport aérien ne pourra pas et ne devra pas se développer dans un tel contexte.
• Les engagements européens et les préconisations du GIEC doivent entraîner dans les prochaines années une diminution des émissions de gaz à effet de serre, de façon à limiter le changement climatique. Cela impose de mettre en place des politiques de sobriété.
2 - Absence de pertinence économique
• L’aéroport International actuel de Nantes-Atlantique est loin d’être saturé:
• avec une piste accueillant environ 40 000 mouvements, alors que d’autres aéroports internationaux à une seule piste vont jusqu’à 200 à 300 000 mouvements (Genève, Gatwick, San Diego).
• avec son aérogare actuelle qui autorise 4,5 millions de passagers et peut sans difficulté être agrandie si nécessaire.
• Les prévisions délirantes de trafic ne sont qu'une extrapolation des études passées qui promettaient, dans les années 70, entre 5 et 9 millions de passagers en l’an 2000; elles ont prouvé leur pertinence, puisque nous sommes à 3 millions de passagers en 2010.
• Les promoteurs du projet ont parié, pour l’étude économique contenue dans le document de référence de l’enquête publique, sur un pétrole à 60 $ en 2025; il est d’ores et déjà autour de 110 $ début 2011 et ce n’est pas fini....
• L’accroissement du trafic low cost, souhaité par les promoteurs du projet, n’est pas garanti et est socialement insupportable.
• Un Débat Public est en cours sur l’interconnexion Sud des LGV en Ile de France. Le dossier mentionne en page 56 : « En complétant le réseau de contournement au sud de l’Ile de France, […] le projet facilite l’accès à la plate-forme aéroportuaire de Paris-Charles De Gaulle depuis les régions de la façade Atlantique ».
La politique aéroportuaire du HUB parisien pour les vols internationaux est confirmée, avec l’amélioration de l’inter modalité Rail-Air pour le pré acheminement des passagers. La viabilité économique du projet de Notre-Dame-des-Landes sera obligatoirement impactée par cette interconnexion.
3 - Dégradation du service
• Le transfert de l’aéroport international actuel de Nantes-Atlantique vers Notre Dame des Landes ferait passer son accès depuis Nantes de 10 km à 20 km
• A Nantes, son accès est disponible par le transport public, facilement améliorable avec des liaisons ferrées déjà à proximité de l’aérogare. A Notre Dame des Landes, aucune liaison ferrée en vue, sauf à investir 150 M€ pour un Tram-Train ou 2 Milliards d’euros pour une LGV Nantes-Rennes.
• En tout état de cause, l’accès depuis Nantes passerait de 15 min à 30 min par voie routière. Belle aubaine pour les taxis qui se frottent officiellement les mains avec des courses 2 fois plus chères.
• A cela, s’ajoute les mouvements des personnels liés aux activités aéroportuaires qui feraient en moyenne 60km aller-retour quotidiennement avec les frais inhérents à se changement.
4 - Gaspillage d’argent public
• La plateforme de Notre Dame des Landes coûterait aux contribuables 245 millions d’euros (pour l’instant) avec des avances dites remboursables si les bénéfices prévus se réalisent, alors que concessionnaire VINCI ne règle que 310 millions d’euros. La conclusion de l’enquête publique de avril 2007 qualifiait ce projet de «pari sur l’avenir».
• Les infrastructures complémentaires d’accès promises (Tram-Train ou LGV) par les présidents des collectivités locales, mentionnées pour le projet mais pas financées, seraient, elles aussi, payées par les contribuables des collectivités locales partenaires.
5 - Destruction de terres
• Le bétonnage des bocages à Notre Dame des Landes concernerait 2000 ha de terre agricole (terre d’élevage), largement exploitée aujourd’hui. Cela s’ajouterait aux 279.000 hectares de surface agricole perdue entre 2006 et 2009 en France, l’équivalent de près de la moitié d'un département français.
• La biodiversité serait notablement perturbée avec un chamboulement considérable des zones humides.
• Les 600 emplois actuels relevant des activités agricoles sur 80 fermes seraient plus ou moins détruits.
• Le contexte de crise alimentaire dans le monde impose de s’orienter vers la souveraineté alimentaire des peuples et de défendre les terres agricoles, en France comme partout ailleurs.
6 - Aménagement du territoire
• Le transfert des emplois liés à l’aéroport, du Sud-Loire au Nord-Loire déstructurerait et déséquilibrerait encore davantage le Sud par rapport au Nord avec les mouvements pendulaires domicile-travail induits, en totale contradiction avec les orientations inscrites dans le Plan de Développement Urbain de Nantes-Métropole.
• L’abandon de la piste de Nantes Atlantique utilisée par le groupe Airbus mettrait ce groupe aéronautique dans une position fragile puisque aucun site industriel de l’avionneur ne fonctionne sans piste à proximité et contraindrait là encore les collectivités locales au maintien de cette piste.
• La plateforme projetée générerait une coupure de plusieurs routes, ce qui imposerait aux résidents et exploitants agricoles de longs détours par l’est ou l’ouest de l’infrastructure.
7 - Déroulement du processus de décision
L’ensemble de ce projet s’est déroulé dans un total déni de démocratie avec:
• Un débat public demandé par les opposants, qui s’est tenu en 2003, n'a pas retenu l’étude contradictoire réclamée par les associations, ni débattu du fond du sujet à savoir : « Une nouvelle infrastructure est-elle nécessaire ? » ; le débat public a porté sur l’aménagement de Notre Dame des Landes. Mais il a au moins eu le mérite de prouver par a+b la non saturation de la plateforme actuelle.
• Une enquête publique et une décision gouvernementale d’utilité publique en 2008 sans prise en considération des réserves formulées ni de l’évolution des données de base et sans motivation aucune.
• Une communication insolente et méprisante basée sur des assertions manifestement erronées.
• Un lobbying actif des promoteurs du projet auprès des acteurs du Grenelle de l’environnement et dans tous les organes officiels des collectivités locales sans place pour les oppositions au projet.
L’organisation de la lutte
L’opposition à ce projet s’est structurée depuis plus de 30 ans et ce sont maintenant près de 40 organisations syndicales, de défense du cadre de vie, de l’environnement, d’agriculteurs ou politiques qui sont rassemblées dans la Coordination des associations et mouvements politiques opposés au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
De plus un rassemblement d’élus comprend maintenant près de 1000 membres et une association d’élu(e)s, le CéDpa, se sont constitués pour faire entendre les voix démocratiques contre ce projet. Ils travaillent collectivement à une opposition offensive au projet dans le champ institutionnel.
Sur le terrain les formes d'actions se multiplient et se diversifient:
• occupations de terres acquises par le Conseil général et réservées au projet, où s'installent de nouveaux habitants,
• présence quotidienne d’opposants devant certains lieux nantais symboliques,
• multiples formes d’information vers la population, etc…
Ce combat a désormais un écho national. L’ampleur du refus des populations directement concernées et la force de la mobilisation ont largement pesé sur les dernières élections, régionales et cantonales, avec une nette poussée des voix pour les organisations qui se battent contre le projet.
Aucune organisation de défense de l’environnement ne s’est déclarée pour ce projet et la liste des organisations présentes dans la Coordination est significative d’un très large front commun pour s’opposer à la construction de ce nouvel aéroport.
Sur l’échiquier politique: d'une part le PS et l’UMP soutiennent le projet, en sont les acteurs et écrasent toute opposition en leur sein, d’autre part, Les Alternatifs, le MoDem, Europe Ecologie-Les Verts, le NPA, le PG, Le Mouvement pour la Décroissance, l’Alliance Ecologiste Indépendante, Breizhistance l’ont clairement et régulièrement combattu, rejoints récemment par Debout la République. D'autres sont en train de le rejoindre. Le PCF est divisé : si la fédération 44 soutient le projet avec une vision totalement productiviste, les fédérations de Vendée et de la Sarthe y sont opposées et de nombreux communistes locaux participent à la mobilisation..
Un collectif national contre ce projet d’aéroport à Notre Dame des Landes a été constitué cet hiver. Maintenant, pour gagner il s’agit d’établir un rapport de force national conséquent avant les prochaines élections présidentielles et législatives de l'année 2012. Les thématiques soulevées par cette lutte seront au coeur des débats à venir : énergie, emploi, environnement, démocratie, développement...
Lors de notre rendez-vous de juillet, des moments de convivialité seront organisés à côté des débats politiques avec des concerts, des actions symboliques, le tout dans une ambiance festive...
Les 8, 9 et 10 juillet 2011, sur le site, lors du rassemblement national des opposantEs, se tiendront des débats sur ces thèmes.
- Le samedi 9, en fin d’après midi, un meeting rassemblera tous les responsables politiques nationaux porteurs du NON à ce projet inutile, destructeur de terre nourricière et accapareur de deniers publics.
- Le dimanche 10, les associations nationales et locales pourront aussi s’exprimer et seront soutenues par des représentants d’autres luttes actuelles.
La réussite de ces trois jours de mobilisation nationale est essentielle pour obtenir l'arrêt définitif du projet. Il en est encore temps. Les décideurs, acteurs économiques et politiques, doivent reculer maintenant.
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