"Nous ne sommes pas du côté de la loi, mais de celui de la révolte !" Asli Erdogan
lundi 14 décembre 2015
Refonder ou périr, par Clémentine Autain
Les résultats du second tour le confirment : il y a le feu au lac.
La gauche défaite laisse le champ libre à la droite et à l’extrême droite. La France n’est pas sans résistances citoyennes profondes face aux monstres qui reviennent.
A gauche, il ne suffira pas d’un simple rafistolage : c’est d’une refondation majeure dont nous avons besoin. Les politiques néolibérales menées depuis trois décennies ont échoué. Ces recettes de la droite et du PS au pouvoir mènent au chaos. Le chômage, la précarité, les inégalités sont en constante progression. Des vies et des territoires s’en trouvent détruits. La République est malade. Seul un dogmatisme irresponsable peut conduire à poursuivre sur cette voie. Il faut faire autrement.
Pour reconquérir le soutien populaire, rien ne sert de courir après les thèmes et les thèses de la droite dure : il faut au contraire affirmer une toute autre cohérence d’ensemble, au service de l’égalité et des biens communs et non de la finance, de la justice sociale et de la solidarité et non de la division du peuple, avec les étrangers et musulmans pour boucs émissaires.
Quand le gouvernement PS donne des milliards aux grandes entreprises sans contrepartie en matière d’emplois, enfourche la logique guerrière et sécuritaire ou propose d’instaurer la déchéance de nationalité, il ne fait qu’alimenter le vote à droite.
Il n’y a pas un tiers des Français qui sont devenus fascistes, ce n’est pas vrai. En revanche, il y a des millions de Français qui souffrent de décennies de politiques qui se suivent et se ressemblent. Le FN porte en germe la division, le repli, l’autoritarisme : il est dangereux pour la démocratie et le lien social. Mais il ne suffit pas de dénoncer, il faut proposer une issue progressiste. L’audience d’Eric Zemmour ou de la « Manif pour tous » a créé un climat propice au camp de la réaction.
Il nous faut reprendre la rue, occuper le terrain des idées. Ce qui vient de se passer avec la Coalition Climat, la réussite des chaînes humaines en plein contexte d’état d’urgence, indique que la contestation et la créativité restent vivaces dans notre pays. De nombreux foyers d’initiatives et d’effervescences existent partout dans le pays mais ne sont pas raccordées les unes aux autres par un sens commun.
Lasse du chantier de destruction, je crois à celui de la reconstruction. Où sont passés ces millions de Françaises et Françaises qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2012 et pour François Hollande en croyant au discours du Bourget s’en prenant à la finance ? Nous les avons déçus. Nous n’avons pas convaincus.
Il faut prendre la mesure de cet échec et se remettre au travail. Il faut sortir de la fragmentation de celles et ceux qui veulent une gauche digne de nom.
Toutes les forces qui ont déjà depuis plusieurs mois commencé à converger, le Front de Gauche, EE-LV, Nouvelle Donne, les courants de la gauche du PS et tous les mouvements qui se sont constitués tels que le M6R, les Chantiers d’Espoir, le Mouvement Commun, et les regroupements locaux et nationaux de la gauche d’alternative, doivent converger et inventer, ensemble.
Je ne parle pas d’entente au sommet, de nouveau cartel mais d’une dynamique politique capable d’entrainer bien au-delà des appareils existants. Mais ce sont bien les directions des organisations et les personnalités qui peuvent impulser.
L’heure tourne : 2017, c’est déjà demain. Le risque est grand d’une marginalisation de la gauche qui veut la justice, l’égalité, le bien vivre. C’est pourquoi nous devons dépasser les querelles de personnes, les intérêts de boutiques, les frilosités et les préalables en tous genres pour créer un cadre inédit capable de renverser la situation politique.
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