On connaît le refrain : les femmes touchent moins de retraite que les hommes, ont des carrières moins longues, partent plus tard, écopent des décotes et bénéficient rarement des surcotes.
Le gouvernement prétend que la réforme des retraites résorbera les inégalités entre les femmes et les hommes… VRAI ou FAUX ?
Le 27 août dernier, Jean Marc Ayrault a présenté la réforme :
Temps partiel : « les règles de validation du trimestre pénalisent les salariés qui combinent bas salaires et temps partiel, et donc très largement les femmes ! C’est une injustice profonde ! »
La réforme préconisée permettrait « d'accueillir 1 trimestre par 150 heures SMIC de cotisation (= 11 heures hebdo environ) au lieu de 200 (15 heures hebdo) »
L'intention serait sans doute louable MAIS elle ne va concerner que très peu de salariéEs : en 2011, selon l’INSEE, 4,4% des femmes et 1,1% des hommes travaillaient moins de 15heures/semaine.
Ce qu'il faudrait : une surcotisation patronale sur ces emplois à temps partiel, ce qui permettrait de majorer le montant de leur pension.
La deuxième ambition de Jean Marc Ayraut est de « réformer les droits familiaux de retraite »
Les parents de 3 enfants se voient accorder une majoration de pension de 10%. Comme elle est calculée au prorata de la pension, les hommes touchent plus que les femmes ! Cherchez l'erreur : ce sont évidemment les carrières des femmes qui sont pénalisées par les enfants.
« Le gouvernement souhaite engager une refonte de cette majoration afin qu’elle bénéficie davantage aux femmes et qu’elle puisse intervenir dès le 1er enfant. »
L'intention peut sembler louable MAIS la mesure est renvoyée à... 2020 : « Au delà de 2020, la majoration actuelle sera progressivement plafonnée et transformée en majoration forfaitaire par enfant et elle bénéficiera principalement aux femmes »
De surcroît, la majoration de 10% sera donc immédiatement imposable. Ce qui occasionnera une baisse des revenus immédiate des parents de 3 enfants.
Comprenne qui pourra : pour assurer l'égalité des pensions, on commence par baisser les revenus des retraitEes mères et pères de 3 enfants.
Enfin, ce type de mesures enferme les femmes dans leur rôle de mère. Elles compensent en bout de course les inégalités de retraite sans agir sur la source : inégalités salariales, interruption d'activité pour s'occuper des enfants, etc.
Ce qu'il faudrait : renforcer les droits directs des femmes à une pension.
Le troisième chantier concerne « la maternité ensuite (qui) sera mieux prise en compte pour les femmes qui partent en retraite au titre des « carrières longues », et pour celles qui ont connu de longs congés de maternité ».
En arrivant au pouvoir en 2012, la gauche a rétabli la retraite à 60 ans (au lieu de 62 ans) pour les carrières dites longues. Pour ce faire, il faut avoir validé un certain nombre de trimestres et... les congés maternités ne comptent donc que pour 6 trimestres maxi.
Toute en étant louable, la nouvelle mesure ne changera pas grand chose au fait que les femmes se trouvent en grande majorité exclues du dispositif de carrières longues.
Ce qu'il faudrait : inclure dans les trimestres validés les majorations de durée d'assurance attribuées au titre de l'éducation des enfants, qui ne comptent pas pour l'instant.
Mais le fond du problème est bien de rétablir la retraite à 60 ans pour touTEs à taux plein.
La réforme prévoit aussi de prendre en compte la pénibilité du travail. Il ne faut pas que la pénibilité des métiers féminisés soit oubliée : les femmes de ménage, les femmes travaillant dans les rayons de la grande distribution, les aides soignantes à l’hôpital qui soulèvent quotidiennement les malades… etc.
L’allongement de la durée de cotisations jusqu'à 43 ans va pénaliser plus particulièrement les femmes dont les carrières sont les plus courtes.
Il faut sortir de cette spirale infernale.
Ce n'est pas l'allongement de l’espérance de vie qui crée le déficit des retraites mais l'austérité, la crise du capitalisme financier (comme le reconnaît le rapport Moreau lui-même !) et les inégalités femmes/hommes :
si les salaires et les taux d'activité des femmes étaient égaux à ceux des hommes, il y aurait plus de cotisations retraites et les femmes toucheraient plus de pensions.
S'il y avait une véritable réduction du temps de travail, il y aurait plus d'embauches et plus de cotisations retraite. S'il y avait un service public de la petite enfance, les femmes n’interrompraient pas leur carrière professionnelle, cotiseraient plus, auraient des carrières plus longues et ne se prendraient pas de la décote.
A notre connaissance, le gouvernement n'est pas décidé à promouvoir ces mesures.
C'est pour cela que nous sommes dans la rue aujourd'hui !
Geneviève Azam, porte-parole d’Attac ; Ana Azaria, présidente de Femmes égalité ; Annick Coupé, porte-parole de Solidaires ; Sophie Binet, bureau confédéral de la CGT ; Solange Cidreira, Féministes pour une autre Europe ; Monique Dental, présidente du Collectif féministe Ruptures ; Maryse Dumas, membre du CESE ; Anne Feray secrétaire nationale de la FSU, Clémence Helfter, Osez le féminisme ! Cécile Gondard-Lalanne, secrétaire nationale de Solidaires ; Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU ; Esther Jeffers, Économistes atterrés ; Gaïa Laussaube, porte-parole des efFRONTé-e-s ; Julie Mandelbaum, secrétaire générale de l’UNEF ; Marie-Pierre Martinet, Secrétaire générale du Planning familial ; Christiane Marty, Fondation Copernic ; Julie Muret, porte-parole d’Osez le féminisme!; Muriel Naessens, Féminisme-Enjeux ; Martine Noël, Cadac ; Marie-Josée Pépin, collectif Tenon ; Suzy Rotjman, porte-parole du CNDF, Sabine Salmon, présidente de Femmes Solidaires ; Maya Surduts, porte-parole du CNDF ; Céline Verzeletti, bureau confédéral de la CGT
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