samedi 23 octobre 2010

Quand le PDG d’Ouest France insulte la jeunesse et les salariés en lutte, il ne peut concevoir que « les jeunes remettent le principe de l’espérance dans le bon sens de l’histoire »


Semaine après semaine, samedi après samedi, le DPG de Ouest France*, M. François Régis-Hutin, s’affiche en éditorialiste zélateur de la contre-réforme sarkozyste sur les retraites et en pourfendeur zélé des grévistes et des jeunes qui s’opposent au recul social voulu par l’Union européenne, la droite et le MEDEF.


Extraits : « Et pendant ce temps-là se poursuit la bataille pour enrayer la réforme des retraites, pourtant jugée nécessaire. Défilés, grèves n’ont rien d’illégal. Mais, vu l’état du pays, le blocage économique qu’on déclare vouloir lui imposer est désastreux dans ses conséquences. De plus, voir des lycéens de 15 ans afficher, comme slogan, « Ma retraite à 60 ans » en dit long sur leur mentalité : ignorance, inconscience, vieillis avant l’âge, illusionnés. Quel visage notre jeunesse présente-t-elle au monde ? Quel est son idéal ? Où est son dynamisme … ? » (OF 16/10)



« Le Sénat vient de faire une ouverture en vue de remettre tous les systèmes à plat pour bâtir autre chose. Cette autre chose ne pourra se réaliser que dans la concertation la plus ouverte. Ce ne sera pas facile, car certains systèmes très privilégiés seront défendus avec acharnement par ceux qui en bénéficient »… «Dans la crise actuelle, ce sont souvent ceux dont les retraites ne sont pas mises en cause, ceux qui sont les plus avantagés qui se mettent en flèche, c'est-à-dire en grève bloquante. Cela pose un certain nombre de questions sur la nature de leur action et sur leurs intentions »… « N’oublions pas que l’entrave au travail, à la circulation des personnes et des biens est un délit. Y recourir, c’est attaquer les principes même de la République. Ce n’est donc pas tolérable »…. « Ne parlons pas des lycées, souvent bloqués par des éléments extérieurs aux établissements et cela malgré le désir des élèves d’aller étudier »…. (OF 23/10)


Inutile de résumer cette prose hallucinante de haine… et de mensonges. A la mesure des discours gouvernementaux et de la répression qui s’accroit, le PDG d’Ouest-France pèse de tout le poids de l’audience de son quotidien pour calomnier syndicats et syndicalistes (avec Bernard Thibault, qualifié avec mépris de «grand timonier» par Paul Burel dans le numéro du 16 octobre), tenter de les diviser et discréditer les manifestant-e-s, salarié et jeunes, coupables de vouloir affaiblir le pays et de « favoriser les extrémistes de droite et de gauche ». PPA, Parti de la Presse et de l’Argent, nous y sommes. Ce PPA, qui est aussi celui des grandes chaines de télévision, n’a que mépris pour celles et ceux « qui remettent le principe espérance dans le bon sens de l’histoire », selon la belle formule du philosophe Michel Vakaloulis dans l’Humanité du 23 octobre (L’Humanité qui est le seul quotidien français qui soutient honnêtement la mobilisation sociale).


Laissons-donc la parole à Michel Vakaloulis comme antidote aux écrits de Régis-Hutin : « La participation des jeunes dans la bataille contre la réforme des retraites, leur grande réactivité et leur sensibilité à s’occuper de manière récurrente de certains enjeux politiques s’inscrivent en porte à faux contre l’idée d’une génération dépolitisée, proie de l’individualisme et du consumériste hédoniste. Il est sans doute un encourageant pour les syndicalistes et les salariés mobilisés de voir les lycéens et les étudiants se jeter dans la bataille avec l’enthousiasme et la franchise de leur âge. Les jeunes remettent le principe de l’espérance dans le bon sens de l’histoire. Ils montrent que l’on peut non seulement revendiquer avec dignité l’accomplissement de ses rêves, mais aussi leur conférer du souffle, du courage, de l’élan contre l’ordre conservateur. Last but not least, la popularité des mobilisations juvéniles (celles que Régis-hutin excèdent) se réfracte sur l’ensemble des composantes du mouvement social. Elle fait ressortir l’idée phare que l’on ne peut réformer la société elle-même, ni a fortiori en avançant comme un rouleau compresseur contre la jeune génération. L’engagement des jeunes peut ainsi marquer un tournant dans l’issue du mouvement ».


La grande peur de Régis-Hutin et des maitres qu’il sert ne saurait être mieux expliquée.  Dans le bras de fer social actuel, une chose est sure : le PDG de Ouest France et tout le PPA sont nos pires adversaires.


Que nous ne confondons pas avec nombre des journalistes d’Ouest France qui, jour après jour, essaient de rendre compte au mieux de la mobilisation sociales, y compris en donnant la parole aux salarié-e-s en grève et aux jeunes massivement présents dans les manifestations et actions de blocage.
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Prise de position du syndicat SNJ Ouest France :

"Enrayer le déclin éditorial




Trop, c’est trop ! En ces temps de mouvement social de grande ampleur, nos éditorialistes attitrés s’affranchissent avec constance des principes mêmes sur lesquels le journal fonde sa culture, son image et la confiance de ses lecteurs.


Chaque matin ou presque, pour voler au secours de Sarkozy et de sa politique, la une affiche une ligne idéologique à sens unique. Quand, à Ouest-France, ligne éditoriale et idéologie font bon ménage, le projet de réforme des retraites est présenté comme une évidence qui doit s’imposer à tout esprit sain et raisonnable. Sa contestation prolongée et résolue est d’une irresponsabilité coupable au regard des générations futures. La radicalisation du mouvement social met en péril l’équilibre économique et sape les fondements de notre démocratie. Le gouvernement, droit dans ses bottes, incarne l’ordre et la fermeté. Les opposants, eux, alors qu’ils ont le soutien de la majorité des Français, sont présentés comme divisés et sans projets sérieux.


Que deviennent le pluralisme, la défense de la démocratie, le respect du lecteur qu’Ouest-France brandit, à la première occasion venue comme son étendard ? Les consignes données aux rédactions par la hiérarchie sont sans ambiguïté : il faut restreindre la couverture des manifestations « pour éviter de lasser » le lecteur ; il importe de mettre l’accent sur les perturbations – lycées bloqués, stations services à sec… – et de donner surtout la parole « aux gens dont l’activité commence à être perturbée par le mouvement ».


Sur le terrain, de nombreux journalistes ont été interpellés par des lecteurs choqués et qui se sentent trahis. Dans nos rangs aussi, la colère s’exprime, comme lors de l’AG de la section Ouest-France du SNJ : « Qu’on arrête enfin de nous faire passer des choix idéologiques pour des choix journalistiques…, s’insurge une consoeur. Non, les gens qui sont contre le mouvement social actuel ne créent pas un événement à couvrir au même titre que ceux qui manifestent ! » « Qu’on arrête d’essayer de minimiser l’ampleur de ce mouvement, en nous demandant de donner la parole à tout le monde, s’indigne un autre. Et l’édito de samedi, à qui donne-t-il la parole ? »


Le SNJ n’est pas opposé à l’expression d’opinions affirmées dans les éditoriaux. A condition que les points de vue divergents puissent s’exprimer à la même place. A condition que le traitement de l’actualité reste dans le cadre dont il n’aurait jamais dû sortir : celui d’une information honnête et équilibrée des lecteurs.


C’est pourquoi le SNJ mène un combat pour la reconnaissance, par la loi, de l’indépendance des équipes rédactionnelles, leur permettant de s’opposer collectivement à toute pratique porteuse d’un risque heurtant la conscience professionnelle des journalistes".

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