"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
mercredi 24 juin 2015
Notre Dame des Landes : démocratie ou passage en force ?, par Bertrand Vrain
Le jugement attendu le 17 juillet prochain sur les recours aux arrêtés du 20 décembre 2013 relatifs à la Loi sur l’eau et la protection des espèces protégées sera significatif de l’aspect démocratique des procédures officielles mises en œuvre lors des grands projets d’aménagement comme celui de Notre Dame des Landes.
Deux aspects distincts concernent directement des décisions de l’Etat :
- l’opportunité du projet lui-même avec les affirmations concernant les insuffisances et les nuisances du site aéroportuaire actuel de Nantes-Atlantique et les promesses économiques de Notre Dame des Landes (NDL) ;
- les analyses du site de Notre Dame des Landes avec les mesures compensatoires aux dégradations apportées à l’environnement, aux espaces naturels avec sa zone humide à 98 % et à la destruction des espèces protégées.
Opportunité du projet
Sur l’opportunité du projet, un « débat public » a été mené fin 2002, avec de gros dossiers constitués par l’Etat. Puis l’enquête d’utilité publique a été ouverte en 2006 et, suite au rapport de la commission d’enquête, la déclaration d’utilité publique publiée en 2008. Formellement, l’avis favorable du commissaire enquêteur d’avril 2007 était assorti de quatre réserves, avec notamment le souhait d’un seul observatoire chargé d’établir un point zéro environnemental, et de quatre recommandations, comprenant les réalisations du tram-train à l’ouverture de NDL et de la liaison TGV Nantes-Rennes à l’horizon 2025.
Dégradations apportées à l’environnement
De l’eau a coulé sous les ponts et inondé la ZAD pour laquelle une enquête publique au regard de la « Loi sur l’eau » a été menée. A la lecture des conclusions de la commission d’enquête d’octobre 2012, la démarche affichée dans les textes « Eviter, réduire, compenser » ne semble pas en voie de réalisation. Rien n’est évité en termes de destructions, aucune réduction du projet n’est apparue et les compensations proposées sont hors des clous.
Rappelons que la concession de 55 ans accordée à AGO/VINCI fin 2010 comme l’ouverture de l’enquête publique juste avant la date du 1er juin 2012 portant application de la nouvelle loi « engagement National pour l’Environnement », bien plus protectrice de l’environnement et donc plus contraignante, participaient, pour le moins, de ce qu’on ne peut appeler qu’une manipulation démocratique.
Cette nouvelle méthode « expérimentale » de compensation fonctionnelle pour les zones humides détruites, proposée par AGO/VINCI est dérogatoire à la « loi sur l’eau » qui impose une compensation des surfaces à 200 % des zones détruites. Or, dans les conclusions de la Commission d’enquête « Loi sur l’eau », la réserve fondamentale était une impérative caution scientifique de cette méthode exploratoire de compensation fonctionnelle.
Après l’échec du coup de force de l’opération « César » d’octobre 2012 où 1000 gardes mobiles n’ont pas réussi à « vider la ZAD », le gouvernement, avec Jean-Marc Ayrault premier ministre, a mis en place une « commission du dialogue ». Cette commission a nommé un collège d’experts scientifiques. Les conclusions de ce collège, publiées en avril 2013, rejettent clairement la méthode de compensation et son applicabilité au site de NDL.
Quelle démocratie de fonctionnement ?
En dépit des travaux considérables produits aussi bien par des fonctionnaires que par des experts indépendants, un tel fonctionnement montre bien l’opacité démocratique voulue par le pouvoir avec des procédures de consultation et d’enquête publique qui ne sont pas, en droit, opératoires.
Aussi, bien qu’elles aient formulé des objections de fond, ces différentes consultations ne sont pas un obstacle à la publication de décrets actant la poursuite des projets critiqués et à leur mise en œuvre. Le pouvoir de l’Etat apparait ici absolu. En droit, les diverses conclusions ne sont qu’indicatives et, en fait, le pouvoir via ses préfets publie les décrets qu’il veut. C’est explicitement la règle du « cause toujours ! ».
Cette politique du rouleau compresseur ne s’embarrasse pas non plus de cautions démocratiques puisque les contre-expertises sont délibérément ignorées : ainsi les nombreuses études de l’ACIPA/CéDpa, des naturalistes en lutte, d’associations de défense de l’environnement, qui mettent largement en pièces les argumentaires et études de la DGAC, par exemple sur le réaménagement de Nantes Atlantique, ont toujours le silence pour seule réaction.
Démonstration est faite que ces procédures officielles ne sont nullement des exercices démocratiques susceptibles de modifier voir d’inverser des choix du pouvoir. Notre impératif reste de devoir de sans cesse développer le rapport de force.
Ainsi, les investissements citoyens et militants pour réaliser ces contre-études comme les Ateliers Citoyens mis en place pour le réaménagement de l’actuel aéroport de Nantes Atlantique sont en train de constituer non seulement des groupes d’expertises aptes à démonter les argumentaires officiels mais aussi à forger des exemples concrets de pratique autogestionnaire : les consciences et le pouvoir se construisent dès ces moments là.
Les 11 et 12 juillet prochain, une nouvelle fois à Notre Dame des Landes ces démarches et mobilisations vont converger. A la veille du rendu de décisions de Justice pouvant conduire le gouvernement à décider la reprise des travaux, ce désormais traditionnel rendez-vous estival prend une importance encore plus grande.
Notre Dame des Landes est bien devenue terre de résistance pour refuser ce grand projet inutile et imposé mais aussi pour construire une autre société vraiment d’utilité publique.
Bertrand Vrain
Pour en savoir plus :
http://www.notredamedeslandes2015.org/
https://www.acipa-ndl.fr/
http://www.ateliercitoyen.org/
http://aeroportnddl.fr/ (site du CéDpa)
https://naturalistesenlutte.wordpress.com/
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Pendant la deuxième guerre mondiale
RépondreSupprimerLes Allemands utilisèrent le camp d'aviation
Qui plus tard sera nommé Château Bougon.
C'était alors leur base aérienne principale.
En 1970 se posa une question importante:
La Concorde oiselle rapide et tonitruante
Pouvait-elle atterrir si près de Nantes
Sur une piste de longueur insuffisante ?
De leurs intérêts conscients, de bons esprits
Imaginèrent derechef de construire plus grand
Plus loin, un nouvel aéroport comportant
Aussi drugstores, boutiques, épiceries.
Ils jetèrent leur dévolu sur Notre Dame des Landes
Petite commune et drôle de nom pour un aéroport.
Est-ce là, déjà, un signe du report
De ce sinistre projet aux grecques calendes ?
Rebaptisé en 1988, Nantes-Atlantique
L'aéroport reçut en 2011, le trophée ERA Award
Du meilleur aéroport européen, un avatar
Sans doute, accroissant la polémique.
Car depuis l'an 2000, le nombre des mouvements
Générés par cet aéroport, de décroitre n'a cessé,
Par les nuées de touristes à peine compensé,
Faisant douter de l'urgence d'un agrandissement.
Jusqu'en 2010 le gestionnaire de l'aéroport
Etait La chambre d'industrie et de commerce locale.
Depuis 2011, le gestionnaire est une filiale
De la CCI, de ETPO, de Vinci et consorts.
Du coup, comme par miracle, le nombre des gens
Remonte un peu mais reste très inférieur
Aux chiffres de l'an 2000, si prometteurs.
Soyons clairs, en 2012, c'est plutôt l'affalement !
Dans ses statistiques, le nouveau gestionnaire
Voudrait faire croire à une continue croissance
Alors que la tendance vraie est la décroissance,
Inexorable, du trafic aéroportuaire.
Ils étaient dix, ils étaient cent
A rétablir la vérité sur l'obsolescence
D'un trafic aérien en déliquescence
A cause de la crise et du prix du carburant.
Ils étaient cent, ils étaient mille
A protester contre l'Ayrport construction
A vouloir éviter à tout prix la destruction
De la lande au profit des plus mercantiles.
Ils sont tous là jeunes et moins jeunes
Pour préserver ce coin de nature marécageux
Qui scintille et miroite sous le ciel nuageux.
Ils sont ensemble réunis tranquillement qui déjeunent.
Et ce ne sont pas les bulldozers ou les CRS
Qui vont les déloger de cette lande humide.
Ils n'hésitent pas à mouiller leur chemise
Car ils ont la foi et la force de la jeunesse.
Ils sont venus de Nantes, Lille, Toulouse ou Lyon
Et ce ne sont pas quelques décrets scélérats,
Obtenus par le lobby des puissants malfrats
Qui peuvent casser leur profonde détermination.
Ils manifestent dans la lande ou à Paris
Ils disent combien l'Ayrport est hérétique
Qu'il est l'entêtement de néo-libéraux frénétiques
Qui bafouent la volonté du peuple et la vie.
Ils ont le cran, ils ont la force souveraine
Du peuple qui défend son essence de vie, à l'envi,
Qui ose défier les puissants pour sa survie,
Qui sait comment se construire une existence sereine.
Non, il ne faut pas couler encore et encore du béton,
Non, il ne faut pas déplacer des populations,
Non, il ne faut pas dépenser d'inutiles millions
Pour un projet mégalo, obsolète et très con.
Oui, laissons vivre Notre Dame des landes
Oui, laissons pousser la butome à ombrelle
Oui, gardons une nature luxuriante et belle
Comme les sages et les enfants nous le demandent.
Christian Rozé