jeudi 25 septembre 2014

Libéraux décomplexés... , par Jean-Jacques Boislaroussie


Revenir sur l’accumulation de mesures et propos illustrant l’orientation libérale du duo Hollande-Valls serait fastidieux. La mise en ordre du PS français, dans le sillage des Blair, Schröder, Zapatero, ne fait plus aucun doute. Mais la riposte massive qu’une telle orientation nécessite tarde a se construire. 

Un des facteurs de l’atonie sociale est sans doute la méthode suivie par le pouvoir, en définitive pas si différente de celle pratiquée précédemment par la Droite : une accumulation de mesures qui détricotent les solidarités, remettent en cause la protection sociale, accentuent la précarisation. Un processus plus qu’un affrontement central comme ceux vécus en Grèce, Espagne, Portugal. 

Déception, colère se mêlent donc, mais le niveau de mobilisation reste faible. L’autre donnée majeure est la nouvelle "tripolarisation" du champ électoral, entre droite, PS et Front National. 


Que le seul argument qui reste au pouvoir soit le danger lepéniste n’est pas une surprise. L’interrogation porte davantage sur les moyens de casser la dynamique qui installe l’extrême droite comme point de rencontre des peurs identitaires comme d’une partie des colères sociales. Sans le terreau des mobilisations qui, elles, permettent de dévoiler le projet et le rôle réel du FN, la bataille s’annonce difficile. 

Dans cette conjoncture, les prises de distance avec l’orientation Valls-Hollande au sein du PS et d’EELV ne sont pas à négliger. La crise au sein du PS renvoie pour l’essentiel au sursaut de militantEs et éluEs qui n’entendent pas renoncer à l’héritage social-démocrate face au nouveau cours libéral. Mais, même si le retour au Hollande de 2012 n’est pas notre horizon, ce sursaut permet au moins de contrecarrer quelque peu le rouleau compresseur de la résignation. 

Faiblesse des mobilisations, qui n’exclut pas des poches de résistance et des gisements d’alternatives dans quelques entreprises et territoires, divisions et démoralisation au sein de notre camp social et politique, la perspective est indécise. Faire vivre les débats, construire les propositions alternatives, ne laisser isolée aucune mobilisation : telles sont les priorités de l’heure.

(éditorial de Rouge et Vert, le mensuel des Alternatifs)

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