mardi 5 mai 2015

La sécurité internationale en berne, le Rafale en goguette ?, par Louis Aminot


Egypte, Qatar, Inde, bientôt les Emirats et peut-être d’autres pays "partenaires", la mobilisation se veut générale.Les contrats se signent en rafales. L’appel du "Figaro", propriété de Dassault, semble entendu. Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, donne le "la" dans les colonnes de "son" journal ! Les "grands médias" se mettent au diapason tandis que les positions plus nuancées ou contraires des médias moins riches ou indépendants (ça arrive) sont maintenues sous l’éteignoir. 


Lisons le PDG Trappier :" Avec le Qatar, c’est un nouveau succès. Son succès (du Rafale) à l’exportation relève aussi de facteurs géopolitiques. Je salue la mobilisation des autorités françaises (sic) qui ont renforcé la relation stratégique, déjà ancienne, avec le Qatar. François Hollande et son bras armé, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, ont conforté la relation politico-militaire tandis que Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères, a consolidé la relation diplomatique bilatérale. Les armées, engagées sur les théâtres d’opération, ont démontré la valeur du Rafale.C’est un avion "combat proven". Quant aux industriels, ils ont mené les négociations commerciales. En jouant, chacun dans notre compartiment de jeu, nous avons, ensemble, fait gagner l’équipe de France.

"L’équipe de France ?

Et ben, mon colon ! Ainsi, de cette histoire lamentable, il nous faudrait retenir que tout aurait commencé le 22 août 2012 ! Jean-Yves Le Drian rencontrait alors Cheikh Hamad Ben Khafila al-Thani, au pouvoir depuis 1995. Au menu de leurs entretiens ? La Syrie et la sécurité au Moyen-Orient.... Deux années de discussions discrètes et de participation à l’enlisement... 

Bien sûr, les dirigeants de "l’équipe de France" soulignent, chacun à sa manière et sans aucune consultation démocratique, les bienfaits de cet accord pour l’emploi dans "l’ensemble de l’écosysème Rafale" qui, au-delà de Dassault Aviation, comprend Safran, Thalès et un vaste tissu de 500 PME-PMI. 

En outre, par delà la discrétion entretenue autour des négociations Rafale surgissent déjà la situation de l’aviation civile en général et d’Air France en particulier. En effet, il est de notoriété publique qu’une augmentation sensible des autorisations de vols attribués par la France à Qatar Airways demeurait jusqu’à ces derniers jours une "exigence" des Qataris. 

L’accord étant signé, il est donc probable que la France ait cédé et accordé des "droits nouveaux" à Qatar Airways. Si tel est bien le cas, nous pouvons d’ores et déjà présumer que les Émirats vont frapper beaucoup plus fort à la porte pour obtenir la même chose pour leurs compagnies Emirates et Etihad Airways. Ceci, au grand dam d’Air France qui demandait, il y a encore peu de temps, à l’Etat ne plus accorder de "nouveaux droits" à des compagnies dont le soutien de leur Etat-actionnaire "fausse les règles du jeu". 

Nous avons eu l’occasion de le vérifier, l’attribution de nouvelles autorisations aux compagnies du Golfe demeure "chez nous" une source de conflit y compris social. Elle concerne en effet des acteurs aux intérêts divergents. Ceux d’Air France d’un côté et ceux des industriels de l’aéronautique, en particulier Airbus, de l’autre. 

Ensuite, ces accords Rafale contribuent à créer une "nouvelle donne" dans ces régions aux prises avec la guerre (active ou larvée). Tout comme la sécurité internationale, la sécurité dans cette région ne suppose-t-elle pas un autre chemin que celui du surarmement ? A suivre et à débattre.... 

Louis Aminot, militant d'Ensemble!

repris du site Rezocitoyen

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