"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
mardi 1 décembre 2015
Lettre ouverte sur Notre-Dame-des-Landes aux délégués des pays de l'OCDE à la COP21
L’aéroport de Notre Dame des Landes ce n’est pas une affaire d’Etat de droit.
L’aéroport de Notre Dame des Landes, ce n’est pas, d’abord, un débat sur l’écologie.
L’aéroport de Notre Dame des Landes, ce n’est pas l’indignation que suscitent quelques zadistes auprès de quelques bourgeois indignés.
L’aéroport de Notre Dame des Landes c’est l’absurdité d’un éléphant blanc qui viendrait s’ajouter à d’autres aventures politico-administratives, celles de Ciudad Real, fermé au bout de trois ans, celle de Montréal-Mirabel, abandonné au bout de 22 ans et qui a coûté si cher au Québec. C’est l’ignorance de la loi du marché : un aéroport ne crée pas le trafic.
L’aéroport de Notre Dame des Landes, c’est l’entêtement de politiciens, protégés par une administration à leurs ordres, qui se garde de déplaire et de les éclairer de façon objective, tout en se refusant à tout arbitrage indépendant.
L’aéroport de Notre Dame des Landes, c’est le résultat d’une culture du politiquement correct où l’on escamote le vrai débat et où la consanguinité entre mondes politique, administratif et grandes entreprises est stérilisant.
L’aéroport de Notre Dame des Landes, c’est le projet de couler du ciment sur 1200 ha de zones humides pour traiter peut-être le dixième du trafic de Londres Heathrow (7 millions de passagers au lieu de 70), aéroport qui occupe la même surface.
L’aéroport de Notre Dame des Landes, c’est un préfet qui, sur la base des mêmes arguments que ceux utilisés par les opposants à NDDL, a condamné le projet de transfert de l’aéroport de Toulouse où le seuil de piste est à 5 km du Capitole, projet poussé par la Droite, et qui, nommé à Nantes par la Gauche, menace avec un langage martial ces mêmes opposants.
L’aéroport de Notre Dame des Landes, c’est un sénateur de Vendée qui verra tout le tissu de PME du Sud-Loire isolé du nouvel aéroport par la saturation des ponts du périphérique mais qui prépare les élections régionales et qui a besoin de ses alliés nantais. Il vilipende donc, avec ces alliés démagogues, la Gauche pour son indécision et affirme qu’eux, iraient de l’avant.
L’aéroport de Notre Dame des Landes, c’est une basse démagogie. Elle consiste à flatter, sans aucune justification économique, les électeurs qui disent, ignorant tout du sujet : « Pourquoi l’Ouest n’aurait-il pas son grand aéroport ? ».
L’aéroport de Notre Dame des Landes c’est un mensonge sur le prix. Le montant affiché par Vinci dans sa présentation de 2012 est de 450 millions. Mais c’est pour une capacité de 4 millions de passagers, d’ores et déjà atteinte, avec des impasses sur les pistes, les passerelles d’embarquement, etc. Le vrai prix avec redimensionnement du projet, routes, tram-train, nouveau pont sur la Loire, sera de plusieurs milliards.
L’aéroport de Notre Dame des Landes, ce sont des mensonges sur Nantes Atlantique, un aéroport à une piste mais bien moins critique que d’autres au trafic triple ou quadruple (Genève, San Diego, Lisbonne,…), de quatrième catégorie en Europe, et qui peut être optimisé et modernisé, facilement et progressivement, pour 100 ou 200 millions d’euros, dans ses limites actuelles, là où l’administration prétend qu’il faudrait quelque 900 millions avec des extensions foncières totalement injustifiées.
L’aéroport de Notre Dame des Landes, c’est, depuis 15 ans, l’obsolescence programmée de Nantes Atlantique, car il ne faut surtout pas donner l’impression aux Nantais que l’on pourrait améliorer les installations ou les procédures et diminuer le bruit considérablement, en tirant tout le profit de la modernisation rapide des avions qui y décollent ou y atterrissent.
A Londres ou à Paris, le bruit diminue constamment : huit fois moins d’habitants concernés par un niveau de bruit donné, en trente ans, à Londres-Heathrow, d’après les calculs officiels…. britanniques.
Notre Dame des Landes, c’est la honte de relancer un grand projet inutile des années 60 alors que l’on reçoit le monde à Paris pour discuter climat dans le cadre de la COP21 et que l’on attend depuis 40 ans une liaison ferroviaire décente avec Roissy-CDG.
OUI aux grands projets, utiles, favorisant la compétitivité, respectant le contribuable, justifiés par de réels enjeux et de vrais débats.
NON aux entêtements politiques qui n’ont pour objet que de sauver la face ou qui relèvent de calculs bassement démagogiques.
Si ce n’était pas si grave, cela pourrait presque être amusant :
- De voir ce que coûteraient vraiment ces pistes à construire sur des zones argileuses ; de voir une aérogare tape à l’œil et vide, là où Bordeaux ou Marseille ont construit des installations frugales et économiques pour les low-cost qui représentent l’essentiel du trafic en province ;
- de voir tous les passagers du Sud Loire pester pour franchir les ponts dans le sens le plus saturé, matin et soir ; de compter le nombre de jours de brouillards sur ce plateau humide, avec des avions régionaux, low-cost ou charters qu’il est trop cher d’équiper pour l’atterrissage sans visibilité ;
- de constater que les passagers d’Angers, Le Mans, Rennes ou La Roche, que l’on aura taxés pour financer Notre Dame des Landes, iront en TGV à Paris où ils trouveront une offre aérienne dix à vingt fois supérieure.
Dommage pour les oiseaux, dommage pour ces zones du lac de Grandlieu et autres, aujourd’hui naturellement protégées par le plan d’exposition au bruit, qui seront progressivement rognées et souillées par les appétits immobiliers que certains lobbies cachent si mal.
Jacques Bankir ex PDG de Régional, Nantes
Thierry Masson Pilote de ligne - Collectif de pilotes
Jean-Marie Ravier Ingénieur, chef d’entreprise - Nantes
Françoise Verchère Co-présidente du CéDpa (Collectif d’élu-e-s Doutant de la pertinence du projet d’aéroport)
Philippe Trotté Vice président du CéDpa
Dominique Fresneau Co-président de l’ACIPA (Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d’Aéroport)
Anne-Marie Chabod Co-présidente de l’ACIPA
Christian Grisollet Co-président de l’ACIPA
Sylvain Fresneau Président de l’ADECA (Association de Défense des Exploitants Concernés par l’Aéroport)
Copie : Mme Ségolène Royal, Ministre de l’Ecologie ; M. Laurent Fabius, Ministre des affaires étrangères.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire