À l’Assemblée, la réforme ferroviaire passe au travers de la gauche et de la droite
Par |
25 juin 2014
paru sur le site de regards
L’adoption mardi, par
une confortable majorité, de la loi sur la réforme ferroviaire est
éclairante de la situation politique actuelle, en particulier pour ce
qu’elle montre des reclassements en cours au sein des partis : à droite,
à gauche, et entre les deux...
Mardi 24 janvier, la
loi portant sur la réforme ferroviaire a été largement adoptée par
l’Assemblée nationale avec 355 voix pour, 168 contre et 27 abstentions.
Si l’issue du scrutin ne faisait guère de doute, la consultation du vote
nominatif (disponible ici) confirme les évolutions majeures de la recomposition politique actuelle.
Signe du trouble au sein du principal parti de la droite parlementaire, quatre responsables de l’UMP publient dans Valeurs actuelles du 26 Juin un appel pour « sauver la droite ». Rachida Dati, Laurent Wauquiez, deux anciens ministres, Henri Guaino, ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, et Guillaume Peltier, fondateur de la Droite forte et ancien du Front national, n’y vont pas par quatre chemins : ils refusent « une droite centriste » et évoquent « une démission idéologique de l’UMP ». Guillaume Peltier en rajoute et évoque, sans rire, qu’une alliance avec le Modem et l’UDI serait « une fuite en avant vers une sorte de radical-socialisme où nous achèverions de nous renier ».
Avec une telle orientation, le choix d’un hebdomadaire dont la ligne éditoriale est l’une des plus réactionnaires s’imposait. Loin d’être un feu de paille, cet appel est la concrétisation d’un processus de radicalisation de la droite dans tous les pays capitalistes avancés qui se traduit par l’émergence d’un fort courant néoconservateur. Incarné par le Tea Party aux États-Unis, cette orientation politique allie l’ultralibéralisme en économie avec un retour à des valeurs morales réactionnaires et de fortes régressions démocratiques. Le tout recouvert d’un racisme décomplexé, cela va sans dire.
Certes, les sujets de discorde avec le gouvernement sont nombreux et il y aura d’autres occasions pour les socialistes "affligés" ou "frondeurs" de se démarquer dans les jours et les semaines à venir, notamment avec le collectif budgétaire. Mais ce vote met en évidence, une nouvelle fois, les limites de la contestation au sein du Parti socialiste. Le débat sur la réforme ferroviaire intervient dans un contexte bien particulier. Il ne s’est pas simplement déroulé dans le cadre des couloirs feutrés du Palais Bourbon, mais aussi au terme d’une mobilisation des cheminots. Emmenée par les syndicats CGT et Sud Rail qui sont à eux deux majoritaires à la SNCF, une grève reconductible a été menée pendant près de dix jours. La réaction du gouvernement en a laissé plus d’un pantois. La palme revient sans doute à Jean-Marie Le Guen. Citons pêle-mêle : « Une petite minorité qui prend en otage la vie quotidienne de nos concitoyens » ou encore « ils ne sont jamais contents, il n’y en a jamais assez ». En sorte, un gouvernement droit dans ses bottes, l’histoire ne dit pas si Raffarin et Juppé ont demandé des royalties.
Pour ceux qui aspirent à un regroupement des écologistes, d’une partie des socialistes et du Front de gauche, une certaine prudence devrait être de mise. L’ensemble des députés du Front de gauche a voté contre la loi ferroviaire et le terrain des luttes sociales demeure bien un discriminant puissant. Les décantations au sein de la "majorité gouvernementale" ne sont pas achevées et il convient d’être attentif aux évolutions futures. Il n’en demeure pas moins, qu’à cette étape, les conditions ne sont pas réunies pour une convergence politique. La solidarité du groupe parlementaire socialiste n’est pas la fin de l’histoire mais c’est tout de même un très mauvais signal pour toute la gauche de contestation sociale.
Une majorité élargie… à droite
L’UDI, qui avait déjà largement contribué au vote de la confiance à
Manuel Valls, a voté intégralement en faveur du projet gouvernemental :
25 pour et 2 abstentions. Cela devient une habitude. De son côté l’UMP
apparaît largement divisée. Alors que la position du groupe était de
voter contre, 21 députés se sont abstenus et 24 ont voté pour. Parmi
eux, on notera les noms de Nathalie Kosciusko-Morizet et de Frédéric
Lefebvre. La fin d’une polarisation droite-gauche dans les débats
parlementaires est inscrite dans la teneur même de la politique menée
par le gouvernement de Manuel Valls. Sur le fond, la droite modérée n’a
en effet aucune raison de ne pas accorder son soutien à la politique de
l’exécutif : c’est la sienne.Signe du trouble au sein du principal parti de la droite parlementaire, quatre responsables de l’UMP publient dans Valeurs actuelles du 26 Juin un appel pour « sauver la droite ». Rachida Dati, Laurent Wauquiez, deux anciens ministres, Henri Guaino, ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, et Guillaume Peltier, fondateur de la Droite forte et ancien du Front national, n’y vont pas par quatre chemins : ils refusent « une droite centriste » et évoquent « une démission idéologique de l’UMP ». Guillaume Peltier en rajoute et évoque, sans rire, qu’une alliance avec le Modem et l’UDI serait « une fuite en avant vers une sorte de radical-socialisme où nous achèverions de nous renier ».
Avec une telle orientation, le choix d’un hebdomadaire dont la ligne éditoriale est l’une des plus réactionnaires s’imposait. Loin d’être un feu de paille, cet appel est la concrétisation d’un processus de radicalisation de la droite dans tous les pays capitalistes avancés qui se traduit par l’émergence d’un fort courant néoconservateur. Incarné par le Tea Party aux États-Unis, cette orientation politique allie l’ultralibéralisme en économie avec un retour à des valeurs morales réactionnaires et de fortes régressions démocratiques. Le tout recouvert d’un racisme décomplexé, cela va sans dire.
Mais ils sont où, les frondeurs ?
À "gauche", l’ensemble du groupe Radical, comme l’intégralité des
députés EELV ont entériné la réforme ferroviaire. Les écologistes font
bien partie de la majorité parlementaire, Cécile Dufflot a pleinement
raison de le rappeler à chaque intervention médiatique. Côté Parti
socialiste, c’est avec une belle unité que le groupe parlementaire a
approuvé la loi : 272 pour, 4 contre et 2 abstentions. De toute
évidence, pour "l’Appel des 100 députés" proposant un autre budget
rectificatif, ou même pour les 41 frondeurs qui n’ont pas voté le
programme de stabilité, cette réforme n’a pas posé de problème ou n’a
pas été retenue comme un terrain d’affrontement souhaitable avec le
gouvernement.Certes, les sujets de discorde avec le gouvernement sont nombreux et il y aura d’autres occasions pour les socialistes "affligés" ou "frondeurs" de se démarquer dans les jours et les semaines à venir, notamment avec le collectif budgétaire. Mais ce vote met en évidence, une nouvelle fois, les limites de la contestation au sein du Parti socialiste. Le débat sur la réforme ferroviaire intervient dans un contexte bien particulier. Il ne s’est pas simplement déroulé dans le cadre des couloirs feutrés du Palais Bourbon, mais aussi au terme d’une mobilisation des cheminots. Emmenée par les syndicats CGT et Sud Rail qui sont à eux deux majoritaires à la SNCF, une grève reconductible a été menée pendant près de dix jours. La réaction du gouvernement en a laissé plus d’un pantois. La palme revient sans doute à Jean-Marie Le Guen. Citons pêle-mêle : « Une petite minorité qui prend en otage la vie quotidienne de nos concitoyens » ou encore « ils ne sont jamais contents, il n’y en a jamais assez ». En sorte, un gouvernement droit dans ses bottes, l’histoire ne dit pas si Raffarin et Juppé ont demandé des royalties.
Pour ceux qui aspirent à un regroupement des écologistes, d’une partie des socialistes et du Front de gauche, une certaine prudence devrait être de mise. L’ensemble des députés du Front de gauche a voté contre la loi ferroviaire et le terrain des luttes sociales demeure bien un discriminant puissant. Les décantations au sein de la "majorité gouvernementale" ne sont pas achevées et il convient d’être attentif aux évolutions futures. Il n’en demeure pas moins, qu’à cette étape, les conditions ne sont pas réunies pour une convergence politique. La solidarité du groupe parlementaire socialiste n’est pas la fin de l’histoire mais c’est tout de même un très mauvais signal pour toute la gauche de contestation sociale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire