dimanche 30 décembre 2012

La révolution égyptienne n'est pas terminée !


La victoire de l'alliance des Frères musulmans et des islamistes radicaux salafistes au référendum constitutionnel semble marquer un coup d'arrêt au processus révolutionnaire égyptien. Mais il est possible que ce référendum ait, in fine, un résultat inverse à celui prévu par ses initiateurs : la manière dont la rédaction de la Constitution a été imposée, les conditions de tenue du référendum semblent pouvoir relancer et même élargir le processus révolutionnaire à des couches populaires jusque là peu militantes ; l'importance de l'abstention, bien plus forte que lors de la présidentielle, en témoigne. 

Cette constitution légalise le pouvoir religieux sur la société, les discriminations vis-à-vis des femmes, les menaces contre le syndicalisme indépendant et rend possible de profonds reculs sociaux et humains comme le travail des enfants, le mariage précoce des filles, voire la remise en cause du statut des minorités religieuses (coptes en particulier). 

Par sa victoire référendaire, le pouvoir espère avoir stabilisé la situation sociale et politique pour mieux imposer demain les plans d'ajustement structurel du FMI et s'assurer un succès électoral aux prochaines élections législatives. 


Cette victoire réactionnaire est cependant fragile : elle repose sur de vastes fraudes et une participation populaire très réduite (l'abstention a été de 68%), et le pouvoir a du reconnaître qu'au Caire, l'opposition est majoritaire. La profondeur dans les grands centres urbains de la mobilisation sociale de ces dernières semaines contre le projet constitutionnel de Morsi et plus largement contre ce régime ; l'ancrage de cette mobilisation dans les milieux populaires, chez les femmes et dans la jeunesse, sont bien le signe de la vitalité de la société égyptienne et d'une volonté massive et tenace du refus de la confiscation de la révolution par les courants religieux réactionnaires. 

Au sein même de l'appareil d'État égyptien, le pouvoir actuel est contesté et son assise encore incertaine. Malgré cette tentative de coup d'arrêt, la situation reste instable : non, la révolution égyptienne n'est pas terminée ! 

Les Alternatifs soutiennent pleinement cette révolution qui s'inscrit dans le contexte plus large du processus des révolutions arabes commencé en 2011. Ils seront attentifs aux mobilisations qui ne manqueront pas pour défendre la révolution du 25 janvier et ses acquis sociétaux, et s'opposer à l'application en Égypte du traitement de choc des politiques néo-libérales programmées par le pouvoir et les grandes institutions du capitalisme mondialisé. 

Un autre monde est possible, un autre monde est nécessaire : la tenue du FSM en mars 2013 à Tunis sera le moment d'exprimer ce soutien aux révolutions tunisienne et égyptienne menacées, ainsi qu'à la résistance populaire syrienne à la dictature de Bachar El-Assad. Le rendez-vous altermondialiste de Tunis sera aussi l'occasion de multiplier les échanges et les initiatives à l'échelle du monde arabe et des solidarités internationalistes plus que jamais nécessaires.

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