L’Observatoire nantais des
libertés dans l’état d’urgence communiquait à la veille de la
manifestation du jeudi 28 avril pour dire qu’il y serait présent - comme il l'a
été aux précédentes. II a observé l’exercice des droits et libertés dont le
droit de manifester, dans le contexte particulier de l’état d’urgence où la
police voit ses pouvoirs renforcés.
Préfecture et police ont la double
mission de protéger les personnes et les biens et de faire
respecter les libertés publiques. Le droit de manifester en est une.
Personne ne nie que les
manifestations sur le projet de loi travail voient une toute nouvelle amplitude
des affrontements avec la police et des dégradations.
Dans ce cadre, que faut-il retenir de la manifestation du jeudi 28 avril ?
Dans ce cadre, que faut-il retenir de la manifestation du jeudi 28 avril ?
Le parcours a été annoncé dans la
presse par les organisations syndicales et de jeunesse avec départ et
arrivée esplanade des machines de l’île via CHU, R. Henri IV et Sully,
Quai Ceineray, Cours des Cinquante Otages. L’ensemble qui composera la
manifestation comptant entre dix et quinze mille manifestants est
constitué en tête d’au moins un millier de personnes puis du cortège formé
par les organisateurs.
A plusieurs reprises, on a assisté
à la configuration suivante : gardes-mobiles ou policiers de la Brigade
Anti Criminalité (BAC) présents de façon très ostensible, jets de projectiles
par des manifestants, envois massifs de grenades lacrymogènes et lancers de
grenades de désencerclement par la police, charges parfois et tentatives
d’interpellations. Du mobilier urbain est brisé, des voitures sont abîmées dont
une est incendiée.
Cours Saint-Pierre, la BAC
remonte d’un côté, les manifestants de l’autre : jets de projectiles,
charge de la BAC suivie des gardes-mobiles avec un recours massif aux grenades
lacrymogènes. Les jeunes manifestants éparpillés par les lacrymogènes et
repoussés par les charges de police perdent un temps le parcours de la
manifestation. A la suite, un cordon de police interdit l’accès à la rue Sully
obligeant la manifestation à s’arrêter et les organisateurs à demander le
retrait de ce cordon.
Place du Cirque, la police lance
massivement des grenades lacrymogènes et intervient en coupant le cortège
à plusieurs reprises Cours des Cinquante Otages mettant ainsi en danger des
personnes souhaitant simplement manifester.
De nombreux manifestants ont dit ne
pas comprendre certains mouvements des forces de l’ordre et s’en inquiéter. Les
lycéens organisés ont signalé des propos à caractère insultant de la part de
membres des forces de l'ordre à l'encontre de jeunes.
L’attitude de la police par sa
présence démonstrative, ses charges en présence de manifestants paisibles a
contribué à tendre des situations. Ces situations portent atteinte au droit de
manifester.
L'action de la police ne doit pas
avoir pour effet de dissuader les personnes qui veulent s'exprimer
pacifiquement dans la rue, de participer aux manifestations.
Il convient de noter que les
condamnations en comparution immédiate semblent montrer que beaucoup de
personnes interpellées n’étaient pas à l’initiative des affrontements.
L’Observatoire met en
garde contre les risques que font encourir pour toutes les personnes,
l’escalade de la tension et des violences et l’enchaînement
pression-réaction.
Le
Préfet de Paris appelle les organisateurs « à être plus exigeants et plus
rigoureux dans le service d’ordre ». Pour le Premier ministre, les
manifestations ne sont "ni organisées, ni maîtrisées". Des personnes
à Nantes se sont exprimées dans le même sens. Non, les organisateurs ne
peuvent être rendus responsables de tout ce qui se passe au cours des
manifestations.
Si les organisateurs ont un rôle à
jouer en la matière, l’Observatoire rappelle que la police a une mission
de maintien de l’ordre public. Elle doit accomplir cette mission de service
public de manière proportionnée et adaptée, en tant que force tenue aux
respects des valeurs de la République.
Par ailleurs, l’Observatoire
demande l’interdiction dans les manifestations de l’usage des flash-balls et
lanceurs de balle de défense - comme l’avait d’ailleurs recommandé la
Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité -, susceptibles de blesser
de manière irréversible.
Il rappelle sa fonction de recueil
des faits et témoignages relatifs aux atteintes aux libertés et aux
droits : observatoirelibertesnantes@rezocitoyen.net
L’Observatoire nantais des libertés
dans l’état d’urgence composé d’associations, syndicats et citoyen-nes a été
mis en place le 15 décembre dernier.
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