par le Cedetim, le
Collectif Pour une Syrie Libre et Démocratique, EELV, Ensemble !, le NPA
et Solidaires.
Suite à
la dramatique chute d’Alep, une propagande se développe qui vise à faire
croire que la perspective d’une fin de guerre se dessine. Cela grâce au
travail réalisé par la Russie de Poutine, et à un accord avec la
Turquie et l’Iran. Les écrans de plusieurs télévisions françaises se
sont ouverts à Bachar al-Assad pour qu’il se présente comme le vainqueur
de ce long affrontement, donc devant être considéré comme un
interlocuteur acceptable.Militantes et militants de gauche et écologistes, associatifs, syndicalistes, par la présente déclaration nous voudrions dire ce qui, après la chute d’Alep, nous paraît être l’urgence d’une action unitaire, dans la durée, en solidarité avec le peuple syrien.
Après que le peuple syrien se soit soulevé massivement et pacifiquement contre la dictature féroce d’Assad père et fils qui l’opprime depuis plus de quarante ans, ces dernières années ont été marquées par l’effroyable répression qui s’est abattue sur ce peuple. Des années de guerre - comme ce mot résonne tragiquement lorsqu’il évoque des moyens militaires déchaînés dans toute leur puissance contre une population et des forces de résistance sans réelles possibilités de faire face à une telle violence, ni même de s’en protéger ! Des bombardements massifs, notamment aériens, l’utilisation des gaz, des sièges durant des mois, la famine, des villes rasées... Une guerre qui a fait des centaines de milliers de morts, des dizaines de milliers d’emprisonnés et de torturés, des millions de déplacés...
Et cela sans que la Communauté internationale oblige à ce que cela cesse !
Nous avons participé aux initiatives de solidarité qui ont jalonné ces années. Et nous avons tant regretté leur écho bien trop faible, mais aussi l’insuffisante mobilisation.
Nous avons déploré qu’au sein de la gauche, des organisations syndicales, du mouvement démocratique et progressiste, ne résonne pas plus fortement l’exigence de se porter au secours du peuple syrien martyrisé. Plus grave, nous entendions trop de voix qui ajoutaient à la confusion et au désarroi, voire qui apportaient un soutien à peine voilé à Bachar al-Assad, à la politique de la Russie et de l’Iran, qui acquiesçaient aux veto systématiques de la Russie, de la Chine, et d’autres parfois, pour bloquer au Conseil de sécurité de l’ONU toute résolution d’aide, ne serait-ce qu’humanitaire, au peuple syrien.
Que de honte au long de ces années !
Jusqu’à ces dernières semaines de l’année 2016, lorsque Alep est tombée.
Il faut que la tragédie d’Alep éclaire enfin sur ce qui se passe en Syrie, sur les devoirs à l’égard du peuple syrien et de sa révolution. Rappelons-le encore et encore, en 2014 ce sont les différents groupes révolutionnaires qui, seuls, ont infligé une vraie défaite à Daech en le chassant d’Alep. Alors qu’auparavant Bachar al-Assad avait sorti de prison une bonne partie de ceux qui allaient créer ce même Daech en Syrie !
La destruction d’une ville multiséculaire, les souffrances infligées à ses habitants, la contrainte qui leur est faite d’abandonner leur cité et d’aller grossir le flot des réfugiés... C’est cela que le régime syrien et ses alliés appellent la « libération » d’Alep ! Alep débarrassée d’une grande partie de sa population, Alep humiliée, Alep enterrant ses espoirs de liberté dans ses décombres...
Qui peut encore dire « On ne sait pas ce qui se passe » ? « On ne comprend rien à ce qui se joue en Syrie » ?
On sait l’ampleur de la catastrophe.
On comprend ce qui se joue : la détermination d’une clique dictatoriale qui pour sauver son pouvoir massacre le peuple et détruit le pays. Et qui pour cela reçoit l’aide de régimes qui pensent ainsi garantir leurs intérêts dans la région et leur « grandeur » internationale... Avec la complicité active ou tacite des puissances occidentales, qui ont tout brouillé par leurs interventionnismes militaires, ont sacrifié le respect des droits humains à la « lutte contre le terrorisme » et pour la plupart se concentrent sur le rejet sans pitié des réfugiés. Au final, ne considèrent-elles pas la catastrophe actuelle comme le prix inévitable que doit payer un peuple qui a engagé une telle révolution ?
Après Alep, plus que jamais l’heure est à renforcer la mobilisation internationale en solidarité avec le peuple syrien. Cette solidarité n’est pas exclusive et s’inscrit dans l’exigence du droit de chaque peuple à choisir son avenir.
Poutine veut faire croire que la question est réglée. Elaborée avec l’Iran et la Turquie, sa prétendue « solution de paix » se fait sur le dos des peuples, le peuple syrien, mais aussi le peuple kurde.
Son vrai plan est de poursuivre le sale travail contre-révolutionnaire qui n’est pas achevé. Après Alep, c’est Idleb qui est menacé d’écrasement, ainsi que les autres foyers où la résistance survit.
Il faut que toutes les forces (associations, syndicats, organisations politiques) qui se disent de gauche, démocratiques, progressistes, révolutionnaires ou simplement humanistes s’engagent à agir en commun pour empêcher de nouveaux massacres.
Et pour expliquer sans relâche à nos concitoyens que la prétendue solution politique que Poutine se croit en capacité d’imposer n’en est pas une. Accepter que Bachar al-Assad reste au pouvoir, ce serait accepter que tout un peuple puisse être impunément massacré, subisse l’écrasement de ses droits, de ses espoirs, de son avenir... Ce serait accepter que soient bafouées les valeurs de justice, de liberté, de dignité qui font l’humanité.
La lutte pour une Syrie libre et démocratique n’est pas finie.
La solidarité avec cette lutte est plus que jamais nécessaire.
Nous en appelons à toutes les forces qui se revendiquent des valeurs de progrès à surmonter passivité et confusion, pour donner force à cette nécessaire mobilisation. Et cela dans la durée.
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