"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
lundi 10 novembre 2014
Démanteler le Mur du Golan, par Michael Warschawski
Ces derniers jours, on célèbre les 25 ans du démantèlement du Mur de Berlin : il y a un quart de siècle, les Berlinois mettaient fin a la partition de leur ville par les grandes puissances et, de fait, intégraient la capitale de la RDA a Berlin Ouest. La chute du Mur de Berlin devait signifier que le 21eme siècle serait celui de la chute de tous les murs qui limitaient la liberté d’accès a travers notre planète. Mais c’est le contraire qui allait se passer : notre siècle est bien celui de la multiplication des murs et autres frontières qui ferment la voie a certains et en enferment des millions d’autres.
Que ce soit le détroit sanglant de Sicile (Lampedusa) ou encore celui de Gibraltar, ce qu’on n’a pas honte d’appeler « la Forteresse Europe » s’est entoure de barrières que ses dirigeants voudraient infranchissables pour tous ceux qui fuient les guerres ou la misère.
Non, le 21eme siècle n’aura pas été celui de la chute des murs, mais bien au contraire, celui de la multiplication des obstacles a la libre circulation des êtres humains… à la différence des capitaux et des marchandises.
Un de ces murs est évidement celui qui déchire l’espace palestinien et sépare les familles, les paysans de leurs terres et des dizaines de milliers de résidents des services publics dont ils ont besoin. « Mur de la honte », « mur de l’apartheid », du haut de ses 8 mètres quand c’est un mur, large de plus de 100 mètre quand c’est un système de clôtures et de barbelés, il est omniprésent en Cisjordanie occupée.
Cette fois, pourtant, c’est d’un autre mur dont je voudrais parler, que l’on oublie trop souvent, mais lui aussi fait de clôtures électroniques et barbelées, champs de mines et patrouilles militaires – celui qui sépare le Golan occupe du reste de la Syrie, et ses habitants – de leur patrie, et souvent, de leurs proches.
L’occupation du Plateau du Golan en 1967 et son annexion à Israel en 1981 ont coupé quelques 16,000 Syriens de leur environnement naturel ; et pourtant, malgré la volonte de la puissance occupante, les liens n’ont jamais pu être coupés. Pour preuve, cette « Colline des Cris » où les habitants de Majd-el-shams, Massade, Buqata et Ein Qiniye communiquent, avec des mégaphones, avec leurs proches en Syrie, leur font participer – à distance – à leurs mariages et autres fêtes de famille, et leur racontent les derniers événements.
Parfois, dans le no man’s land qui sépare la zone occupée du territoire syrien souverain, une patrouille militaire israélienne vient interrompre l’échange pour quelques minutes. Si en Israel on les appelle « les Druzes », utilisant leur religion comme identité, eux revendiquent haut et fort leur identité syrienne, et, 45 ans après leur occupation par l’Etat d’Israel. rejettent avec la même détermination ce mur qui les a arrache de leur pays. Il suffit de se souvenir de la gréve générale menée en 1981 contre l’imposition forcée de la nationalité israélienne, qui s’est d’ailleurs soldée par une victoire.
S’ils sont aujourd’hui préoccupés par la guerre civile qui déchire la Syrie et par l’invasion de Da’esh, les Syriens du Golan n’en acceptent pas pour autant la présence israélienne et continuent a se battre pour réintégrer leur patrie.
En ce 25eme anniversaire de la chute du Mur de Berlin, rappelons qu’il y a un mur qui déchire l’espace syrien et soutenons le combat de tous les Syriens, en particulier des résidents du Plateau du Golan, pour la chute du mur de l’annexion israélienne et le retour des habitants du Nord-Golan et de leur terre a la mère-patrie syrienne.
Publie sur le site du Centre d'Information Alternative ( Alternativenews.org)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire