lundi 15 juin 2015

Un doigt gouvernemental aux frondeurs et aux sans-dents, par Clémentine Autain


Si les "frondeurs" avaient un doute, cette semaine l’aura lessivé : le coup de barre à gauche n’aura pas lieu. Falcon, migrants, droit social : le Congrès du PS passé, Jean-Christophe Cambadélis consacré à sa tête, Hollande et Valls hâtent le pas.

L’accélération commence sans fard dans un avion. Dès le samedi soir, la messe est dite. Alors que la crise institutionnelle et démocratique bat son plein, que la défiance à l’égard des dirigeants politiques atteint des records, le premier ministre s’offre un voyage familial en Falcon. Le vendredi, Manuel Valls s’affichait à dîner avec Papandréou. Le samedi, alors que les militants sont à Poitiers, il s’offre une virée en famille à Berlin aux frais de la République. Et se paie le luxe de mentir, invoquant un impératif de rendez-vous avec Michel Platini ce soir-là. Celui qui demande aux Français de « faire des efforts » s’offre grand train. Ainsi va la "gauche" au gouvernement. On se pince. 


La polémique sur le voyage de Valls aura un tant soit peu marginalisé la nouvelle loi en préparation visant à broyer un peu plus le droit du travail. Le grand plan annoncé pour les PME et TPE n’est qu’une nouvelle allégeance à la logique du Medef. Les représentants de salariés n’y trouveront aucune satisfaction. Le CDD est promis à deux renouvellements et non plus un quand les licenciements seront facilités. Le nouvel arsenal ne produira aucune baisse de la courbe du chômage mais aura, une nouvelle fois, brisé des droits sociaux. Ce sont les inspecteurs du travail qui vont bientôt se retrouver au chômage… Grâce à un gouvernement "de gauche". On s’étrangle. 

Une faute morale, une annonce de casse sociale n’auront pas suffi cette semaine. Pour être complet et cohérent, le gouvernement a procédé à l’expulsion violente de migrants. La Halle Pajol restera dans les mémoires comme le Saint-Bernard du gouvernement Hollande-Valls. Les images et récits qui circulent sur les réseaux sociaux sont édifiants. Est-ce ainsi que la France traite des êtres humains sur son territoire ? Le récit gouvernemental ne frémit pas : « Nous avons agi avec humanité », a-t-on entendu dans la bouche de tant de dirigeants PS. On se révolte. 

Le cœur de la politique du gouvernement, alliant libéralisme et contrôle social, déconnexion avec le monde réel et indécence morale, s’est déployé en quelques jours. C’est la semaine du doigt gouvernemental aux "frondeurs" et aux sans-dents.

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