samedi 21 septembre 2013

A vous tou-te-s qui me soutenez… , par Julie del Papa


Bonjour à toutes et à tous, 

Je tenais d’abord à vous remercier pour les milliers de soutiens qui affluent sans cesse depuis quelques jours, pour les pétitions lancées, les réactions sur les réseaux et les témoignages collectifs qui me touchent profondément. C’est un grand réconfort dont j’avais besoin, mais au-delà de ça, c’est la preuve que nous sommes toutes et tous républicain-e-s, malgré parfois nos divergences politiques, et que nos valeurs communes sont celles de la lutte pour des idées et non un combat contre des minorités précaires ou des personnes isolées, comme celui que mène cette extrême-droite, qui révèle là son insondable lâcheté. 

Ces attaques sont évidemment une preuve de lâcheté mais aussi la marque d’une ignorance coupable. En nous menaçant (je pense particulièrement à mes camarades Nathanaël, Sophia, et Sydne) ils croyaient traquer des proies faciles mais ce qu’ils n’avaient pas mesuré c’est qu’aucun-e d’entre-nous n’est jamais seul-e, nous sommes toujours des milliers. 


Beaucoup se sont inquiété-e-s pour moi, et je suis navrée de ne pas avoir pu répondre à vos messages et vous donner des nouvelles plus tôt. J’espère que vous comprendrez que la situation exige de la prudence et du recul… Je vais bien, et mon moral revient au mieux comme vous avez pu le constater depuis le début de ce billet. 

A la suite des événements, des agression verbales, des appels à la haine, au viol ou encore au meurtre sur les réseaux sociaux, et Twitter en particulier, j’ai été victime de tentatives de piratages sur Internet, mais aussi, en effet, d’une agression physique dans la rue. Il est impossible, pour l’instant, de savoir si tout cela est lié mais la coïncidence est troublante et semble ne pas faire de doute pour la police. Ma plainte a enfin été acceptée et je crois savoir que le dossier, jugé sensible par les autorités, avance bien. 

Mon agression publique a été sans conséquence physique, mais sa violence, dans ce contexte, a été difficile à supporter. Aujourd’hui, ma sécurité est assurée, et je suis plus que jamais déterminée à continuer la lutte, et mon but est de faire aboutir les poursuites engagées. 

Au-delà du combat personnel, il s’agit que la justice, le gouvernement, la société toute entière, reconnaissent et condamnent la violence des attaques d’une extrême-droite qui confond la liberté d’expression avec le fait de déverser sa haine. La banalisation des idées du Front National (auquel se réfèrent sans ambiguïté bon nombre de mes agresseurs, comme le démontre cet article) et ses soutiens médiatiques et politiques nationaux, donnent une raison d’être à celles et ceux qui appellent impunément au viol, au meurtre et à la déportation parfois, à la violence sur autrui toujours. 

Chaque citoyen-ne, quelles que soient ses raisons que je ne juge pas, doit comprendre qu’en votant pour le Front National, ils donnent aussi du pouvoir à ses extrémistes de la haine ordinaire, cachés derrière leurs ordinateurs. Cet état de fait doit cesser et chacun-e doit mesurer sa responsabilité. La liberté d’expression ne consiste pas à dire tout haut ce que l’on veut, mais bien à accepter le débat d’idées, à avancer des arguments, à écouter la contradiction, surtout en politique. 

Twitter, Facebook, et tous les réseaux sociaux ne doivent plus échapper à la loi qui régit la liberté de la presse. En tant que lieux publics, ces réseaux doivent respecter les règles de notre République humaniste. La police m’a informée que Twitter France "refuse systématiquement de répondre aux réquisitions judiciaires". Il est temps que cette multinationale montre qu’elle est prête à respecter nos valeurs, à obéir à nos lois ou alors à être condamnée pour son laxisme. Sa responsabilité est en cause et mon combat, notre combat devra aussi être celui-là. 

Si des internautes se croient autorisé à tout, et en premier lieu ceux de l’extrême droite dont la violence dépasse la raison, c’est d’abord parce que les grands groupes qui régissent ces réseaux les laissent agir. 

De nombreux articles ont été publiés sur cette affaire. Je n’ai moi-même accepté aucune autre interview que celles de Michel Soudais pour Politis et Caroline Constant pour l’Humanité, et je les remercie du respect qu’ils m’ont témoigné. Je considère que la majorité des médias nationaux jouent d’ordinaire de façon irresponsable avec la montée de la violence d’extrême-droite. En mettant, depuis plus d’un an, sur le même plan le Parti de Gauche (Front de Gauche) et le Front National, ils ont volontairement effacé la ligne qui sépare les partis républicains des partis extrémistes. 

Notre gauche, le cœur de la gauche, se bat pour des idées, des valeurs qui jamais ne nous ferons nous attaquer à l’autre parce qu’il/elle est une femme, un-e homosexuel-le, une immigré-e, un-e chômeur/-se, etc… 

Nous ne sommes pas extrémistes. Nous nous battons pour défendre tout ce que la haine d’extrême droite qui s’est déversée contre moi cherche à détruire pour installer son autoritarisme. Nous nous battons pour la justice sociale, l’entente entre les peuples, la paix, l’égalité, la liberté. 

Je vais bien, vous l’avez compris. Et même si je continue de rester à distance, nous sommes ensemble. No pasaran ! 

 

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