samedi 13 septembre 2014

De la parole aux actes ?, par Pierre Khalfa


Que penser des remous au PS ? S’agit-il d’un théâtre d’ombres ou de fractures internes porteuses de bouleversements politiques ? La question divise dans le Front de gauche. 

L’analyse couramment admise dans nos milieux, c’est que le PS avait, suite au “tournant de la rigueur” de 1983, basculé dans le social-libéralisme, lequel par temps de crise se transformait en néolibéralisme comme le montraient les exemples grec, portugais ou espagnol. En France, le PS ne pouvait que suivre la même trajectoire et l’existence d’une “gauche” en son sein ne pouvait être qu’anecdotique. 

Cette analyse reste juste quant aux évolutions de fond du PS. Elle a cependant sous-estimé les remous que le passage du social-libéralisme au néolibéralisme allait entraîner en son sein.
La volonté du couple Hollande-Valls d’aller jusqu’au bout de leur orientation, l’échec patent de la politique économique menée et plus encore, l’alignement idéologique sur le Medef sont visiblement en train de provoquer des cassures importantes au PS qui vont bien au-delà de son aile gauche traditionnelle. 

Si, comme ils l’ont déjà annoncé, les “frondeurs”, qui ont créé un courant unifié “Vive la gauche !”, ne votent pas la confiance au gouvernement, il s’agirait d’une première historique dans la Ve République. 

Certes, ces derniers sont divisés, certaines de leurs propositions sont pour le moins discutables. Tout cela peut finir par une révolution de palais avec un simple ripolinage de façade qui ne changerait rien aux orientations fondamentales. 

Mais, outre que le pire n’est jamais sûr, d’ores et déjà les effets politiques de cette rébellion interne se font sentir. Tout d’abord, les contradictions au sein de la majorité gouvernementale se sont encore plus aiguisées. 

Après la sortie du gouvernement d’EELV, c’est maintenant une partie non négligeable du PS qui est dans l’opposition à la politique gouvernementale. La crise politique s’installe dévoilant que les institutions de la Ve République sont à bout de souffle. Mais surtout, cela crédibilise la possibilité d’une alternative à gauche qui était auparavant essentiellement porté par le Front de gauche. Cela montre clairement qu’il y a deux voies à gauche. 

Au-delà du pronostic sur l’avenir, c’est en effet la question des alliances qui nous est posée. Il y a accord dans le FdG pour dire qu’il faut rejeter toute attitude sectaire, celle d’un FdG seul contre tous, mais il y a un débat sur son rôle dans la période et sur les initiatives qu’il devrait prendre et en direction de quelles forces. 

Pierre Khalfa, membre d’Ensemble ! (éditorial de Cerises)

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