samedi 21 décembre 2013

Un Front de Gauche uni pour les européennes, par Ensemble


Le mouvement « Ensemble ! » a suivi, en tant qu’observateur, les travaux du congrès du Parti de la gauche européenne (PGE), qui s’est tenu du 13 au 15 décembre dernier à Madrid. Il se félicite des progrès réalisés dans le rassemblement d’une alternative de gauche à l’échelle de l’Europe. Que ce soit autour des résistances populaires à l’austérité généralisée par la Troïka dans toute l’Union européenne, ou autour des marches et sommets alternatifs européens et des premières grèves européennes, une conscience politique est en train de naître, pour sortir de la crise. Nous devons forger des choix politiques portés par les citoyen-ne-s à l’échelle du continent, pour qu’advienne la transformation sociale et écologique à même de répondre aux crises multiples que nous traversons. 


Les élections européennes de juin 2014 revêtent un enjeu majeur pour faire avancer une alternative à gauche, en Europe comme en France. C’est le seul scrutin qui se tiendra au même moment dans toute l’Europe, et, alors que les peuples ont été dessaisis du droit de se prononcer sur le traité européen de stabilité budgétaire (TSCG), il peut être transformé en referendum européen contre les politiques austéritaires. Le paysage politique peut être bouleversé par la crise profonde du projet européen. Verra-t-on une poussée majeure d’un repli vers les droites nationalistes et autoritaires, ou au contraire le rassemblement d’une gauche anti-austéritaire et solidaire, porteuse d’une solution politique à gauche rompant avec le libéralisme du gouvernement actuel et des droites européennes ? 

Le congrès du PGE a fait un grand pas pour avancer dans les mois qui viennent, avec la proposition de plusieurs initiatives européennes : une grande campagne pour mettre en échec le projet de Grand marché transatlantique ; un sommet européen, en mars 2014, sur la dette, dont on se sert pour mettre les peuples sous tutelle des choix ultra-libéraux ; un « forum européen des alternatives », chaque année, avec toutes les forces politiques, sociales et syndicales, prêtes à faire avancer un nouvel espace politique européen. Le PGE a aussi avancé dans ses débats et orientations concernant l’écologie. 

Pour les élections de juin 2014, le PGE vise à fédérer les listes qui se présenteront dans plusieurs pays autour d’une même orientation de gauche, alternative à l’austérité, pour une refondation de l'Europe. Des listes qui pourront se rassembler autour d’un candidat commun à l’élection de la présidence de la Commission européenne, Alexis Tsipras, président de Syriza, figure de la résistance et de l’espoir pour le peuple grec, mais aussi de tous les peuples d’Europe, qui ont besoin d'une gauche ayant le courage de gouverner en s’émancipant des traités européens, synonymes de destruction des droits sociaux et de régression démocratique. 

Le mouvement «Ensemble ! » partage cette perspective de construction d’un Front de Gauche européen, et nous l’avons affirmé dans une résolution sur l’Europe adoptée lors de nos assises, les 23 24 novembre[1] : il est indispensable de faire apparaître dès 2014 un rassemblement continental des forces de la gauche de transformation sociale, autour d'un même programme défendu dans chaque pays, avec Syriza en Grèce, Die Linke en Allemagne, Izquierda Unida en Espagne, le Bloc de gauche au Portugal, avec les forces d’une gauche antilibérale qui se rassemblent au nord et à l’est de l’Europe... 

Cette campagne aura aussi un enjeu national, pour faire évoluer le débat et les rapports de force dans le pays, avancer dans la perspective d’une autre majorité à gauche, pour une issue politique à la politique d’austérité menée par le gouvernement Ayrault en France, suivant les logiques de la Troïka dans l’Union européenne. Cette élection doit être aussi, pour le Front de gauche, l’occasion de renforcer son unité et sa dynamique. 

Aussi nous avons été surpris de la décision du Parti de gauche (PG) de « suspendre » sa participation au PGE, jusqu’aux élections municipales en France, laissant entendre qu’il pourrait envisager de créer « autre chose » lors de ces élections européennes. 

Le choix du Parti communiste français (PCF) de réaliser, aux municipales, dans les grandes villes, des alliances différentes, dans bon nombre de villes avec le Front de gauche, mais parfois avec le PS sans accord de fond pour combattre l’austérité gouvernementale, ne nous apparaît pas comme justifiant une remise en cause de l’unité du Front de gauche aux élections européennes. Pour notre part, nous avons désapprouvé plusieurs des choix locaux du PCF, et participons avec le PG et d’autres sensibilités politiques à des listes différentes, en particulier à Paris. 

Mais nous constatons, malgré ces différences locales aux municipales, que le Front de gauche reste uni sur la politique alternative qu'il défend face à celle du gouvernement, comme le montre le vote des parlementaires du Front de gauche contre le budget 2014, et donc qu’il est essentiel de préserver l’outil qu’il constitue aujourd’hui. Il faut mettre de côté toute idée qu’un « autre Front de gauche » pourrait émerger sur la base de situations de division de nos forces. Ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous divise. Nous sommes unis sur la nécessité de travailler à rassembler une autre majorité avec d'autres forces de gauche pour gouverner sur la base d’une politique alternative à celle du gouvernement actuel, et que sans cela, ce sont les forces de droite et le Front national qui profiteront de la situation. 

Nous sommes rassemblés sur un programme, « l'Humain d'abord », et nous défendons ensemble la nécessité de refonder une autre Europe, s'émancipant des Traités européens, une perspective plus que jamais d’actualité, que seul le Front de gauche peut impulser dans le paysage politique actuel. Aucune de ces perspectives ne peut se concrétiser sans un Front de gauche rassemblé. Encore moins s’il n’est pas uni au rendez-vous d’une élection européenne, alors qu’il s’est constitué au départ en rassemblant les forces qui s’étaient opposées au TCE, puis au Traité de Lisbonne. Toutes les composantes, personnalités, militants du mouvement social, déjà présents dans la campagne contre le TCE et lors de la présidentielle, doivent pouvoir se retrouver à ces élections européennes. Les listes devront refléter la diversité du Front de gauche, gagner de nouveaux élu-e-s, et s’ouvrir à d’autres forces. 

Le rassemblement doit rester le maître mot de notre ambition pour construire une alternative de gauche à la politique de régression sociale du gouvernement, et pour ne pas laisser le terrain aux solutions réactionnaires des droites et des extrêmes-droites.

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