"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
mercredi 23 octobre 2013
Jean-Baptiste Eyraud passé à tabac par les CRS: deux côtes cassées, silence radio ? - par ATTAC, suivi "La misère grandit, la répression aussi, jusqu’où ? par la Fondation Copernic
Ce qui s'est passé samedi après-midi place de la République à Paris est à la fois banal et indigne. Banal parce que la répression contre les mouvements sociaux est devenue une routine quotidienne dans notre pays, sous Manuel Valls comme sous Brice Hortefeux, et en particulier contre les sans logis ou les sans emploi. Indigne parce que les forces de l'ordre ont dispersé violemment et illégalement un rassemblement déclaré de façon parfaitement légale par le DAL place de la République.
Plusieurs mères de famille ont été frappées. Jean-Baptiste Eyraud, le porte parole du DAL, a été roué de coups de pieds alors qu'il s'était assis par terre en attendant de pouvoir sortir de l'encerclement policier auquel les manifestants étaient soumis. Il a eu deux côtes cassées.
Pas de dépêche des agences de presse, pas un mot dans la plupart des quotidiens, silence à la radio.
Les CRS et leur hiérarchie présente sur place ce samedi 17 octobre ne pouvaient ignorer qui est Jean-Baptiste Eyraud. Depuis vingt ans il lutte avec le DAL contre l'indifférence et le silence qui entoure le drame des sans logis et des mal logés. Par son activité inlassable et son énergie communicative, il a permis aux sans logis de disposer d'un outil et une voix écoutée et respectée. Il contribue sans trêve à mettre à nu les contradictions entre les discours et les actes des politiciens, prolixes en promesses mais avares en réalisations.
En frappant Jean-Baptiste Eyraud, les forces de l'ordre n'ont pas agi au hasard: cibler une de ces figures les plus connues vise à répandre la peur dans tout le mouvement social. Ce gouvernement est aussi dur avec les démunis qu'il est prévenant envers les grands patrons et banquiers.
La Préfecture de Paris et Manuel Valls doivent cesser leurs agissements brutaux et illégaux. Le gouvernement doit appliquer la loi DALO, le droit à l'hébergement, les réquisitions de logement.
En s'engageant dans une politique répressive indigne, le gouvernement saccage les principes de solidarité et de justice, seuls à même de faire barrage à la droite extrême.
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Quand la répression répond au mal-logement :criminalisation de la misère et violences policières
Entorses, contusions, côtes fracturées, entre un « encagement » de plusieurs heures et une évacuation brutale et illégale : la répression qui s’est abattue sur les mal-logé-es et les militan-es qui les soutenaient samedi 19 octobre place de la République a été particulièrement violente. Et elle n’était qu’un nouvel épisode d’une semaine de mobilisation du DAL (dûment déclarée en préfecture) rythmée par le harcèlement policier : interpellations et destruction du campement des familles le 15 octobre, nouvelle évacuation le 17 octobre (à l’aube de la Journée mondiale de lutte contre la misère) sous la menace des CRS.
Coups, blessures, traitements dégradants, nous sommes bien en France fin 2013, sous le gouvernement Ayrault. Ce gouvernement poursuit sans rupture la politique du précédent, autoritaire, méprisante et sourde aux revendications humanitaires et sociales. Il ne s’agissait pourtant, en face des gardes mobiles et de la police d’intervention, que de manifestants pacifiques, familles mal logées et sans logis, prioritaires DALO, anciens demandeurs, locataires en galère et leurs soutiens, qui ne demandaient que le respect de leurs droits et l’application des lois (loi DALO, droit à l’hébergement, loi de réquisition, notamment).
Cet épisode particulièrement choquant n’a pourtant pas fait la une des médias. Pas plus que l’expulsion de 19 familles à Montreuil à la veille de la trêve hivernale, ou la nième évacuation de camp sans solution de relogement. Une expulsion parmi d’autres. Les violences de la République cette semaine vont-elles elles aussi devenir des violences parmi d’autres ? Elles marquent une évolution dramatique : la criminalisation toujours accrue de la misère, et la criminalisation des mouvements sociaux qui la dénoncent, sur fond d’atteinte à la liberté de manifester, liberté constitutionnelle et droit républicain s’il en est.
A l’heure où la discussion publique de la loi ALUR proposée par la ministre du logement s’ouvre au Sénat, les pouvoirs publics répondent par la répression à la détresse des individus, des familles, des enfants sans toit à la veille de l’hiver.
La Fondation Copernic s’alarme de ce tournant répressif et condamne avec la plus grande fermeté ces traitements indignes, véritable faute politique. Associée au DAL et à la Plate-forme Logement des Mouvements sociaux dans le cadre d’une campagne contre le logement cher (1), elle demande l’amendement de la loi ALUR, pour assurer le relogement des prioritaires DALO, le droit à un hébergement jusqu’au relogement, l’application de la loi de réquisition, l’interdiction des expulsions illégales et des congés frauduleux, le renforcement des droits des habitants de logement indécents ou indignes, et la baisse significative des loyers.
La misère grandit, la répression aussi, jusqu’où ?
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