Pour commencer je voudrais dire un grand bravo à cette lutte, qui dure depuis 40 ans, et à ce rassemblement. Votre travail témoigne d’une grande capacité de mobilisation et d’organisation, votre lutte est très enracinée dans les réalités locales mais possède une vraie portée nationale et globale, avec une critique profonde de la logique du capitalisme et du système de croissance. Votre travail de contre-expertise citoyenne a été très efficace pour démontrer que le projet d’aéroport ne fait pas sens et pour démontrer que des alternatives existent sur le plan technique et économique, comme la réorientation de la piste actuelle de Nantes Atlantique pour diminuer l’exposition au bruit.
Pour nous, Alternatifs, les raisons de s’opposer au projet d’aéroport sont très multiples.
On s’oppose à la destruction de 2000 hectares de bocage, qui renferme des espèces précieuses, et ce pour construire quoi ? Un aéroport, alors que le transport aérien est l’un des modes de transport les plus polluants qui soit, qui ne doit certainement pas croître dans la société soutenable qu’on doit construire, face notamment à la menace climatique et à l’épuisement des hydrocarbures classiques.
On s’oppose à un projet qui menace 100 emplois agricoles, et donc 6 à 700 emplois indirects, et à un modèle social qui repose sur le low cost, l’un des pires témoignages du dumping social au niveau européen.
On s’oppose à un projet qui a reposé sur un simulacre de débat public, dans lequel on n’a jamais questionné le bien-fondé de l’aéroport et où on s’est seulement demandé comment mener sa construction.
On s’oppose à un projet dont la raison d’être économique est plus que questionnable. Quand on sait que l’aéroport de Nantes Atlantique est comparable à celui de San Diego et que celui de San Diego accueille six fois plus de mouvements, on se demande vraiment où est la saturation ! On s’oppose à un projet dont les enquêtes publiques ont déjà coûté très cher au contribuable, et qui repose sur un accord économique bâtard dans lequel le concessionnaire Vinci ne prend aucun risque, et soit gagnera de l’argent, soit ne perdra rien !
Notre lutte est là pour mettre à jour les contradictions de ce projet, pour décaper son vernis écologique et social dans la présentation qu’en font ses promoteurs. Il est flagrant qu’il soit présenté comme un exemple écologique et social !
On nous raconte des histoires quand on repeint en rouge et vert un projet qui est la pure expression du capitalisme et du système de croissance, quand on nous vend des bâtiments basse consommation, avec des panneaux photovoltaïques, et même la vente de paniers bio aux salariés de la plate-forme !
On nous raconte des histoires quand on nous vend un projet qui multipliera par deux les emplois de Nantes Atlantique, alors qu’on le présente comme un transfert !
Face à ces histoires nous voulons être fermes : l’aéroport le plus écologique et le plus social, c’est celui qu’on ne construira pas !
Cette lutte est fondamentale parce qu’elle porte une dimension internationale. Nous avons été très heureux d’accueillir Evguenia, qui a témoigné de sa lutte pour défendre la forêt de Khimki contre un projet d’autoroute mené par Vinci, qui témoigne de la collusion entre une oligarchie politique corrompue et une industrie sans vergogne. Les militants de Khimki sont très courageux, ils subissent des répressions très lourdes et mènent leur lutte au péril de leur intégrité corporelle, ils comptent sur nous !
Cette lutte est fondamentale aussi parce qu’elle porte en elle l’enjeu du projet de société, face à un projet d’aéroport qui repose sur des projections d’essor du transport aérien, alors qu’il est urgent d’entamer une trajectoire de sobriété énergétique !
Nous devons sortir d’un système ignorant des réalités écologiques, organisé autour du culte du progrès à tout crin et de la vitesse, et qui valorise l’explosion des échanges à l’échelle de la planète !
A travers cette lutte, nous voulons porter l’idée de sortir d’un modèle culturel hégémonique. On refuse de cautionner un projet absurde qui ne vise sans doute qu’à flatter l’ego des élus concernés…
Non, le projet n’est pas irréversible comme l’a exprimé le Président du Conseil Général de Loire Atlantique dans Ouest France. Non, l’avion n’est pas « un moyen incontournable de déplacement ».
Il y a une connivence PS-UMP, mais nous sommes très nombreux en face. Les travaux n’ont pas commencé et on est là pour empêcher qu’ils commencent. On a l’appui des luttes passées comme le Larzac pour savoir que c’est possible de gagner. Alors, pour tous nos camarades internationaux qui luttent dans des conditions très dures, on maintient une position forte pour que Vinci dégage !
http://vimeo.com/26385772
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